- International – Euro 1988
- 25 juin 1988 – Le jour où…
Pays-Bas 1988, les plus beaux d’Europe
C'était le 25 juin 1988 au stade Olympique de Munich : les Pays-Bas l'emportent face à l'URSS en finale de l'Euro 1988, grâce à un coup de tête rageur de Gullit et un chef-d'œuvre de Van Basten. La consécration continentale pour une équipe magnifique, avec à sa tête un entraîneur légendaire et sur les épaules un maillot inoubliable.
Le premier souvenir qui vient à l’esprit s’agissant de cette finale de l’Euro 1988 est d’ordre visuel. L’affrontement du jour entre les Pays-Bas et l’URSS est un duel de liquettes incroyables, entre le orange délavé des futurs vainqueurs et le blanc à liseré rouge frappé du sigle « CCCP » sur le poitrail des vaincus. Ce début d’été 88 est un climax stylistique d’une décennie sur le point de s’achever et d’une époque également proche de son générique de fin : nuques longues, moumoutes permanentées, moustaches broussailleuses, shorts à ras et chaussettes basses. Dans les tribunes du stade olympique, on trouve aussi une marée de vilaines casquettes orange, de peaux rougies et de gueules à tracter une caravane en Opel Kadett jusqu’à un trois étoiles à Palavas-les-Flots. Le tout avec du Bon Jovi, du INXS, du Cyndi Lauper et du Bananarama à fond les ballons dans le radiocassette.
La finale manquée de Belanov, Ballon d’or 86
Le second souvenir de cette finale est quasiment orgasmique, avec la réminiscence du second but de l’après-midi. Il s’agit du chef-d’œuvre de Marco van Basten, qui s’en va ficher le ballon dans la cage de Rinat Dasaev, pourtant le meilleur gardien de l’époque et du tournoi, d’une reprise tentée dans un angle impossible, à la réception d’un long centre d’Arnold Mühren. Peu importe qu’il ait reconnu plus tard que c’était surtout de la chance, que c’était un coup d’instinct tenté surtout parce qu’il était trop fatigué pour contrôler la balle, le résultat est là et il est superbe. Un éclair de génie dans un match globalement étouffant et étouffé par l’enjeu, avec tout de même deux autres faits marquants. D’abord l’ouverture du score du capitaine Ruud Gullit, d’une tête rageuse sous la barre, sur une remise de Van Basten, suite à un corner d’Erwin Koeman. Puis le penalty pour l’URSS, qui était alors déjà menée 0-2, avec une faute du portier néerlandais provoquée par Sergey Gotsmanov, mais qui fait finalement briller le fautif. Hans van Breukelen stoppe en effet la tentative d’Igor Belanov, seul penalty manqué dans le jeu de toute la carrière du Ballon d’or 1986. Un Belanov dans l’ensemble pas très heureux dans ses tentatives face au but, ce 25 juin 1988, à Munich.
Van Basten, de remplaçant à titulaire indispensable
Les Pays-Bas l’emportent donc 2-0, au cours d’une finale en forme d’opposition sur les bancs de deux entraîneurs de légende, Rinus Michel d’un côté (qui, c’est à signaler, n’effectuera aucun changement au cours des 90 minutes du match), Valeri Lobanovski de l’autre, avec son armada du Dynamo Kiev (7 sur 11 au coup d’envoi, 11 sur 20 dans sa sélection pour l’Euro). Cette finale était également une revanche pour les Pays-Bas, battus d’entrée dans la compétition en phase de poules par ces mêmes Soviétiques, 1-0 à Cologne sur un but de Vasiliy Rats, le 12 juin. En ce début de tournoi, Rinus Michel avait placé Marco van Basten sur le banc, lui qui sortait d’une saison quasi blanche avec son nouveau club du Milan AC, à cause d’une interminable blessure à la cheville (fragile, déjà, le Marco…). Titularisé trois jours plus tard face à l’Angleterre, ce même Van Basten inscrit le triplé de la victoire 3-1 face à Lineker, Hoddle, Shilton, Adams, Wright and co. En patron.
La bande à Cruijff vengée en demi-finale
Une revanche, il y en aura une autre réussie par cette sélection néerlandaise, en demi-finale face à la RFA, qui évoluait devant son public à Hambourg, le 21 juin. Il s’agissait d’effacer le douloureux souvenir de la finale du Mondial 1974, quand la bande à Beckenbauer et Gerd Müller avait privé la génération de Johan Cruijff d’un grand titre international. Le score ? 2-1 pour les Pays-Bas, avec le but de la qualification marqué tout en rage par l’artiste Van Basten dans les dernières minutes du temps réglementaire. Le fait marquant ? Ronald Koeman, hilare, qui récupère le maillot d’Olaf Thon à la fin du match, puis qui fait ostensiblement semblant de se torcher le derrière avec, devant le public ouest-allemand… La polémique fera du bruit. Mais elle sera balayée par cette finale de Munich quatre jours plus tard. Une finale qui sacre une immense nation de football, face à une autre sacrée grande nation, l’URSS, qui dispute là sans le savoir son dernier Euro. Un sacré bel Euro.
Par Régis Delanoë