- Ligue des champions – Groupe D – J5 – Arsenal/Borussia Dortmund
PEA 2015
Pour sa deuxième saison à Dortmund, Pierre-Emerick Aubameyang se présente dans une version plus aboutie, plus adaptée au « gegenpressing » et plus facile à prendre en main. Et si on tenait un hit capable de détrôner la concurrence ?
Dans le BVB de Jürgen Klopp, il y a une règle presque absolue : un joueur ne réussit pas sa première saison, a souvent l’air perdu et devient très fort la suivante, même s’il semblait quelconque à l’origine. Il faut d’abord s’adapter à l’intensité demandée par le « gegenpressing » . Comme l’avait dit Sebastian Kehl, bientôt 35 ans, après le premier match de Kagawa, pourtant ancien de la maison, mais sorti avec des crampes à l’heure du jeu : « Il lui faudra du temps avant de recommencer à courir comme nous. » Il faut aussi bien comprendre le système offensif, l’idée d’être en trois passes en position de frappe, de dévorer l’espace, de chercher le champ libre. Une certaine idée de l’abordage. Pour ne pas jeter les nouveaux trop tendres dans l’arène du Westfalenstadion, Klopp, grand adepte du changement à la 70e, régule leur temps de jeu, leur laissant le temps d’apprendre. Exemples flagrants de ces réussites à an+1 : Gündoğan, baladé de poste en poste à Mayence sans grand résultat avant de devenir un superbe 8, ou Lewandowski, ancien inconnu du championnat polonais, doublure maladroite de Barrios, maintenant 9 incontesté du Bayern. Et puis il y a Pierre-Emerick Aubameyang, qui part quand même de moins loin (deuxième meilleur buteur de Ligue 1 avec Saint-Étienne) et qui a claqué une première saison plus qu’honorable (treize buts et cinq assists en Bundesliga).
La deuxième fois, c’est toujours mieux
Seulement, le Gabonais n’était jamais qu’un douzième homme. Son poste de prédilection en pointe était la chasse gardée de Lewandowski et Aubam’ devait se contenter des flancs au gré des blessures de Błaszczykowski et Reus, quand ils n’étaient pas occupés par Großkreutz ou un Mkhitaryan décalé par Marco. En Ligue des champions, il ne faisait guère qu’entrer en jeu, totalisant seulement 388 petites minutes alors que le BVB s’est hissé jusqu’en quart. Alors à l’intersaison, quand Ciro Immobile et Adrián Ramos ont signé pour pallier le départ du Polonais au Bayern, on se disait bien que, finalement, rien n’allait changer pour Aubam’. D’autant plus que le retour de Kagawa poussait Mkhitaryan à un séjour prolongé à droite, au moins jusqu’au retour de Błaszczykowski. PEA allait devoir se coltiner une saison de plus cette étiquette de bouche-trou numéro 1. Pourtant, dès cet été, il était en confiance, apparaissant en grande forme lors de la préparation. « La première année était certainement pas mauvaise, mais on a vraiment connu des hauts et des bas » , a-t-il expliqué en août à Kicker. « Je suis très positif en ce qui concerne l’avenir. » Avant d’expliquer qu’il avait compris la règle absolue de l’adaptation : « J’espère que cette deuxième année se passera encore mieux, parce que j’ai compris ce que le coach aimerait mettre en place. J’ai maintenant pris l’habitude du niveau de la Bundesliga, j’ai un contrat jusqu’en 2018 et je veux encore plus montrer mes qualités. »
Et vous feriez pareil si seulement vous saviez
Résultat, le titulaire en pointe, c’est PEA. S’il ne compte que quatre buts en douze matchs de Buli (on ne met pas un triplé pour son premier match tous les jours), il en a inscrit autant en Ligue des champions, la vraie compétition du BVB cette saison. Et avec 360 minutes de jeu, il a presque déjà battu son total de l’année dernière. Ajoutez à cela deux pions en DFB-Pokal et vous comprendrez qu’on tient un homme épanoui. Interrogé fin octobre sur le fait qu’il disputait ou non sa meilleure saison, PEA ne s’est pas caché : « Je dirais que oui. Je n’ai jamais aussi bien commencé une saison et j’espère que je pourrais continuer lors des prochains matchs. Je bénéficie du fait de jouer à nouveau en pointe, mais je sais que je dois continuer à travailler dur. » Comme Corneille, Aubam sait qu’il vient de loin, de la réserve du Milan, de Dijon, du banc de Monaco. Alors il l’a fermée – ou presque, affirmant quand même en début de saison dans Kicker qu’il serait « mieux » pour lui « de jouer dans l’axe » – et a bossé. Le travail, comme valeur refuge, et qui paye. Seule ombre au tableau pour lui : la nouvelle blessure de Reus, qui l’empêche de célébrer ses buts façon bromance avec son nouveau meilleur ami.
Par Charles Alf Lafon