- Euro 2016
- Gr. A
- France-Roumanie (2-1)
Payet foudroie la Roumanie
Au terme d'un match loin d'être maîtrisé, l'équipe de France s'est imposée lors du match d'ouverture de l'Euro (2-1) sur un coup de canon tardif de Dimitri Payet, seul joueur à avoir survolé la rencontre du côté bleu. Bougés dans tous les secteurs du jeu, les Bleus se sont fait peur, mais repartent du Stade de France avec une victoire, et un huitième but en huit matchs pour Olivier Giroud.
France 2-1 Roumanie
Buts : Giroud (57e) et Payet (89e) pour la France // Stancu (64e) pour la Roumanie
Il fallait que la foudre tombe. Parce que le temps, lourd toute la journée à Saint-Denis, l’exigeait et que la pluie était annoncée. Parce que l’électricité était palpable dans les yeux et les gestes des innombrables gendarmes, soldats, policiers à cheval et CRS mobilisés autour du Stade de France pour que tout se passe bien. Mais aussi parce que le public qui affluait dans les tribunes dès l’ouverture des portes à 18h avait besoin que l’Euro débute enfin. Et que son impatience n’a pas été arrangée par la gêne d’une cérémonie d’ouverture qui avait pour ambition d’éviter les clichés et qui n’a pas pu se retenir de vomir du jardin à la française, des danseuses de cabaret, des french kiss, du remix d’Edith Piaf et du David Guetta à pleine balle. L’équipe de France aussi avait besoin que l’orage éclate, après deux ans de matchs amicaux. Il fallait que la foudre tombe, donc, et il aura fallu attendre 89 longues minutes avant que celle-ci ne s’abatte définitivement sur la tête de la Roumanie.
Dès la fin du compte à rebours, dès le coup d’envoi de cet Euro, l’atmosphère est étouffante. Lloris doit sortir sa première parade de la compétition après seulement quatre minutes de jeu, lorsque sa défense s’embrouille sur un corner roumain et laisse Stancu reprendre à bout portant au deuxième poteau. Les Bleus ne sont pas en reste. Griezmann met une tête sur le poteau dix minutes plus tard, puis loupe de très peu le cadre sur un centre de Payet à la 36e. La France fait gronder le tonnerre, comme elle sait le faire depuis quelque temps déjà. En dehors de ses premiers coups de pied arrêtés (systématiquement trop courts), Payet est impeccable, provoque, distribue, lance. Pogba semble aussi plus en jambes que lors des deux matchs de préparation, il s’applique davantage sur ses ouvertures, et offre notamment un caviar à Sagna sur la première occase de Griezmann. On croit même que la Roumanie est foudroyée à la 57e minute, lorsque Giroud dévie de la tête devant le portier roumain pour ouvrir le score. Mais l’adversaire bouge encore, et la France beaucoup moins.
La colère des dieux
La pression de débuter une compétition à domicile ? Ou tout simplement un adversaire bien plus accrocheur que le Cameroun ou l’Écosse ? Un peu de tout ça. N’Golo Kanté, impeccable dans son rôle de vigie devant la défense à Metz le week-end dernier, est plus emprunté pour son premier match de compétition avec l’équipe de France. Mais il n’est pas le seul. En règle générale, les passes partent souvent à contre-sens, les contrôles sont incertains, et la défense pose à nouveau problème. Juste après la pause, Adil Rami laisse une nouvelle fois Stancu en position d’ouvrir le score, mais l’enchaînement poitrine-reprise de l’ailier gauche roumain loupe le cadre. Des soucis qui prennent une sale tournure, sept minutes après l’ouverture du score française, lorsqu’Évra, pourtant le joueur le plus expérimenté de l’équipe, accroche maladroitement Stancu dans la surface et lui offre l’égalisation sur penalty.
Didier Deschamps tente alors de rallumer la flamme. D’abord en sortant Griezmann pour un Coman moins virevoltant que lors de ses apparitions précédentes, malgré une grosse accélération à la 85e. Ensuite avec un coup : la sortie de Pogba pour Martial, et le replacement de Payet en meneur de jeu. Pas mieux. Quand l’électricité n’est plus là, quand la tactique ne fonctionne pas mieux, qui appelle cette équipe de France 2016 ? Dimitri Payet. Impérial durant toute la rencontre, déjà passeur décisif sur le but de Giroud, Payet prend les choses en main, le ballon entre ses pieds et fait enfin rugir la colère des dieux d’un éclair parti des 20 mètres. La frappe est pure, elle nettoie la lucarne roumaine en même temps que l’inquiétante performance de l’équipe de France. Un peu trop en confiance après sa série de victoires, la France a tremblé pour son match d’ouverture avant de s’en sortir in extremis sur un exploit individuel. C’est peut-être, finalement, ce qu’il lui fallait pour entrer dans son Euro sans trop de certitudes.
Par Thomas Pitrel, au Stade de France