Tu as fait beaucoup parler de toi ces derniers jours en faisant un graffiti anti-Coupe du monde.
Oui, mais je ne comprends pas. Ce graffiti n’avait pas pour but de remettre en cause la Coupe du monde. Je ne suis pas contre. Je voulais simplement apporter un point de vue différent sur l’événement. Il y a de bonnes et de mauvaises choses qui se produisent au Brésil depuis quelques années à cause de cette Coupe du monde, c’est donc plutôt important de parler de ces deux aspects. Et personnellement, je ne suis pas d’accord avec les méthodes de la Fifa.
Pourquoi ?
Pour les mêmes raisons que beaucoup de gens, je pense. Mais aussi parce que j’ai toujours trouvé horrible la façon dont la Fifa transformait les mots brésiliens. Ils ont aussi interdit nos snacks traditionnels dans la rue pour vendre leurs propres sandwichs super cher. Ça peut paraître bête, mais c’est un bon exemple de leur démarche.
Cette Coupe du monde semble malgré tout particulièrement suivie. Comment expliques-tu cet enthousiasme ?
Bizarrement, j’ai vu moins d’enthousiasme que je le pensais au Brésil. Je pense que les gens ont estimé, dans un certain sens, que c’était enfin l’occasion pour eux d’exprimer leur ressenti.
Tu penses que le rôle du street art est de sensibiliser la population ?
Non, c’est simplement l’une de ses possibilités. En revanche, je pense qu’il pourrait être plus critique, j’ai l’impression que les artistes ne réalisent pas qu’ils sont absolument libres de dire ce qu’ils veulent.
On a l’impression que les protestations contre la Coupe du monde se sont calmées depuis le début de l’événement ?
Je pense, oui. En tout cas, c’est ce que je ressens, mais j’ai entendu dire que la police de Rio ne laissait pas les manifestations commencer, qu’elle se montrait assez énergique et violente envers les opposants à la Coupe du monde, tentant d’enrayer les gros rassemblements.
Les médias aussi ne font pas trop leur travail et préfèrent majoritairement se concentrer sur l’enthousiasme lié à cette Coupe du monde. Comment réagis-tu à ça ?
Roberto Marinho (un journaliste brésilien, ndr) a dit une phrase très intéressante à ce sujet en proclamant que « l’important, ce n’est pas ce que la télévision montre, mais ce que la télévision ne montre pas » . Au Brésil, par exemple, ma peinture du petit garçon affamé n’a pas été diffusée autant qu’elle l’a été dans le reste du monde.
Quelle a été la réaction des Brésiliens quand Platini leur a demandé d’attendre la fin de la Coupe du monde pour manifester leur mécontentement ?
Je pense tout simplement qu’ils n’ont pas souhaité prêter attention à ses propos. Ils n’ont clairement pas l’intention de l’écouter.
Malgré ton positionnement, regardes-tu les matchs de la Coupe du monde ?
Quelques-uns d’entre eux, oui.
Lesquels, en particulier ?
J’ai raté le premier match du Brésil, mais j’ai trouvé le second, contre le Mexique, très intéressant.
Le Brésil n’était pas très rassurant quand même…
Oui, c’est sûr. Mais j’ai bien aimé. De toute façon, il y a trop d’intérêts économiques en jeu pour que le Brésil ne gagne pas cette Coupe du monde. Même si les joueurs ne sont pour le moment pas au niveau, ce ne serait pas du tout une surprise s’ils remportaient quand même cette édition.
Quelle est ta relation au foot ?
Nous sommes justes des amis, pas des amoureux. Sans doute parce que je suis un horrible joueur, très mauvais même !
J’imagine que tu as quand même un bon souvenir lié au foot ?
Oui, je me souviens particulièrement d’un match de l’Atalanta contre Calgiari dans le stade de Bergame en Italie, où j’ai de la famille. Je me rappelle encore comment les supporters de l’Atalanta ont fait évolué les choses concernant la répartition des matchs diffusés à la télé. Ils ont publié un fanzine avec leur point de vue, et mon cousin m’a dit que presque personne n’allait au stade à certaines occasions pour protester. Je me souviens également de la fois où j’ai brièvement parlé avec Sócrates, mais cette histoire je ne peux pas la raconter ici…
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