- Pays-Bas – Coupe KNVB
PEC Zwolle, le petit club qui monte, qui monte…
Vainqueur surprise du grand Ajax lors de la précédente finale de la Coupe des Pays-Bas, le petit PEC Zwolle défend son titre ce dimanche face à Groningue. Gagner une première fois relevait de l'exploit et de la sympathique anomalie. Confirmer un an après serait déjà plus un gage de sérieux et de crédibilité. Alors, il va vraiment falloir compter désormais sur ce club au nom rigolo au pays des Oranje ?
Pas sûr qu’il y ait en ce moment, dans le monde, des supporters de foot plus heureux que ceux du PEC Zwolle. Il faut se mettre à leur place : eux qui n’ont jamais vu leur club gagner, briller ou se distinguer d’une quelconque manière assistent soudain à des succès en série et même à des trophées gagnés, les premiers après plus de cent ans d’anonymat. De la création du PEC Zwolle en 1910 à l’année 2012, il n’y a rien à raconter ou presque. Les meilleurs souvenirs de cette très longue période ? Deux finales de Coupe perdues en 1928, puis 1977, une promotion historique en Eredivisie en 1978, quelques saisons passées en élite depuis, toujours dans la deuxième moitié de tableau à se battre pour le maintien.
Les mauvais souvenirs ? Rien de moins que la banqueroute du club en 1990. À l’époque, le PEC Zwolle originel, celui créé en 1910, disparaît même purement et simplement et c’est une autre entité, baptisée FC Zwolle, qui prend la relève avec l’objectif de remonter une structure pro de football dans cette ville située à 80 km au nord-ouest d’Amsterdam, avec une meilleure gestion financière pour éviter toute nouvelle frayeur extra-sportive. Les années 90 sont celles du renouveau, les nouveaux dirigeants devant faire confiance aux jeunes du club, dont certains en profitent pour se distinguer, notamment une espèce de Golgoth en défense nommé Jaap Stam… En 2002, le FC Zwolle, comme il s’appelle alors, remonte une première fois en D1, mais n’y reste que deux ans, avant de repartir à l’étage en dessous pour y rester huit longues saisons. Jusqu’à cette nouvelle promotion, la dernière en date, survenue en 2012.
L’Ajax planté deux fois en trois mois
Une année sacrément importante, 2012. Dès lors que la promotion en Eredivisie est actée, les dirigeants en profitent pour annoncer que le club reprend son nom d’avant, repassant du FC Zwolle au PEC Zwolle (mais en gardant le bleu et blanc pour couleurs sans revenir à celles d’avant 1990, le rayé vert et blanc). La saison 2012/2013 du promu est difficile, l’équipe se trouvant dès le départ à lutter pour son maintien, lequel est finalement acquis dans les dernières journées, jusqu’à obtenir une honorable onzième place finale au classement. Le début de la saison suivante est un rêve : quatre victoires pour commencer et une place de leader occupée pendant tout de même trois journées de suite, devant Ajax, Feyenoord, PSV et compagnie.
Une fois l’été passé, le PEC Zwolle rentre dans le rang et terminera la saison à une nouvelle onzième place, avec surtout une improbable victoire 5-1 en finale de Coupe KNVB – la Coupe des Pays-Bas – face au grand Ajax. Une folie suivie d’une autre : la confirmation un peu plus de trois mois après avec une nouvelle victoire – 1-0 cette fois – face au même adversaire, ce coup-ci pour le compte de la Supercoupe des Pays-Bas. De quoi lancer la bonne saison actuelle, la troisième consécutive parmi les grands, saison passée en permanence dans le premier tiers sans jamais craindre pour le maintien.
Une finale inédite sans les trois gros
Pour résumer, le PEC Zwolle, c’est plus de cent ans de tristesse, puis trois ans d’allégresse et les deux premiers trophées glanés la même année à quelques mois d’intervalle. Et aujourd’hui, peut-être, un troisième. Pour cette nouvelle finale de Coupe nationale, les petits du PEC sont même cette fois les favoris face à un club sans aucun palmarès : Groningue, toujours pas mal placé, jamais vainqueur de rien. C’est d’ailleurs la première fois depuis six ans que l’on va assister à une finale sans l’Ajax, ni le Feyenoord, ni le PSV. Cette confrontation inédite est donc une très belle opportunité pour le PEC de confirmer qu’il faudra désormais bel et bien compter avec lui, rejoignant le club des « seconds couteaux » du football néerlandais, derrière les trois gros susnommés, un club qui compte comme membres Twente, l’AZ, le Vitesse et Heerenveen. Depuis la remontée en élite, le public répond présent dans le modeste mais chaleureux IJsseldelta Stadion (12 000 places, inauguré en 2009, toujours plein ou presque). Et ça joue plutôt bien au football grâce au travail de l’entraîneur réputé Ron Jans.
La tactique mise en place est un classique 4-3-3 « à la oranje » , pour une équipe volontiers offensive (55 buts cette saison en championnat, autant que Feyenoord) et imprévisible, capable de gagner 4-0 un match et de perdre 0-4 le suivant trois jours plus tard en février dernier. Une équipe sans star – un seul nom un peu connu, l’international tchèque Tomáš Necid – qui pourrait, en cas de succès aujourd’hui, retrouver en plus l’Europe, un an après une malheureuse première expérience (élimination d’entrée face au Sparta Prague dans le tour préliminaire de la Ligue Europa). Bref, rentrez-vous bien ce drôle de nom de club en tête, car ce PEC Zwolle semble bien parti pour continuer à squatter l’actu.
Par Régis Delanoë