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Pavoletti ou la revanche des nantis
Pavoletti est l’attaquant italien possédant le meilleur ratio buts/minutes disputées et a attiré l’attention d’Antonio Conte, tout ça pour sa première année en tant que titulaire en Serie A à 27 ans, bien trop tard au vu de son parcours.
Stade Renzo Barbera, 13 décembre 2014, Pavoletti, alors encore à Sassuolo, profite d’une erreur de la défense palermitaine et crucifie le portier d’un plat du pied imparable. C’est son premier but parmi l’élite. 16 réalisations en deux saisons de Serie D, 19 en deux ans et demi de C2, 15 en 18 mois de C1 et 35 en deux exercices de Serie B n’avaient pas suffi à anticiper ce moment symbolique. Dans ce même laps de temps qui s’étend de l’été 2006 à l’hiver dernier, un nombre incalculable de chèvres en tout genre ont eu cette opportunité avant de replonger rapidement dans l’anonymat. Citons Boselli, Rudolf, Pratto, Ze Eduardo, Hallenius, Melazzi ou Konaté pour n’en rester qu’au Genoa, son club actuel. Incompréhensible.
Un Toni bis
Une trajectoire qui rappelle fortement celle de Luca Toni, même si ce dernier avait eu l’occasion de fouler les pelouses de l’élite avant d’y exploser définitivement à l’âge de 27 ans lui aussi. Cependant, le grand Luca avait également bouffé les quelques brins d’herbe des pelouses dégarnies des divisions inférieures, à Modena, la Lodigiani, Treviso ou encore Fiorenzuola. D’ailleurs, la comparaison ne s’arrête pas là : « Leonardo est plus mobile, tandis que Luca est plus rusé dans la surface, mais oui, ce sont deux profils qui se rejoignent. Je me rappelle quand je l’ai vu la première fois, lui était à l’Armando Picchi (seconde équipe de Livourne, ndlr), et moi, je finissais ma carrière à la Sarzanese. C’était de la Serie D et je me demandais ce que foutait un joueur de sa trempe à ce niveau » , racontait Stefano Sottili, son ancien entraîneur à Varese, à Goal.com. Deux réponses à son interrogation : d’abord, l’absence de talent scouts de clubs de Serie A dans ces divisions, car aimantées par les noms plus exotiques, puis le prix demandé pour le moindre joueur sortant du lot dans ces équipes, contraignant trop souvent les clubs de l’élite à se replier sur les solutions low-cost à l’étranger.
Un but toutes les 96 minutes
Pour Pavoletti, ce sera donc un chemin de croix de Viareggio à Varese en passant par Casale. Sassuolo, qui l’avait acheté dès 2010, le prête, le vend, le rachète pour ne jamais vraiment lui faire confiance. Ainsi, après avoir été remplaçant attitré de Zaza, Leonardo file au Genoa il y a un an jour pour jour. Dans le système de jeu de Gasperini qui ne prévoit qu’un seul attaquant de pointe, il trouve son bonheur et explose les statistiques qui sont les suivantes : en 365 jours, 24 rencontres, 1546 minutes de jeu, 61 frappes, 25 cadrées et 16 réalisations, soit un tout petit peu plus d’un but par match. Son style ? Très old school, que ce soit sur le terrain avec un excellent jeu de tête, une coordination technique parfaite et un sens du placement aiguisé, ou en dehors, puisque le garçon est d’une simplicité anachronique, se définissant ainsi : « Un ouvrier du but, je déteste apparaître. Si tu fais du bon boulot sur le terrain, il est inutile d’ajouter des mots. Je n’ai pas de tatouages, je me sens plus original sans et je roule en Mini. À 17 ans, quand j’étais chez les jeunes de l’Armando Picchi, je pensais à mes études de biologie » , racontait-il dans le magazine Sportweek.
« Pavoletti è megl’è Pellé »
« Maradona è megl’e Pelé » chantaient les Napolitains afin d’affirmer la suprématie du Pibe de Oro, cette version remasterisée n’est pas encore devenue un hit, mais cela ne saurait tarder. Le réservoir d’attaquants italiens est si faible qu’il suffit de pas grand-chose pour prétendre à entrer dans les petits papiers d’Antonio Conte. Attention, cela n’enlève rien au mérite de Pavoletti, qui a justement le profil qui plaît au sélectionneur de la Nazionale. Des buts oui, mais surtout une présence athlétique et un sens du combat. Son état de forme depuis un an remet en cause la hiérarchie actuelle à la tête de laquelle se trouve Graziano Pellé. Le compteur de l’avant-centre de Southampton est bloqué à 9 unités depuis le 1er novembre dernier, soit trois mois de disette. De quoi entamer la confiance d’un élément qui s’est rapidement imposé en sélection, surtout pour son travail de sape. Les autres concurrents à ce poste se nomment Zaza, Gabbiadini (tous deux remplaçants en club), Immobile (tout juste de retour au Torino) et Okaka (à Anderlecht). Rien d’insurmontable pour celui que l’on surnomme « Pavoloso » ( « Pabuleux » ) et qui pourrait bien finir chez un cador italien l’été prochain, à moins qu’on ne lui préfère encore un illustre inconnu.
Par Valentin Pauluzzi