ACTU MERCATO
Paulo Sousa, un « Juventino » à Florence
Joueur phare de la première Juventus de Marcello Lippi, le technicien portugais revient en Italie, puisqu'il succédera à Vincenzo Montella sur le banc de la Fiorentina.
Lorsque l’on associe Portugal et Italie, le premier nom qui vient à l’esprit est celui de Manuel Rui Costa, et ce, même si on ne parle pas spécifiquement de football. Ses années à la Fiorentina et au Milan ainsi que sa classe cristalline ont marqué toute une génération. D’autres se remémoreront plutôt Fernando Couto, à l’œuvre sous les couleurs de la Lazio et Parme, pour son style capillaire inimitable, mais aussi ses interventions assassines. C’est après que vient le nom de Paulo Sousa, un des protagonistes du retour de la Juve vers les sommets au milieu des années 90, et qui fait un retour remarqué dans la Botte.
Le métronome de Lippi et la bête noire… de la Juventus
Le natif de Viseu et la Vieille Dame se croisent une première fois en quarts de finale de la Coupe de l’UEFA en 1993. Mais c’est un an plus tard et après être passé chez l’ennemi Sporting que le Portugais débarque à la Juve. Il est une des premières recrues de l’association Lippi-Triade qui va ramener le club turinois à la victoire. Et c’est un sacré changement, puisque le milieu de terrain était peuplé de joueurs musclés. Entouré de Conte et Di Livio (Deschamps arrive en même temps que lui, mais se blesse tout de suite), Paulo Sousa remet la mode du « regista » au goût du jour à la Juve, un poste pratiquement vacant depuis la retraite de Platoche. Il prend place devant la défense, récupère les ballons et les distille à ses coéquipiers : jeu court, jeu long. Un genre de Pirlo avant l’heure si on veut, les quelques buts en moins. La saison est triomphale : Scudetto, Coupe d’Italie et finale de Coupe de l’UEFA.
C’est l’apothéose l’année suivante, lorsque Sousa conquiert la Champions League en jouant avec des infiltrations au genou toute la saison. Un sacrifice qui ne sera pas forcément reconnu par la direction bianconera qui le vend au Borussia Dortmund pendant l’Euro anglais. Au fond de lui, le Portugais l’a mauvaise, mais ne le montre jamais publiquement. Mieux vaut parler sur le terrain, ce qu’il fait très bien en étant élu MVP de la finale de Champions League un an plus tard lorsque le Borussia bat la Juve contre toute attente. Il retentera le coup en revenant en Italie à l’hiver 1998 du côté de l’Inter. Mais le physique ne suit plus. Idem à Parme. Mais c’est avec le Panathinaïkos, et toujours en Champions League, qu’il jouera encore un mauvais tour à la Vieille Dame, inscrivant le premier but de la victoire 3-1 qui élimine son ancien club dès la phase de poules en 2000-01.
Fiorentina do Portugal
Vient ensuite le Paulo Sousa entraîneur. Les débuts sont chaotiques en Angleterre du côté de QPR, Swansea et Leicester, avant un sympathique petit tour d’Europe où il glane pas moins de 5 trophées : deux Supercoupes de Hongrie et une Coupe de la Ligue avec Videoton, un championnat d’Israël avec le Maccabi Tel Aviv et celui de Suisse à la tête de Bâle. Reste à définir la réelle valeur de ces trophées, surtout concernant le club suisse qui domine outrageusement la concurrence avec dix championnats remportés sur les quatorze derniers. Cela dit, les Bâlois sont allés chercher un 8e de finale de Champions League. Le CV est plutôt original, mais il a convaincu la Fiorentina d’en faire son nouvel entraîneur, alors que la Samp était aussi intéressée. Nul doute également que le nouveau directeur technique aura été décisif, puisqu’il s’agit de Pedro Pereira, qui débarque du Sporting Braga.
À Florence, la tâche ne s’annonce pas facile pour Paulo Sousa, et pour deux raisons. La première, c’est qu’il devra faire mieux que les trois quatrièmes places consécutives de son prédécesseur, trop souvent sous-estimées par les supporters. Ces mêmes tifosi qui l’ont accueilli par quelques tags très explicites salissant les murs de la ville, « Sousa, gobbo di merda » , lui rappelant son passé de joueur de la Juventus. Folklore local diront certains, mais le ton est donné. Enfin, le plus important, la direction exigera sûrement moins de tripotage de ballons et un style plus direct, car cette Fiorentina fut aussi belle qu’inefficace ces trois dernières saisons. Les éloges sont toujours flatteurs, mais ne remplissent pas l’armoire à trophées, et la direction l’a fait comprendre à Montella en le licenciant malgré un long contrat. Il ne manque donc que l’annonce officielle, mais Paulo Sousa sera bien le deuxième technicien portugais à officier en Italie après un certain José Mourinho. Mais à Florence, c’est bien du passé de Rui Costa qu’il devra s’inspirer.
Par Valentin Pauluzzi