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Pavard, simple coup d’un soir ?
À 22 ans, Benjamin Pavard est champion du monde, titulaire au poste de latéral droit en équipe de France et il va bientôt entrer dans une nouvelle dimension en rejoignant le Bayern Munich l'été prochain. Et si le club bavarois a lâché 35 patates pour s'offrir l'international français, ce dernier ne fait pas l'unanimité dans l'Hexagone. En revanche, son image est légèrement différente en Allemagne. Où il ne se résume pas à un gars qui a nettoyé la lucarne de l'Argentine en juin dernier.
Tout le monde connaît désormais l’histoire de Benjamin Pavard. Il a disputé une vingtaine de matchs avec Lille, son club formateur. Il a filé en Allemagne pour rejoindre Stuttgart en deuxième division allemande. Il a découvert la Bundesliga. Il a débarqué sur la pointe des pieds en équipe de France un soir de novembre 2017, puis il a gagné sa place de titulaire au poste de latéral droit. Il a marqué un but devenu légendaire contre l’Argentine à la Coupe du monde 2018.
Il est devenu champion du monde quinze jours plus tard. Et pour finir, il a récemment signé un bail de cinq ans avec le Bayern Munich qu’il rejoindra l’été prochain. Pas mal comme trajectoire. Et pourtant, le défenseur de 22 ans est loin de faire l’unanimité en France – malgré le fameux chant à son nom –, où il est souvent jugé comme trop léger pour être titulaire chez les Bleus. Voire surcoté pour les plus radicaux. Et de l’autre côté du Rhin, on en pense quoi ?
« Dire que Pavard n’a pas le niveau ? Absurde ! »
Depuis son arrivée à Stuttgart en août 2016, le natif de Maubeuge s’est fait un nom en Allemagne avant de s’en faire un en France. « Des gens pensent chez vous que Pavard n’a pas le niveau ? Ce n’est pas sévère, c’est complètement absurde » , juge Mark Lovell, correspondant à Munich pour ESPN depuis vingt ans. Avant de convaincre son monde en Allemagne, Pavard a fait ses gammes au deuxième échelon lors de l’exercice 2016-2017. « Lors de ses premiers mois ici, je trouvais qu’il était un peu trop nonchalant et il avait commis plusieurs erreurs. En revanche, je me souviens d’un match contre Greuther Fürth, il avait délivré une passe décisive à Carlos Mané et les gens à Stuttgart la célèbrent encore aujourd’hui, se souvient Christoph Lother, journaliste chez Sport Bild. Je pense que Pavard a le niveau pour jouer en équipe nationale. Bien sûr, ce n’est pas le nouveau Thuram, mais c’est un bon joueur. Il est bon techniquement, il a une bonne vision du jeu et je pense qu’il est beaucoup plus à l’aise dans l’axe qu’à droite. »
Car la différence se situe aussi ici : après quelques matchs au poste de latéral droit au départ, Pavard a fait ses preuves dans l’axe dans une défense à trois. Au point d’y rester quand Stuttgart repasse dans un système à quatre défenseurs. Il a définitivement explosé lors de la phase retour de la saison 2017-2018, le VFB terminant au pied des places européennes. « C’était le défenseur le plus régulier du club la saison dernière » , insiste Christoph Lother. Mais depuis son retour du Mondial, il connaît une période de creux chez les Bleus comme à Stuttgart. « Il a clairement vécu une première partie de saison difficile, confirme Mark Lovell. Entre les problèmes de Stuttgart, les attentes plus élevées en tant que champion du monde et les blessures, il n’est pas aidé. Il n’a pas fait bonne impression, notamment depuis que toutes ces rumeurs de transfert sont apparues. » Tout cela n’a pas empêché le Bayern de poser 35 millions d’euros (le prix de la clause libératoire) sur le joueur aux bouclettes.
Le révélateur bavarois
Et mine de rien, Pavard s’est tranquillement calé dans le top 5 des plus gros transferts de l’histoire du club bavarois aux côtés de Mats Hummels et Renato Sanches, qui avaient également coûté 35 plaques au Bayern (hors bonus pour le Portugais). « Ce transfert n’a pas été une surprise.Kicker avait évoqué un intérêt du Bayern pour la première fois pendant la Coupe du monde, rappelle Frank Linkesch, un journaliste allemand de Kicker. Ça reste un jeune joueur qui n’a pas fini son développement. On va voir s’il a les épaules, je pense qu’il va devoir faire mieux. » Reste à savoir à quel poste l’international français évoluera sous ses nouvelles couleurs.
« Le Bayern l’a aussi recruté pour sa polyvalence, il va pouvoir gratter du temps de jeu en défense centrale comme à droite, estime Frank Linkesch. La Bundesliga est un championnat très intense, avec beaucoup de pressing et de vitesse. Le Bayern aime adopter un style risqué, laissant des espaces derrière. Il faudra voir s’il est capable de s’adapter à cette philosophie. » Pavard pourrait également profiter du probable départ de Jérôme Boateng cet été pour avoir sa chance en défense centrale. « Il va devoir s’épaissir un peu pour assurer à ce poste en Bavière » , prévient Mark Lovell. En attendant ce nouveau changement de dimension, Pavard est toujours blessé à la cuisse et n’aura donc pas l’occasion de se frotter à ses futurs partenaires ce dimanche, à l’Allianz Arena. Une enceinte dans laquelle il va bientôt devoir prouver qu’il ne se résume pas seulement à une frappe de bâtard contre l’Argentine.
Par Clément Gavard
Tous propos recueillis par CG