- Coupe de France
- 32e
- Nancy-Lyon
Pedretti, l’appel du banc
Empêtrée à la 16e place de la Ligue 2, l'ASNL reçoit Lyon en Coupe de France sur son terrain ce samedi. Un match particulier pour Benoît Pedretti, passé par l'OL pendant la saison 2005-2006. Plus aussi fringant que par le passé, le milieu de 37 piges compense sa perte d'influence sur le pré en s'imposant comme le relais prioritaire du technicien nancéien, Vincent Hognon. Tout en préparant soigneusement sa fin de carrière, alors que l'ancien Sochalien songe à devenir lui-même entraîneur dans les années à venir.
En apparence, la saison actuelle de Benoît Pedretti peut être condensée en 232 minutes de jeu. Soit le temps qu’il a passé sur le pré lors de l’exercice en cours. La faute à une blessure au genou, qui l’a éloigné des terrains jusqu’à début novembre. Mais aussi aux 37 printemps de l’ancien Marseillais, qui limitent inévitablement son champ d’action. Qu’importe : du côté de Nancy, Pedretti est devenu bien plus qu’un simple homme de terrain.
Grande gueule lorraine
En Lorraine, le milieu relayeur a su gagner un poids légitime, après avoir largement participé à faire monter l’ASNL en Ligue 1 en 2015-2016, avant que les Nancéiens ne redescendent à l’échelon inférieur la saison suivante. Notamment à cause d’une seconde partie de saison catastrophique. De quoi inciter Pedretti à tirer la sonnette d’alarme dès cet été, alors qu’il vient de s’engager à poursuivre une saison supplémentaire avec le club lorrain : « La saison dernière, il n’y avait plus assez de travail à l’entraînement, il y avait des retards, beaucoup de choses qui ne m’ont pas plu…. Vers la fin, j’étais blessé et je voyais une équipe triste sur le terrain. Il fallait retrouver de la rigueur, de l’humilité… Cette saison de Ligue 2, ça va être très dur. L’effectif a été pas mal renouvelé et on est en retard sur le recrutement… »
Des craintes qui s’avèrent parfaitement fondées : fin août, Pablo Correa, qui dirige le groupe depuis 2013, est remercié alors que ses poulains n’ont pas remporté un seul match après cinq journées. Et si Pedretti est alors confiné à l’infirmerie, il ne se prive pas de dire tout haut ce que certains au club pensent tout bas, assumant un rôle de grande gueule mobilisatrice qui lui sied naturellement. « La montée, on ne doit même pas y penser… Il ne faut pas avoir peur de dire la vérité, il ne faut pas mentir aux gens : c’est une saison de transition. L’objectif doit être de se maintenir en faisant aussi progresser les jeunes pour pouvoir prétendre à la remontée la saison prochaine ou dans deux ans. » Les jeunes justement, constituent l’un des chevaux de bataille de l’entraîneur lorrain, Vincent Hognon, dont le vestiaire est partagé entre des cadres en fin de parcours (Hadji, Chrétien, Yahia et Pedretti ont tous entre 33 et 37 ans) et des jeunes loups encore en pleine phase d’apprentissage : « Il ne faut pas oublier que certains jouaient le maintien avec la CFA 2 la saison dernière… Le chantier est colossal… »
« On a besoin que ces jeunes prennent le relais »
Ce qui tombe plutôt bien, puisque Pedretti semble vouloir placer la fin de sa carrière de joueur sous le signe de la transmission. Quitte à passer moins de temps sur le pré : « Je sais que je n’aurai pas le même temps de jeu qu’il y a quelques années, mais je suis là pour aider les jeunes à progresser, pour entourer le groupe. » Ou encore à piquer l’ego des jeunes talents lorrains, qu’il aimerait voir chiper la place des anciens sur le terrain, alors que Youssouf Hadji, du haut de ses 37 ans, est encore le meilleur buteur du club cette saison : « Tu ne peux pas donner toutes les responsabilités de l’équipe à des joueurs de 18-19 ans… Il faut encore leur apprendre le métier : s’étirer, aller en muscu, ce n’est pas encore naturel pour eux, il faut que ça le devienne… On a besoin que ces jeunes prennent le relais, ce n’est pas normal qu’on ait autant besoin de Youssouf Hadji ou de moi, à notre âge ! »
Entraîneur en devenir
Pendant sa convalescence prolongée du début de saison, Pedretti a aussi pu travailler de pair avec Vincent Hognon sur l’analyse tactique des matchs de l’ASNL. « Pendant ce temps-là, j’ai proposé à Vincent de lui filer un coup de main pour analyser des matchs et le jeu des adversaires. Il a accepté. Je lui ai donné mon ressenti tactique, on a échangé et ça s’est très bien passé. Ça m’a conforté dans mon idée de reconversion. » Car l’implication grandissante de l’ex-Auxerrois dans la vie de groupe reflète aussi ses ambitions futures, alors que le nom de Pedretti avait même circulé pour remplacer Pablo Correa à la suite du licenciement de l’Uruguayen.
Tentant, mais encore trop tôt au goût du principal intéressé : « Avec un peu de recul, je pense que ce n’était pas le moment pour moi… Je ne voudrais pas brûler les étapes, j’aimerais avancer progressivement dans le métier d’entraîneur, en commençant par passer les diplômes. L’idéal pour moi serait de terminer ma carrière sur une bonne note, avant d’intégrer le staff dans un rôle à définir. » En attendant, Pedretti renouera l’espace d’une soirée avec son passé, en foulant peut-être le pré quelques minutes face à l’OL ce samedi. Même si, quoi qu’il arrive, l’ancien Sochalien est plutôt du genre à regarder devant lui. Et vers le banc de touche, où il se verrait sans doute bien hurler des consignes à ses coéquipiers nancéiens, dans un futur pas si lointain.
Par Adrien Candau
Propos de Benoît Pedretti issus de L'Est républicain.