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Paulo César : « Le CA Paris, c’est un super club même si c’est amateur »
Ancien joueur du Paris Saint-Germain entre 2002 et 2007, Paulo César (41 ans) est de retour dans la capitale. Mais, cette fois, dans le rôle du directeur sportif du club amateur CA Paris (D1) dans le 14e arrondissement de Paris. Un ancien pro qui se met au service du foot du dimanche, avant, certainement, d’endosser le costume d’entraîneur au haut niveau.
Pouvez-vous nous expliquer le rôle que vous tenez au CA Paris, depuis votre signature en juillet dernier ? Je suis arrivé dans le rôle du directeur sportif de la section senior du CA Paris. Concrètement, ma principale mission est de faire le lien entre cette équipe et les U16 puis U18. Je cherche à valoriser nos joueurs. En fait, il faut que les meilleurs de ces catégories s’adaptent à l’équipe du dessus en prenant part — de manière régulière — aux entraînements avec la catégorie d’âge supérieure. En revanche, ils redescendent dans leur catégorie pour les matchs. Mais à la différence de ce qui est fait dans beaucoup de clubs, chez nous, ce travail est réalisé dès le début de saison et non pas à la fin. De fait, ils connaîtront les joueurs avec lesquels ils évolueront l’année prochaine et l’intégration se fera plus naturellement. C’est vraiment cette méthode que je veux appliquer au CA Paris.
Vous intervenez directement dans le choix des joueurs surclassés ? Non, c’est une décision que je laisse aux entraîneurs. Mais je leur demande de sélectionner les trois meilleurs joueurs du week-end précédent pour leur permettre d’évoluer un cran au-dessus la semaine d’après.
Comment se passe la préparation pour la saison à venir avec l’équipe senior ? Tout se passe bien pour le moment, même s’il y a beaucoup d’améliorations à faire encore. Je viens d’arriver, donc j’observe beaucoup le groupe, j’essaye de l’accompagner au plus proche. Dans le fonctionnement des séances, l’organisation… Mais je n’interviens pas au niveau tactique, ça, ce sont les responsabilités du coach.
Le CA Paris évolue en Départemental 1. À moyen terme, où est-ce que vous voulez emmener le club ?Ils viennent de monter après une bonne saison. L’objectif est évidemment de retrouver l’échelon Régional 3. Après, on va voir au fil de la saison si c’est possible dès cette année. Mais c’est un objectif à plus long terme qui nous permettrait de se développer au niveau de la structure, et d’offrir une meilleure exposition au club et aux joueurs.
Comment est-ce qu’un ancien joueur professionnel se retrouve dans l’organigramme d’un club amateur du 14e arrondissement ?
Vous savez, ça se fait grâce aux réseaux. Je connais la présidente Magali Munos depuis pas mal de temps. Elle m’a présenté le projet et, déjà, on ne peut pas négliger le fait qu’il y ait plus de 800 licenciés : c’est un super club, même si c’est amateur. Je viens avec un regard professionnel, je connais bien le haut niveau et j’ai l’ambition d’apporter des petites règles qui permettront à ce club de passer un cap.
Quels sont ces points cruciaux ? Ce n’est pas grand-chose, mais parfois à ce niveau amateur, ça n’existe pas. Je parle là du respect des horaires, tout d’abord. On arrive à l’heure pour l’entraînement, ce n’est pas une option, c’est du respect. Je leur demande aussi d’avoir les tenues adéquates pour les entraînements, un point également important pour tendre à être davantage professionnel. Il faut garder en tête ces petites règles de vie qui permettront au groupe d’être sain.
Le club du CA Paris officie également en dehors des terrains, avec des actions sociales comme de l’aide scolaire, des stages pour enfants ou encore des sorties culturelles. Était-ce important pour vous de rejoindre un club avec cette identité sociale forte ? Oui, vraiment ! J’ai pris connaissance de ces actions sociales et de cette dimension si importante pour le club au moment de ma signature. C’est un club de quartier, qui a l’ambition d’améliorer un peu le quotidien de tous ceux qui sont affiliés au club ou à ce 14e arrondissement. On a beaucoup de bénévoles et d’éducateurs qui sont formés par le club, ils permettent aussi de transmettre à chaque catégorie d’âge la mentalité du club. Après, c’est surtout ma présidente qui gère cet aspect-là. Mais je suis persuadé que si nous obtenons de bons résultats sur le terrain, tout en continuant ces actions sociales en faveur des enfants notamment, ça offrira encore plus de crédibilité au club. On peut mener les deux de front.
Vous parlez justement de la présidente Magali Munos. Comment vous décririez son action pour le CA Paris ?C’est très important pour moi de pouvoir compter sur elle. Elle est présente tous les jours, elle est à la fois proche des joueurs, des staffs, des éducateurs… C’est également une joueuse. Et, ce qu’il faut souligner, c’est qu’elle aime ce club. Sans ça, elle ne s’investirait pas autant. Magali gère parfaitement les impératifs administratifs, c’est aussi grâce à elle que le CA Paris progresse. Si les joueurs n’étaient pas contents, ils seraient partis depuis longtemps.
Est-ce que l’on arrive quand même à prendre du plaisir dans le foot amateur alors qu’on a baigné dans le foot pro pendant près d’une dizaine d’années ?
La mentalité est vraiment différente entre le monde professionnel et le monde amateur, c’est une évidence. Mais bien évidemment, on prend du plaisir. On va le chercher ailleurs, et personnellement je le trouve en transmettant mon expérience. En fait, je suis entouré de jeunes joueurs qui ont beaucoup de rêves et d’ambition dans le foot, qui veulent savoir le chemin à emprunter pour justement parvenir à atteindre le haut niveau. Bref, ils ont besoin d’aide et d’expérience. Et sur ce plan-là, c’est vrai que je prends énormément de plaisir. Le sentiment est différent de ce que j’ai connu dans ma carrière.
Quelle est la principale différence justement entre ce foot pro et le foot du dimanche ? Dans le foot amateur, ça manque peut-être d’une certaine volonté d’aller chercher plus haut. Mais il faut comprendre pourquoi. On parle de joueurs qui ne sont pas payés, qui ont un travail à côté avec parfois de fortes responsabilités et qui ne sont pas du tout liées au football. Donc le ballon, pour eux, c’est le moment en fin de semaine où on se détache des problèmes du quotidien et où on vient se faire plaisir, s’amuser.
Une fois votre retraite prise en 2014 au Brésil, que faites-vous ? Je suis devenu entraîneur en deuxième division, dans le club de Juventude au Brésil. Mais j’étais un jeune coach, et c’est très compliqué de s’imposer dans ce pays. Il y a la pression des supporters, la pression du club, des résultats… Au bout de quatre ou cinq mois, ils ont choisi de me licencier à cause des résultats. Pourtant, j’avais un bilan plutôt correct puisqu’on était cinquièmes avec deux victoires, deux défaites, et deux matchs nuls. Mais bon, c’est comme ça, c’est leur choix. À ce moment, j’ai aussi remarqué que mes diplômes du Brésil ne fonctionnaient pas pour travailler en Europe. Donc en 2017, nous avons choisi avec ma famille de revenir en France, où j’ai passé le Brevet d’entraîneur professionnel (BEF) avec la Ligue de Paris.
Être entraîneur est un objectif que vous assumez depuis plusieurs années maintenant.Oui, parce que c’est le métier que je veux faire. J’aime ça plus que tout. Ça n’empêche pas de m’impliquer dans des projets sportifs amateurs comme ce fut le cas avec l’équipe de futsal à Clichy, et désormais avec le CA Paris, bien évidemment. On peut beaucoup apprendre de ces expériences. En parallèle de ma mission ici, je continue à passer les formations nécessaires pour être armé dans ce métier.
Rejoindre le CA Paris, qui est un club affilié au Paris FC, est-ce aussi un moyen de se rapprocher du monde professionnel ? Ça pourrait être intéressant. Mais ça ne fait que très peu de temps que je suis là, donc je n’ai encore eu aucun contact avec le partenaire principal. Le fait que les clubs soient liés et qu’il existe une passerelle entre les deux peut évidemment offrir des opportunités dans le futur. On verra, je n’oublie pas d’où je viens malgré tout, c’est-à-dire du CA Paris, et que j’y suis depuis très peu de temps pour le moment.
Vous semblez toujours rester très attaché à la ville de Paris, malgré votre départ du PSG en 2007.Mon fils joue au Paris Saint-Germain, ma femme se sent parfaitement ici, moi aussi… Oui, c’est une ville spéciale. Ce n’est pas pour rien que c’est le club que je respecte le plus. Je suis toujours proche du PSG, je vais à tous les matchs au Parc des Princes et j’y étais notamment pour voir jouer mes deux anciennes équipes françaises puisqu’ils recevaient le TFC (victoire 4-0 des Parisiens, N.D.L.R). Une chose est sûre, je ne veux pas quitter Paris pour le moment, et je compte y rester un petit moment.
Propos recueillis par Arthur Stroebele