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Pejčinović : « Il y aura beaucoup d’émotion pour moi »

Propos recueillis par Alexis Billebault
6 minutes
Pejčinović : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il y aura beaucoup d’émotion pour moi<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le hasard fait bien les choses, même s’il avoue « qu’il aurait préféré éviter Nice lors du tirage au sort. » Nemanja Pejčinović (30 ans), qui a joué pour l’OGCN de 2010 à 2014, est un des tauliers du Lokomotiv Moscou. Il va revenir le temps d’un match de Coupe d’Europe dans une ville qu’il apprécie, et où il a laissé un très bon souvenir. Les supporters des Aiglons appréciaient la mentalité du défenseur international serbe. Mardi, dans un très bon français, « Nema » est revenu sur ses quatre saisons sur la Côte d’Azur, sur sa vie moscovite et sur la Coupe du monde, qu’il rêve de disputer...

Pour quelqu’un qui a quitté la France depuis trois ans et demi, vous vous débrouillez relativement bien dans notre langue…Merci. J’ai régulièrement eu l’occasion de parler français avec des joueurs qui sont passés par le Lokomotiv Moscou : Ndinga, Boussoufa, Niasse, Ndoye, et aujourd’hui Eder, qui parle aussi français. Quand je suis arrivé à Nice, en 2010, je ne parlais pas votre langue. Je me débrouillais en anglais. J’ai appris le français assez rapidement, et je suis content de pouvoir m’en servir encore.

Retrouver Nice, cela doit vous faire quelque chose ?Bien sûr. Même si j’aurais préféré éviter l’OGCN lors du tirage au sort. Mais c’est comme ça. J’ai passé quatre très belles années là-bas. Nice, c’est une belle ville. Il y a le soleil, la mer. Les gens, aussi, très accueillants.

Vous étiez plutôt apprécié des supporters, d’ailleurs…Oui, il me semble. On verra jeudi s’ils me sifflent ou non. C’était un public assez chaud. Cela me rappelait un peu les supporters serbes. Il y avait de l’ambiance au stade du Ray. Je me souviens aussi qu’avec des supporters de certaines équipes, il y avait parfois des bagarres… Les Niçois aiment vraiment leur club. Moi, je garde vraiment un très bon souvenir d’eux. Je sais qu’il y aura beaucoup d’émotion pour moi.

Avez-vous encore des contacts à l’OGCN ?Oui, avec certaines personnes du club. Car au niveau de l’effectif, ça a beaucoup changé depuis que je suis parti. Mais on connaît très bien l’équipe que nous allons affronter, avec Mario Balotelli, Dante et d’autres…

On s’entendait vraiment bien avec Renato. Nous étions deux défenseurs physiques. Quand il est parti, un an avant moi, j’étais content pour lui, mais ça m’avait fait quelque chose.

Vous souvenez-vous dans quelles circonstances Nice vous avait recruté, en 2010 ?Le club me suivait depuis un certain temps, quand j’étais avec les moins de 21 ans de mon pays. J’étais au Hertha Berlin, et je ne jouais pas beaucoup. Mais Eric Roy, qui était l’entraîneur de Nice, voulait vraiment me faire venir. C’était vraiment le bon choix pour moi. Je savais aussi que beaucoup de joueurs de l’ex-Yougoslavie avaient joué en France et à Nice. Quand je suis arrivé à Nice, je me suis vite senti bien. J’étais à l’aise, je me suis très bien adapté.

À Nice, pendant trois saisons, vous avez formé avec l’Argentin Renato Civelli une des défenses centrales les plus redoutées de Ligue 1…C’est vrai qu’on s’entendait vraiment bien tous les deux. Nous étions deux défenseurs physiques. Quand il est parti, un an avant moi (à Bursaspor, en Turquie, ndlr), j’étais content pour lui, mais ça m’avait fait quelque chose. On venait de faire une très belle saison, en finissant à la quatrième place. Il y avait une belle équipe, avec Bauthéac, Cvitanich et d’autres. Ça avait été plus compliqué ensuite. L’équipe avait été éliminée en Ligue Europa dès le premier tour par l’Apollon Limassol (0-2, 1-0), on avait terminé à la dix-septième place.

C’est un regret de ne jamais avoir gagné de trophée avec le Gym ?Oui, bien sûr. On a atteint les demi-finales de la Coupe de France en 2011 (0-2, contre Lille, ndlr), et de la Coupe de la Ligue en 2012 (1-2 à Marseille, ndlr). En championnat, ça a parfois été difficile pour se maintenir. On a terminé deux fois à la dix-septième place (2011 et 2014, ndlr), et treizième en 2012. Mais Nice n’avait pas les moyens de maintenant. Ce qui fait la différence, dans le foot, c’est le budget. Aujourd’hui, le club peut donner de très gros salaires à certains joueurs. Peut-être qu’après la quatrième place obtenue en 2013, le club aurait dû faire plus d’investissements, avoir plus d’ambition, pour essayer de confirmer, en prenant des joueurs.

Pourquoi êtes-vous parti en 2014 ?J’étais en fin de contrat. On m’avait fait une proposition, mais ça ne me convenait pas.

J’ai l’ambition de jouer cette Coupe du monde, dans un pays que je connais bien. Le problème, c’est que je n’ai pas été appelé une seule fois pour les matchs de qualification. Et je n’ai pas trop compris pourquoi.

Financièrement, c’est sûrement plus intéressant en Russie ?C’est vrai. J’ai aussi la chance de jouer dans un très bon club, avec de bonnes structures. Et puis, j’ai gagné des trophées : deux fois la Coupe de Russie (2015 et 2017, ndlr). Cette année, on est en tête du championnat, avec huit points d’avance sur le Zénith Saint-Pétersbourg , à dix journées de la fin.

Quelles sont les principales différences entre la L1 française et la Premier League russe ?Il y a plus d’intensité en France, plus de rythme. On joue mieux. Ici, l’essentiel, c’est le résultat, que tu joues bien ou pas. Le style importe moins. Le niveau est supérieur en France, c’est évident. Mais en Russie, ça s’améliore vraiment. C’est un bon championnat, qui n’est pas encore assez médiatisé chez vous.

Vous serez en fin de contrat le 30 juin prochain…On négocie actuellement. Rester ? Il faut voir. Le Lokomotiv va sûrement jouer la Ligue des champions. J’apprécie la vie ici. Moscou est une très belle ville. Je m’y sens bien. Au niveau de la langue, c’est presque similaire avec le serbe, donc je n’avais eu aucune difficulté à m’adapter. En fait, les deux problèmes, c’est qu’il y a beaucoup moins de soleil qu’à Nice. Et je n’ai pas la mer. Et il y a les bouchons. Ici, c’est incroyable !

La Coupe du monde aura lieu en Russie. La Serbie est qualifiée. Vous voyez où on veut en venir…Bien sûr. J’ai l’ambition de jouer cette Coupe du monde, dans un pays que je connais bien. Le problème, c’est que je n’ai pas été appelé une seule fois pour les matchs de qualification. Et je n’ai pas trop compris pourquoi. Je joue beaucoup avec mon club, on fait une bonne saison, avec le championnat, la Ligue Europa… Il y a eu un changement de sélectionneur il y a quelques mois (Mladen Krstajić a succédé à Slavoljub Muslin, ndlr). Peut-être que cela changera quelque chose pour moi.

Terminerez-vous votre carrière en Serbie ?Je ne sais pas… C’est compliqué. Il y a des joueurs serbes qui décident de terminer leur carrière au pays, mais ils ne sont pas respectés. Aujourd’hui, je ne suis vraiment pas sûr d’aller y jouer à nouveau…

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