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Paulo Sergio : « Je ne vois pas le Brésil remporter le Mondial »

Par Thomas Goubin, à São Paulo
4 minutes
Paulo Sergio : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je ne vois pas le Brésil remporter le Mondial<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Vingt ans après son titre de champion du monde, et treize ans après avoir remporté la Ligue des champions avec le Bayern, on retrouve un Paulo Sergio qui n'a pas pris une ride, ni un gramme. À 45 ans, l'ex-attaquant, qui a aussi évolué au Bayer et à la Roma, officie comme secrétaire aux Sports de Barueli, ville de la région de São Paulo. Il se souvient de la Coupe du monde 1994, et du scepticisme ambiant qui accompagnait la Seleção.

Le Brésil croyait-il à une victoire en Coupe du monde en 1994 ?

Non. La Seleção était escortée d’un climat hostile. Le pays ne croyait pas en nous. Pelé avait même déclaré que le favori était la Colombie. Les critiques étaient telles qu’on a arrêté de lire les journaux, de regarder la télé, et on s’est isolés de l’extérieur. La pression était immense, cela faisait 24 ans que le Brésil n’avait pas gagné la Coupe du monde.

Quelle était la force de cette Seleção, alors ?

C’était le groupe. Que l’on soit sur le banc ou sur le terrain, on était tous rivés sur un seul objectif que nous martelait Carlos Alberto Parreira : gagner le Mondial. Notre équipe était excellente, ce n’était pas seulement Bebeto et Romário. Notre défense centrale, composée de Marcio Santos et Aldair, était complémentaire, et au milieu de terrain, avec Dunga et Mauro Silva, c’était costaud. En ne prenant pas de but, on savait qu’à un moment ou un autre, Romário ou Bebeto disposeraient d’une opportunité et marqueraient.

Malgré sa victoire, la Seleção 94 a été critiquée pour ne pas proposer un joga bonito

Oui, mais le joga bonito n’est pas forcément synonyme de résultats, on l’a vu en 1982, par exemple. Au final, ton jeu est peut-être esthétique, mais tu ne restes pas dans l’histoire. En 1994, le Brésil ne pratiquait pas un joga bonito, mais on est entré dans l’histoire car on a été champions du monde. Je rappelle aussi qu’en finale, notre pourcentage de possession de balle était largement supérieur à celui de l’Italie. On n’a pas réussi à marquer lors du temps réglementaire, mais on a été récompensés au terme de la séance de tirs au but. Au moment de cette séance, j’étais tranquille, car on avait bien fait les choses, même si personne ne pouvait penser que Baggio allait être celui qui raterait le penalty.
on s’est rappelé l’une des leçons de nos ateliers d’étude de la Bible

Quel fut le moment le plus dur de ce Mondial ?

Le huitième de finale face aux États-Unis. On a été réduits à dix dès la première période (expulsion de Leonardo pour un coup de coude sur Tab Ramos, ndlr), mais lors de la mi-temps, on s’est rappelé l’une des leçons de nos ateliers d’étude de la Bible, quand Gédéon disposait de 22 000 hommes pour combattre les Madianites, mais que Dieu lui a dit de ne sélectionner que 300 hommes pour partir au combat. Finalement, malgré notre infériorité numérique, Bebeto a marqué. Dieu était avec nous, comme avec Gédéon. Ce fut une victoire très importante pour nous (1-0).

En 1993, vous avez quitté le Brésil pour l’Allemagne, où vous avez signé pour le Bayer Leverkusen. Avez-vous connu des difficultés d’adaptation ?

Ce fut compliqué. Il faut rappeler qu’à l’époque, il n’y avait que trois étrangers par club en Allemagne. Mes coéquipiers n’étaient pas habitués à côtoyer des Brésiliens, et moi je ne parlais pas un mot d’allemand. Heureusement, il y avait Bernd Schuster, qui avait joué au Barça et au Real, et qui me traduisait les consignes en espagnol. C’est l’un des meilleurs joueurs avec qui j’ai joué, même si j’ai aussi connu Totti à ses débuts avec la Roma, ou Effenberg, au Bayern, entre autres. Pour revenir à la question, l’allemand est une langue difficile, que j’ai mis deux ans à bien parler. Mais je suis très heureux d’avoir fait l’effort. Aujourd’hui, je me rends encore trois, quatre fois par an en Allemagne.

Romário était votre coéquipier en 1994. Comment se comportait-il au sein du vestiaire et que pensez-vous de son engagement politique actuel et de ses critiques envers la Coupe du monde ?

En 94, Romário était tranquille. Par ses performances, il a marqué l’histoire. Aujourd’hui, il dénonce surtout le fait que l’organisation de la Coupe du monde n’a pas profité à d’autres domaines. Mais ce qui est important, c’est que la Coupe du monde se déroule bien. Je crois que le Brésil l’organise brillamment, et que le jeu proposé est d’excellent niveau. Les fans sont heureux. On ne peut pas s’arrêter sur les propos de quelques personnes, de vandales, qui veulent seulement dénigrer notre pays.

Le Brésil est également critiqué pour le niveau de jeu de la Seleção. Pensez-vous que Neymar et consorts seront champions du monde ?

On doit vraiment s’améliorer, car on n’a pas encore sorti un match de champion du monde. Pour le moment, je ne pense pas que le Brésil va gagner. Ce qu’il faut, c’est simplement jouer davantage, que les joueurs se montrent plus mobiles, permutent, car notre équipe est trop rigide. On souffre pour se défaire du marquage adverse, mais je crois que les leçons tirées du match face au Mexique vont vraiment nous aider à nous améliorer. Nous avons les joueurs pour remporter ce Mondial. Ils jouent dans les meilleurs clubs européens.
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Par Thomas Goubin, à São Paulo

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