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Paul Bastock : « Je prefère une émission de Gordon Ramsay au foot ! »

Propos recueillis par Clément Pons
Paul Bastock : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je prefère une émission de Gordon Ramsay au foot !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Paul Bastock est devenu le footballeur le plus capé de tous les temps en disputant son 1250e match officiel mi-novembre, soit un de plus que ce ringard de Peter Shilton. Il en a même ajouté trois de plus depuis avec son club de Wisbech Town (10e division anglaise). Entretien sans détours avec une légende qui préférera toujours le kick and rush au tiki-taka.

Comment tu te sens après avoir battu un tel record ? Tu comprends le battage médiatique autour de toi ces derniers jours au Royaume ?Ça a été incroyable. Les montagnes russes… Deux semaines avant de dépasser Shilton (ancien joueur le plus capé de l’histoire, ndlr), j’étais en pleine désillusion face au monde du foot. Je commençais à jouer avec Wisbech Town (10e division anglaise) et dans le même temps, ma courte aventure à Corby Town (D7) se terminait. Je me disais : « Bon, j’ai 47 ans, je redescends en ligue inférieure, ça sent la fin. » . Ce sont ma femme et mon manager à Wisbech qui m’ont dit : « T’es dingue, tu es sur le point de battre un putain de record ! » Je leur répondais : « Je vous en prie, tout le monde s’en fout de ça… Nous, on y porte attention, mais ça n’intéresse personne d’autre. » Finalement, ça a été une vague énorme, un tsunami ! J’ai profité de chaque minute de gloire (Rires.) J’ai même été invité à la cérémonie de la BBC récompensant la personnalité sportive de l’année. C’est incroyable. Inimaginable, même…

Quelle a été ta première réaction au moment d’entrer sur la pelouse pour ton 1250e match contre Sleaford ? J’étais soulagé. Un soulagement total. D’autant que la veille, j’ai eu un accident de voiture. Rien de grave, mais… Les matchs passent, et toi, tu te dis juste « Faut pas que je me blesse, faut pas que je me blesse… » Et là, j’ai un accident. C’était complètement de ma faute, j’ai légèrement touché une femme qui traversait. Ma première pensée était évidemment de prendre de ses nouvelles, l’accompagner à l’hôpital, etc. Mais ça allait, plus de peur que de mal. Après ça, je me suis dit que moi aussi, j’aurais pu être blessé. J’avais hâte de franchir la ligne d’arrivée.

Les médecins m’ont détecté un problème et m’ont mis en garde sur les risques que j’encourais en continuant au haut niveau. J’avais quarante ans. (…) Aujourd’hui, j’ai 47 piges et je joue encore au foot.

Ton histoire, c’est celle d’un gars qui dirige une entreprise de nettoyage de vitres à Boston, dans le centre-est du Royaume-Uni, et qui est devenu le 11 novembre 2017 le joueur le plus capé de tous les temps. Ça ferait un bon scénar’ de film, non ?(Rires.) C’est complètement ridicule, vraiment ! Je suis resté footballeur « à temps partiel » presque toute ma carrière. Quand on a remporté la Youth Cup en 1987 avec Coventry, je pensais que je pouvais devenir un gardien de but de haut niveau. J’ai fait mes débuts dans le foot à Cambridge, j’avais 17 ans et je m’imaginais grimper les échelons en Football League (première division anglaise avant l’apparition de la Premier League en 1992, ndlr). Malheureusement, c’est l’inverse qui s’est produit. Je suis descendu, mais je me suis accroché. Je me suis quand même retrouvé en Football League avec Boston. Tout roulait jusqu’à une opération mineure au genou. Mais là, les médecins ont détecté un problème et m’ont mis en garde sur les risques que j’encourais en continuant au haut niveau. J’avais quarante ans, c’était une décision importante à prendre parce qu’évidemment, ça me tenait éloigné des terrains. Aujourd’hui, j’ai 47 piges et je joue encore au foot.

Le foot est devenu plus… robotique. Maintenant, tout le monde joue de la même façon, essaie d’avoir un max de possession, tout devient une question de skills.

Pourquoi une entreprise de nettoyage de vitres ? C’était juste pour oublier toutes ces frappes qui venaient déjà nettoyer les toiles d’araignées dans ton but ?Non, non ! Je jouais au haut niveau mine de rien dans ces ligues inférieures, ça ressemble à du temps complet. Mais j’avais besoin d’un boulot à côté, un truc assez flexible pour être capable de me plonger dedans pendant les journées off. Je voulais être mon propre patron. Ça aide aussi à grandir, à prendre des responsabilités de savoir comment gérer tes affaires, passer les commandes de matériel… Le foot était toujours ma priorité, mais tu dois penser à ce qui vient après ta carrière. Et puis, au niveau auquel je jouais, l’argent ne coulait pas à flots…

Quel regard as-tu sur le foot moderne ? Tu as déjà dit que tu avais songé à quitter le milieu parce que tu en avais marre…Je crois personnellement qu’on a perdu nos identités. Le foot est devenu plus… robotique. Maintenant, tout le monde joue de la même façon, essaie d’avoir un max de possession, tout devient une question de skills… Je trouve qu’on a perdu des caractères, des personnages comme Paul Gascoigne, des joueurs qui divertissent comme on en avait l’habitude. Maintenant, tu as des sommes d’argent folles, tu fais deux saisons au top niveau et tu n’as plus jamais besoin de travailler. Même si tu ne joues pas ! Au cours des trente dernières années, j’ai aimé joué au football la plupart du temps. Je pense que dans les ligues inférieures, chacun peut donner son avis, il faut écouter tout le monde et finalement, tu as un équilibre. L’échange avec les supporters dans ces divisions est plus simple. Ça te permet d’apprécier d’autres qualités.

Regarder du foot, c’est assez ennuyeux. Ça va être une passe latérale, une passe en retrait, une autre passe latérale… Le foot semi-pro est plus direct, plus excitant.

Est-ce qu’il y a quand même un club, un joueur qui te fait vibrer ?J’ai toujours supporté Birmingham City parce que j’ai grandi dans les Midlands, mais je n’ai jamais été un gros suiveur du foot. Si là, tu me demandes si je préfère suivre un match ou une émission de Gordon Ramsay, je choisis Gordon ! Regarder du foot, c’est assez ennuyeux. Ça va être une passe latérale, une passe en retrait, une autre passe latérale… Ce n’est plus du foot. Le foot semi-pro est plus direct, plus excitant.

Qu’est-ce que ça représente pour toi de battre le record de Peter Shilton ?Ah, Peter Shilton, c’était tout pour moi quand j’étais gamin. C’était mon idole. Je portais toujours le maillot du gardien de l’Angleterre, je m’accrochais à la barre transversale comme lui, en espérant grandir un peu, je m’étirais au max… Mais ça n’a jamais marché !

Shilton est le gardien qui a encaissé le but de la « main de Dieu » de Diego Maradona en quarts de finale de la Coupe du monde 1986 au Mexique. Toi, c’est quoi le pire but que tu aies concédé ?Le pire but ? C’était sur une passe en retrait en ma direction. Il y avait des mottes de terre partout sur le terrain et j’ai foiré mon dégagement en envoyant le ballon dans mes filets. Très embarrassant. Mais je crois avoir encaissé tous les buts un peu farce possibles !

C’est quoi ton meilleur souvenir ? Ta victoire en Youth Cup contre le Southampton de Matt Le Tissier et Alan Shearer ?C’était un moment marquant, forcément. Mais jouer mon premier match en Football League avec Boston contre Bournemouth, je pense que c’est mon meilleur souvenir. C’était à domicile, le premier match après notre promotion en D1. L’ambiance, toutes les chaînes de TV comme Sky Sports, etc. C’était fou.

Tu vas probablement arrêter ta carrière à la fin de la saison. Est-ce que tu as des regrets après trente ans de ballon ?Oui. J’ai lâché la Football League de moi-même parce que je n’étais pas assez payé pour être joueur pro à Cambridge. C’est probablement mon plus gros regret : avoir lâché alors que j’aurais dû rester et persévérer.

Tu as une idée du joueur encore en activité qui est le plus proche de ton nouveau record ?Aucune idée. Mais je pense à 100% que ce doit être un gardien de but. Pour pouvoir jouer autant de matchs que Shilton ou moi… Parce que la rotation pour un autre joueur de champ est plus importante.

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