- CDM 2019
- Demies
- Pays-Bas-Suède
Pays-Bas-Suède : l’heure de la revanche
D'un côté, une Suède revancharde qui court après une finale de Coupe du monde depuis 2003 et qui souhaite retrouver les sommets après sa médaille d'argent décrochée aux JO de Rio. De l'autre, des Pays-Bas courageux, en pleine ascension et qui viennent de forcer la porte du dernier carré mondial à leur deuxième tentative seulement. Au milieu : une demi-finale mondiale, indécise et déjà étouffante. Le duel s'annonce sauvage.
Température, cadre, poids, le fantôme de Sergio Leone et le mirage de quelques virevoltants. Si cette demi-finale de Coupe du monde entre les Pays-Bas et la Suède était un western, ce serait un duel de chasseurs de primes façon Et pour quelques dollars de plus, du genre à vouloir rafler le butin coûte que coûte, quitte à se faire des taches sur le short. Tout y est, que ce soit l’histoire, son poids ou ses courbettes. « Enfin » , souriait la défenseuse suédoise Nilla Fischer lundi, lors de son passage face à la presse, comme si elle attendait ce jour depuis son arrivée en France. Ce jour, c’est celui des retrouvailles avec des Hollandaises que les Suédoises avaient croisées il y a deux ans, à l’Euro, et face à qui les Scandinaves avaient plié au stade des quarts de finale (2-0). La goutte de trop pour la légende Pia Sundhage, écartée au lendemain de l’élimination des Blågult et remplacée par un miracle : Peter Gerhardsson, un type de cinquante-neuf ans à l’allure de joueur d’échecs, dont le seul palmarès est une victoire en Coupe de Suède, en 2016, avec le BK Häcken. Et alors ? En deux ans, Gerhardsson a réussi son coup et remonté en deux temps trois mouvements une sélection dont le dernier titre international remonte à trente-cinq ans (l’Euro 84). Une sélection qui, surtout, avait tendance à se fracasser les dents sur le même mur : l’Allemagne. Tout ça, c’est terminé, car samedi dernier, à Rennes, la Suède a brisé le mauvais sort (2-1), ce qui a débouché, pour certaines joueuses, sur un black-out. Magdalena Eriksson, à la sortie du terrain : « Je ne me souviens plus de rien. J’étais dans la joie, le soulagement, la fierté, la fatigue… Beaucoup trop pour savoir ce que je faisais au coup de sifflet final. » Ce qu’elle sait, c’est qu’elle a une demi-finale de Mondial à disputer mercredi soir, à Lyon. La première pour la Suède depuis celle perdue face au Japon en 2011.
Le souvenir de 2017, la météorite hollandaise
Cette deuxième demi-finale est sans aucun doute à part, car pour la troisième fois de l’histoire seulement, deux équipes européennes se retrouvent à ce niveau de la compétition. Cela raconte beaucoup de cette Coupe du monde, mais aussi des deux invités : une Suède revancharde, tactiquement flexible, qui est la seule équipe présente dans ce dernier carré à avoir perdu un match dans ce Mondial (contre les États-Unis, en phase de poules) ; des Pays-Bas frais, puissants, poussés par un peuple d’enragés, dont cinq des six derniers buts ont été inscrits sur coups de pied arrêtés et qui ont aujourd’hui pris l’allure d’un potentiel candidat au titre. Vraiment ? Oui, vraiment, car cette équipe est complète, ne cesse de grandir depuis sa victoire à la maison lors de l’Euro 2017 et a réussi à vivre sans toujours se reposer sur une invention de sa star, Lieke Martens. « Je ne suis pas vraiment surprise, mais je suis très fière de mes joueuses, glissait la sélectionneuse Sarina Wiegman après la qualification contre l’Italie (2-0) lors d’un quart de finale joué dans une fournaise. Les choses ont tellement changé depuis l’Euro… Nous avons pris énormément de confiance. Il y a eu des moments où on a été chanceuses, mais il y a un tel état d’esprit et une telle confiance dans le fait que cette équipe peut bien jouer que le mot surprise n’est pas forcément le plus approprié. » Et ce, même s’il s’agit de la deuxième participation seulement des Leeuwinnen à la Coupe du monde. Il n’y a, au fond, pas beaucoup mieux que ces matchs sur le fil pour grandir encore un peu plus. Place à l’incertitude et au saut dans le vide. Au duel, au vrai : celui qui se joue à la précision et à la sueur. Allumez les pétards, feu.
Par Maxime Brigand, à Lyon