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Payal, le petit Makelele
Récupérateur hors-norme et best friend de Miralem Pjanic, Ben Payal est accessoirement le patron du milieu de terrain luxembourgeois. Attention, talent!
« Sur le terrain, on peut dire que je suis une petite pute. Quand je tacle, je prends le ballon, mais c’est aussi important de faire tomber le mec qui est en face de moi. Psychologiquement, ça me permet de me faire respecter d’entrée. Mais attention, je ne vais jamais au contact pour faire mal » . Personne n’est mieux placé que Ben Payal pour présenter Ben Payal, meilleur joueur du Luxembourg en ce moment en dépit du statut de pro de Mario Mutsch (FC Metz) et de l’icône Jeff Strasser.
Suspendu face à la Bosnie (0-3), Payal est revenu aux affaires et devenu l’homme du match lors de la défaite en Albanie (1-0) et du nul obtenu face à la Biélorussie vendredi (0-0), à base de pressing, d’anticipations et de tacles bestiaux. Payal est donc passé à côté de l’ouverture face à la Bosnie et par extension des retrouvailles avec son pote Miralem Pjanic, qu’il a fréquenté « des moins de 13 au moins de 19 (…). Au Luxembourg, on joue toujours en 4-5-1 et c’est tout à fait normal. Il y a juste eu une exception quand Miré était là, on jouait en 4-4-1-1. Miré, la seule chose qu’il ne savait pas faire, c’était défendre, alors il fallait se défoncer derrière » . Alors Payal avale les kilomètres, transforme le mot tacle en mode de vie et se coltine plus généralement un travail de l’ombre qui porte ses fruits puisque la Lazio vient rapidement aux nouvelles. Trois fois, les dirigeants romains composent le numéro de mobile de Ben Payal. Trois fois, le garçon décroche et refuse poliment l’invitation. « La première fois, j’avais une angine. Les autres, j’étais retenu par la sélection, ce n’était pas pratique » .
Les épaules de Hulk
Aujourd’hui, Payal ne veut pas avouer qu’il se mord les doigts d’être passé à côté de cette expérience ou de celle d’Amiens, qui alors en L2 lui avait fait les yeux doux. Peut-être s’est-il aujourd’hui consolé en se disant que la vitrine que constitue chacun des matches du groupe D des éliminatoires de l’Euro-2012 concentrait un tel nombre de regards qu’une nouvelle chance de fourrer la sphère professionnelle allait lui être offerte. Pour l’heure, il l’effleure du bout des ongles en empilant les sélections nationales. A 22 ans, l’enfant de Lorentzweiler en est à « trente-trois ou trente-quatre » , et s’il a eu l’occasion de distribuer quelques tampons à van Nistelrooy, Mutu ou Frei, le bonheur s’arrête là, coincé au sous-sol du professionnalisme.
Beaucoup s’accordent pour dire que le coupable réside dans l’anatomie du bonhomme. A peine plus de 160 centimètres pour 64 kilogrammes sur la balance. « Peut-être qu’avec dix centimètres de plus, je serais déjà pro. En attendant, à Dudelange (son club, ndlr), on m’appelle le »petit Makelele ». Jamais quelqu’un ne m’a fait tomber dans un duel. Je suis petit et maigre mais j’ai les épaules de Hulk » . Car derrière la gueule de gentil qu’il arbore dans le civil, Payal est une ordure sur le terrain. « Je suis gentil et aime m’amuser avec les gens que je connais, c’est-à-dire plein de monde. Mais sur le terrain, je ne sais pas qui est en face de moi et n’ai pas envie de faire connaissance avec qui que ce soit » . Si vous ne connaissiez pas Ben Payal, ce n’est pas bien grave. Lui n’a pas envie de savoir qui vous êtes.
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