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Pelé, Cafu, Hulk, Edu, Zizinho, Kaká… Noms et surnoms des footballeurs brésiliens (Partie 3)

Par Chérif Ghemmour
Pelé, Cafu, Hulk, Edu, Zizinho, Kaká… Noms et surnoms des footballeurs brésiliens (Partie 3)

Suite de la saga sur les magnifiques noms de joueurs brésiliens. Aujourd'hui, les dérivés de prénoms (et plus rarement de noms de famille), qui offrent des diminutifs sympas, des contractions originales. Ils peuvent être considérés comme des apelidos, mais pas des apelidos de pure invention (comme Pelé, Kaká ou Hulk) puisqu'ils gardent une racine prénominale.

De Didi à Luisão…

Les dérivés de prénoms n’existent bien sûr pas qu’au Brésil. En Angleterre, par exemple, on raffole des diminutifs comme « Georgie » pour George Best, « Stevie » pour Steven Gerrard, « Scholesy » pour Paul Scholes (plutôt un dérivé du nom de famille), etc. En Espagne aussi : « Xavi » pour Xavier… Au Brésil, les dérivés de prénoms les plus connus sont Didi (Waldyr Pereira, Didi vient de Waldyr), Vavá (Edvaldo Izídio Neto, Vava vient d’Edvaldo), Bebeto (José Roberto Gama de Oliveira, Bebeto vient de Roberto), Cris (pour Cristiano Marques Gomes), Fred (Frederico Chaves Guedes), Hernanes (Anderson Hernanes de Carvalho Viana Lima), Dani Alves (Daniel Alves da Silva), Sonny Anderson (Anderson da Silva, Sonny étant un dérivé de la fin de Anderson). Kaká (Ricardo Izecson dos Santos Leite) aurait pu être un apelido de pure invention, mais il dérive en partie du prénom Ricardo, un mot imprononçable pour son jeune frère qui l’appelait « Kaká » . Et ce surnom lui est resté… Le cas de Jô (João Alves de Assis Silva, actuel attaquant de la Seleção) est très intéressant : Jô est un sobriquet monosyllabique typique de l’évolution patronymique au Brésil. Ces derniers temps, notamment chez les jeunes, on raccourcit les prénoms à leur première syllabe (on dit «  » pour Teresa) ou à leur lettre initiale (on dit juste «  » pour Denise). C’est nouveau, fun et djeun’s ! Ceci dit les apelidos monosyllabiques ont bien sûr toujours existé en Seleção

Bon nombre de footballeurs s’appellent Edu. « Edu » est tout simplement le diminutif du prénom « Eduardo » . On peut citer un Edu célèbre (Jonas Eduardo Américo), attaquant de la Seleção vainqueur du Mundial 1970. «  » est le diminutif du prénom « José » (pendant longtemps le prénom le plus courant au Brésil). On y accole ensuite le deuxième prénom. Quelques Zé célèbres : Zé Roberto (José Roberto da Silva Júnior), Zé Maria (José Maria Rodrigues Alves, champion du monde en 1970) ou Zé Carlos (José Carlos de Almeida). Autre catégorie d’apelido : les noms se finissant en « ão » . Le suffixe « ão » ajouté au prénom (ou à une personne ou à une chose) signifie grand par la taille. Le meilleur exemple : le défenseur international du Benfica, Luisão (Ânderson Luís da Silva). La traduction littérale de Luisão serait donc le « grand Louis » (voire même le « grand Loulou » ). Rappelons que Luisão est une montagne de muscles qui culmine à 1 m 92 ! Idem pour feu Fernandão (Fernando Lúcio da Costa) : le « grand Fernando » , ex-attaquant de l’OM et de la Seleção mesurait 1m 90. Luiz Felipe Scolari (coach de la Seleção actuelle) se fait aussi appeler au pays « Felipão » (le « grand Philippe » , voire aussi le « Grand Phil » ). Sa grande taille et son jeu rugueux d’ancien défenseur lui avaient valu ce sobriquet plutôt intimidant…

Les « petits Ronaldo » …

Si le suffixe « ão » désigne un individu de grande taille, le suffixe « inho » accolé au prénom veut dire « petit » , que ce soit par la taille ou par l’âge. Les apelidos en « inho » demeurent encore très usités, comme le démontre la Seleção actuelle avec Paulinho (José Paulo Bezerra Maciel Júnior, le « petit Paul » ) et Fernandinho (Fernando Luiz Roza, le « petit Fernando » ). Autres joueurs célèbres : Jairzinho (Jair Ventura Filho, le « petit Jair » ), Cicinho (Alex Sandro Mendonça Dos Santos, le « petit Sandro » ), Robinho (Robson de Souza, le « petit Robson » , 1 m 72), Zizinho (Thomaz Soares da Silva)… Deux cas très intéressants illustrent les trouvailles très inventives des Brésiliens dans l’art d’affubler leurs joueurs de sobriquets « évolutifs » : Juninho et Ronaldinho ! L’ancien Lyonnais Juninho (Antônio Augusto Ribeiro Reis Jr.) tire son nom de la contraction de Junior (Jr) + inho, soit le « petit Junior » / le « jeune Junior » , tout simplement parce que son père s’appelait Antônio Augusto Ribeiro Reis Sr. (Sr pour senior). Juninho s’est appelé ainsi jusqu’en 2000 où il jouait au Vasco de Gama. Cette année-là, le club avait signé un certain Osvaldo Giroldo Junior, dit « Juninho » … Du coup, pour se différencier, notre Juninho de l’OL s’est fait appeler Juninho Pernambucano (du nom de l’État du Pernambuc où il est né), tandis que l’autre Juninho prit la dénomination de Juninho Paulista (vu qu’il était natif de São Paulo). Au Brésil, l’origine géographique compose souvent les noms des personnes, tels les footballeurs Junior Baiano (natif de l’État de Bahia, soit « Junior le Bahianais » ) ou Marcelinho Carioca (soit le « p’tit Marcel de Rio » !)

Arrive le gros morceau : Ronaldinho. En général, on fait évidemment allusion au génial fêtard du PSG, de Barça et du Milan : Ronaldinho (Ronaldo de Assis Moreira, soit le « petit Ronaldo » ). Sauf que l’histoire est plus complexe… Au Mondial 1994, un jeune Ronaldo de 18 ans (Ronaldo Luís Nazário de Lima, le futur Fenômeno) débarque en Seleção. Problème : il y a déjà un autre Ronaldo dans l’équipe (Ronaldo Rodrigues de Jesus, défenseur du São Paulo FC) ! Du coup, le jeune Ronaldo se fit appeler logiquement Ronaldinho (le petit Ronaldo) et l’autre Ronaldo devint Ronaldão (le « grand Ronaldo » , avec le suffixe « ão » pour affirmer son aînesse). Quand Ronaldão quitta la Seleção en 1995, Ronaldinho (le futur Fenômeno) reprit le nom de Ronaldo. Avec l’émergence d’un autre Ronaldo (Ronaldo de Assis Moreira) qui arriva en Seleção en 1999, tout se mit en place à nouveau : c’est ce dernier qui se fit appeler Ronaldinho. Mais comme la confusion existait encore un peu entre les deux Ronaldinho (de Lima, l’ancien, et de Assis, le nouveau), le Ronaldo du Grêmio se rebaptisa « Ronaldinho gaúcho » (en référence aux Brésiliens du Sud du pays appelés « gaúchos » , comme l’est Ronaldinho, natif de Porto Alegre). Pendant un moment, il s’appelait également Ronaldinho Assis. Et comme le Brésil adore les sobriquets à foison, il se fit aussi surnommer « Ronnie » ! Enfin, pour clore le chapitre des surnoms en « inho » , on peut évoquer les variantes en « inhos » . Comme le jeune Marquinhos du PSG (Marcos Aoás Corrêa, le « petit Marcos » ). Ici, on a rajouté un « s » à inho en référence à la terminaison en « s » de Marcos. Autre variante marrante : les surnoms en « inha » , plutôt féminins. Comme Rafinha, le joueur du Bayern Munich (Márcio Rafael Ferreira de Souza, soit le « petit Rafa » ). Mais, bon ! Ces surnoms « hermaphrodites » sont rares…

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