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Pays très Bas, année zéro…
C'est fini-foutu. Après leur revers face aux Tchèques (2-3) hier soir à Amsterdam, les Oranje feront bière-pizza sur le sofa en juin 2016. Après les explications d'hier sur ce fiasco annoncé, tentative de prospective au tableau (très) noir.
Les charognards sont là. Gary Lineker : « Les Pays-Bas, c’est devenu Andorre. » Ferme-la à tout jamais, Gary ! Et à plus d’un titre… En 40 ans, ce petit pays que tu méprises a fait trois finales de Coupe du monde et une place de troisième, plus une victoire à l’Euro en 88. Ce petit pays que tu railles nous a donné une trinité Cruijff-Van Basten-Bergkamp que ta foutue Angleterre ne nous offrira jamais. Et puis dis-moi, Gary : t’étais où, en juin 1984, pendant l’Euro en France ? Jeune sélectionné anglais, t’aurais pas regardé toi aussi l’Euro devant ta télé ? Alors, please, n’accable pas les petits Hollandais qui ont fait ce qu’ils ont pu. Ça, c’est pour tes gencives. Ton foie, maintenant. Tu ne vois pas que l’élimination des Pays-Bas, c’est la résultante quasi directe de ton football ultra libéral, sacralisé par l’arrêt Bosman il y a exactement vingt ans ? Le pillage au berceau des plus belles pousses néerlandaises a asséché une Eredivisie depuis tout temps fragile économiquement. Un championnat local sinistré a nivelé les valeurs vers le bas par les départs successifs de ses meilleurs éléments. Et comme le rappelait justement le pauvre Danny Blind hier soir : « On n’est pas l’Allemagne ou l’Espagne. Nous n’avons pas un tel réservoir de joueurs. Nous sommes les Pays-Bas et je dois faire avec le matériel qui est à ma disposition. » Qui s’est soucié de la disparition progressive des clubs néerlandais en coupes d’Europe ? Car c’est quoi l’horizon du petit footeux hollandais, qui ne rêve déjà plus de les jouer, ces Coupes d’Europe, avec l’Ajax, le PSV ou Feyenoord ? Ben, partir tôt, jouer en Angleterre et crever à petit feu à Stoke, WBA ou Newcastle…
L’Euro sans le florin…
Bosman a tué le football de club écossais, scandinave et celui des pays de l’Est. Les Pays-Bas suivent cette mauvaise pente. Le Portugal et la Belgique font encore illusion, l’un avec l’extra-terrestre CR7 et l’autre avec sa génération dorée, spontanée. Mais leurs clubs périclitent. On vante le business model de Porto qui inspire maintenant l’AS Monaco. C’est une idée du foot que vous défendez, vous ? À l’Ajax, Johan Cruijff veille à ce que son club de cœur ne devienne pas une plateforme de vente comme Porto. Mais jusqu’à quand va durer cette résistance ? Frank de Boer s’est lassé du pillage de ses jeunes Ajacides. Lui aussi commence à rêver d’Albion. Il a refusé Liverpool une fois. Il dira oui à Tottenham ou à Aston Villa à la prochaine… La France, elle, s’en tire avec sa formation et son réservoir des banlieues qui lui renouvellent ses générations de Bleus à peu près corrects. Mais hormis l’arrivée de princes qatariens (cf. Paris), les clubs hexagonaux n’existent plus non plus en Coupes d’Europe. Cet Euro à 24 ne fait que balayer la poussière sous le tapis quand il proclame comme le fait L’Équipe de ce matin : « Tout pour la fête. » Oui, tout le monde sera là. Ne manque plus que la Suède et Ibra. Pas mal, ça rime. Mais un Euro sans la marée oranje (20 000 supporters, excusez du peu) et sans la Tartan Army (20 000 Écossais, excusez du peu), ça fera un peu tristoune. Bien sûr, « la Hollande » est aussi responsable de son pauvre malheur, faut pas déconner ! Mais son malheur sonne comme un avertissement à tout le foot européen : on est en train de perdre la Hollande, les gars !
2018 après 2016 ?
On n’y est pas encore. L’espoir en l’avenir existe. Cet espoir, c’est d’abord l’essence profonde du foot hollandais : son identité de jeu spectaculaire, son idée du « beau jeu » , son inspiration offensive, l’intelligence tactique de ses joueurs et la très bonne formation de ses entraîneurs et éducateurs. Même faible, l’Eredivisie perpétue une certaine idée du football qui n’existe nulle part ailleurs. On y joue pas mal encore, on y marque beaucoup et on y fait grandir des joueurs de qualité. Tant que cette flamme sera entretenue, ce championnat pourra engendrer encore une nouvelle génération dorée. Après tout, le foot hollandais s’est parfaitement reconstitué après le trou noir de la période 1982-1986 qui a suivi la super génération Cruijff. Mais c’était avant Bosman, à une époque où les clubs hollandais gagnaient encore des Coupes d’Europe. Depuis 2002 et la victoire du Feyenoord en C3 et depuis la promo de Robben, Van Persie, Sneijder, Huntelaar, Kuyt et Van der Vaart qui a mené les Pays-Bas vers les sommets, le foot néerlandais s’enfonce dans le marasme. Aujourd’hui, la synthèse des espérances et de la froide réalité dessine même un avenir inquiétant. Les Pays-Bas seront dans le groupe de la France et de la Suède pour les qualifs du Mondial 2018. Le premier du groupe se qualifiera, et le deuxième jouera les barrages. Ce matin, objectivement, les Pays-Bas auraient beaucoup de mal à parvenir en Russie… Le Mondial 2018 zappé après l’impasse de l’Euro 2016 ? On peut, hélas, le craindre. Pourtant le jeune effectif de base emmené par un Robben encore chaud tient la route (Strootman, Depaye, Blind, Klaassen, Wijnaldum, De Vrij, Janmaat, Willems, Promes, Van Dijk). Mais le temps presse… Continue de te moquer sur ton tas de fric, pauvre Lineker. Mais n’oublie pas que qui a péché par le chéquier périra par le chéquier. Franchement, Gary : t’as vu la gueule de tes MU, City, Chelsea et Arsenal tout pétés de thune en Ligue des champions ?
Par Chérif Ghemmour