- Euro 2012
- Demi-finales
- Espagne-Portugal
Pedro, le 12e homme ?
Jusqu’à présent, l’Espagne était composée de dix joueurs indiscutables, plus un poste partagé par deux joueurs : Fàbregas et Torres. La montée en puissance de Pedro, très bon contre la France, pourrait installer davantage de concurrence dans le secteur offensif espagnol, en quête d’explosivité.
Pas une minute de jeu. Pour son premier Euro, Pedro a passé la phase de poules sagement assis sur son banc. Depuis le début de la compétition, Del Bosque n’a installé la concurrence qu’à un seul poste dans son groupe, celui de numéro 9, que partagent Fàbregas et Torres. Le seul autre joueur à avoir vraiment goûté aux pelouses polonaises, c’est Jesús Navas, avec une demi-heure de jeu contre l’Italie et une autre face à la Croatie. Pour le reste, Negredo et Cazorla se sont partagés quelques miettes, et Javi Martínez a permis à Xabi Alonso de se reposer un peu contre l’Irlande. Le sélectionneur espagnol a le banc le plus riche de la compétition, mais il s’en sert très peu. Il ne souhaite pas toucher à son dispositif, ni aux joueurs qui le mettent en place.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas conscient de la difficulté qu’éprouve sa Roja à déstabiliser les défenses adverses depuis le début du tournoi, exceptée celle des fébriles Irlandais. Villa lui manque. Le Torres ancien aussi. Alors, il s’adapte, Fàbregas en 9, un onze sans attaquant, qui ennuie ses (exigeants) supporters, mais qui gagne, pour l’instant. Cette Espagne est l’équipe la plus solide des quatre demi-finalistes, la plus compacte, la plus technique. Mais peut-être bien la plus prévisible. Contre la France, un joueur a apporté de l’alternance dans le jeu espagnol avec (enfin) plus de profondeur et un danger constant. Pas Torres donc, mais Pedro, pour ses trente premières minutes dans un championnat d’Europe.
L’Espagne penche à gauche
Joueur précoce, titulaire dans l’une des meilleures équipes du monde à 22 ans, champion du monde à 23, Pedrito vient de vivre sa première saison galère au plus haut niveau, entre blessures et concurrence des nouveaux petits jeunes de la Masia. 20 titularisations en Liga, 5 buts, c’est maigrelet. Mais tel un grand joueur qu’il est déjà, Pedro a terminé sa saison en boulet de canon (4 buts en 5 matchs) et sauvé sa place en sélection, où il a longtemps squatté le onze de départ depuis la demi-finale du dernier Mondial, face à l’Allemagne.
Auteur, à l’inverse du Barcelonais, d’une excellente saison avec Manchester City, David Silva a récupéré la place dans le couloir droit de la Roja. Buteur contre l’Irlande, il réalise pour l’instant un Euro correct, sans plus. Le jeu de l’Espagne penche clairement à gauche, avec le duo Jordi Alba-Iniesta qui effraie tant Laurent Blanc. Hormis contre l’Irlande, le Citizen est le seul joueur que Del Bosque a systématiquement remplacé, peu après l’heure de jeu. Face aux Bleus, le sélectionneur moustachu, épaté par les performances de la plus belle coupe en brosse du groupe à l’entraînement, a cette fois préféré Pedro à Jesús Navas. Bien lui en a pris.
Un profil différent
« C’est un gamin extraordinaire, qui reflète parfaitement ce qu’est ce groupe. Même si parfois il tire un peu la gueule parce qu’il ne joue pas beaucoup, il répond comme il faut lors des entraînements. Ce Pedro s’entraîne merveilleusement bien ! » , assurait Del Bosque à la presse espagnole peu avant le quart de finale. La belle entrée du petit Pedro est une bonne nouvelle pour lui, mais aussi pour toute l’équipe. Motivé et frais comme un gardon, il devrait remettre de la concurrence dans un groupe qui, malgré un banc bien garni, en manquait cruellement. Son profil, vif et percutant, est différent de celui des actuels titulaires.
Silva va devoir se montrer davantage pour rester dans le onze, Fàbregas et Torres pourraient aussi se faire griller (Silva peut aussi jouer en 9) si Pedro récupère le flanc droit, et même Xavi, selon l’évolution du match, n’est pas complètement à l’abri. Le système ne bougera pas, les joueurs, peut-être. En 2010, Del Bosque avait commencé avec Silva, puis tenté Torres, avant de finir avec Pedro. Pour s’offrir (déjà) le seul titre majeur qui lui manque, en étant plus qu’un simple observateur, le gamin de Tenerife rêve d’un scénario identique. Encore un petit effort à l’entraînement, et Del Bosque pourrait ressortir son joker préféré.
Par Léo Ruiz