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Payet : le rendement, c’est maintenant
« Après la Coupe du monde, avec l'émergence de toute cette génération et de ces jeunes talents, ce sera plus compliqué pour les gens de mon âge. » Pour Dimitri Payet, la nouvelle vague arrive à grands pas. Le souci, c’est que pour aller en Russie, il faut être bon. Et ce, dès maintenant.
Qu’on se le dise : faire partie de la liste des 23 Bleus appelés par le sélectionneur Didier Deschamps est un véritable honneur. Voir son nom coché par le sélectionneur national prouve la capacité d’un joueur à aimer le coq, s’intégrer dans un collectif et briller par des performances sur le terrain. Sur les deux premiers points, le dossier de Dimitri Payet pour intégrer l’équipe de France est parfaitement recevable. Ses pleurs lors de sa sortie contre la Roumanie pour le match d’ouverture de l’Euro 2016 et ses affinités avec bon nombre de joueurs au sein de l’effectif sont là pour le confirmer. La vraie question à se poser, c’est celle du niveau actuel du Marseillais et sa capacité à élever son niveau de jeu. Car depuis son retour à l’OM, Dimitri Payet semble s’installer dans un fauteuil confortable. Trop confortable.
La léthargie du privilège
Au moment de sa réintégration au groupe France par Deschamps en mars 2016, Payet enflammait la Premier League sous les couleurs de West Ham. Des coups francs dans la lucarne en pagaille, des passes décisives toutes aussi florissantes, des éloges à n’en plus finir de son entraîneur Slaven Bilić… Les critiques qui pleuvaient sur le joueur, préférant délaisser un club français qualifié en Coupe d’Europe pour un club du ventre mou du championnat anglais, s’étaient éteintes. Et il y avait de quoi. En Angleterre, Payet s’est démené pour amener les Hammers dans les hautes cimes d’un des championnats les plus relevés au monde. Sa situation de l’époque vis-à-vis de la Dèche, qui estimait « attendre plus » de Payet au fur et à mesure que les convocations se rapprochaient de celles du championnat d’Europe, était devenue injuste pour la majorité des Français. À raison, puisque Payet a ensuite régalé le Stade de France d’un coup franc magistral en amical contre la Russie.
Et depuis ce superbe Euro ? Payet s’est pris le bec avec West Ham, à savoir son entraîneur, ses coéquipiers et les supporters londoniens pour perdre son statut de titulaire, cirer le banc de touche, boycotter l’entraînement et forcer son retour à Marseille au mercato d’hiver. Payet a récupéré le numéro 10 de l’OM laissé vacant par Lassana Diarra. Payet a facturé une demi-saison 2016-2017 avec Marseille à cinq buts et trois passes décisives en dix-sept matchs. Mais surtout, Payet chiffre quatre passes décisives en huit matchs officiels depuis le début de saison. À titre de comparaison, Nabil Fekir, laissé sur le palier par Deschamps pour ces deux matchs capitaux, totalise cinq buts et deux passes décisives en dix matchs avec l’OL. Si le capitaine lyonnais est plus efficace que le Réunionnais, il reste toutefois derrière Payet dans la hiérarchie des éléments offensifs.
L’argument du cadre
Pourquoi ? Parce que Payet est un homme capable de débloquer des situations tendues pour les Bleus. La lucarne du Stade de France s’en souvient encore, c’était le 10 juin 2016. Un laps de temps court et long à la fois, tant les buts de Payet manquent à la France, mais aussi tant la nouvelle génération tricolore toque à la porte. Mbappé, Dembélé, Coman, Martial, Thauvin, Lemar… Tous sont des remplaçants potentiels au Marseillais, qui se retrouve appelé davantage grâce à son statut de cadre que ses statistiques. Et dans les matchs à pression comme celui à venir contre la Bulgarie, les cadres doivent être là pour apporter leur expérience. Pour s’accorder un dernier tournoi international, Payet serait bien inspiré de l’utiliser. Quitte à la transmettre à nos petits surdoués.
Par Antoine Donnarieix