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- Brésil-Suisse (1-1)
Patrick Müller : « Cette Suisse va être difficile à jouer »
Le Suisse Patrick Müller, six fois champion de France avec l’OL dans les années 2000 et international à 81 reprises, revient sur ce premier match nul très encourageant arraché par la Nati contre le Brésil (1-1).
Belle surprise de la Nati, qui accroche le Brésil pour son premier match ! C’est sûr qu’avant le match, beaucoup de monde voyait le Brésil gagner. Mais sur l’ensemble, le résultat est assez logique. Même s’il y a eu quelques situations un peu chaudes en fin de partie qui auraient pu permettre au Brésil de s’imposer. Les Suisses sont montés en puissance au fil du match. On les a vus timides en première mi-temps, mais volontaires, agressifs et bien organisés avec un état d’esprit extraordinaire après la pause. Ils ont fait un super match et ont regardé le Brésil dans les yeux.
Les matchs de préparation avaient déjà été encourageants, avec notamment ce nul contre l’Espagne…Bien sûr. Mais même si les matchs amicaux sont intéressants, le résultat en lui-même importe peu. Aujourd’hui, c’était un match important. Jouer le Brésil en ouverture, ce n’était pas un cadeau. Après ce résultat et ce bon nul, on peut espérer quelque chose de cette équipe de Suisse pour la suite de cette Coupe du monde.
Akanji, titularisé aux côtés de Schär en charnière centrale, a été impressionnant. Qu’avez-vous pensé de cette défense centrale ?Je pense que c’était prévu depuis un petit moment. Petković savait qu’il allait utiliser cette charnière-là. On a vu qu’elle a très bien fonctionné, avec un milieu de terrain qui a aussi beaucoup aidé dans la récupération du ballon. Un bloc bien compact qui n’a pas laissé beaucoup d’espaces aux Brésiliens. C’était difficile pour eux de trouver les solutions.
Au milieu de terrain justement, Valon Behrami a muselé Neymar tout au long du match. Quel regard portez-vous sur sa prestation ?Il a été impressionnant. C’est un joueur qui depuis toutes ces années a engrangé beaucoup d’expérience. Ça a toujours été un battant, un guerrier. Il a rayonné au milieu du terrain ce soir. Quand on a un joueur comme ça, qui répond présent dans les duels, qui gagne des ballons face aux stars brésiliennes, ça tire tout le monde vers le haut. Il a vraiment été énorme. Il joue sa quatrième Coupe du monde et ce soir, il a montré que c’était lui le patron au milieu du terrain.
Le marquage individuel, c’est la seule solution pour arrêter Neymar ?Il y en a pas mal qui ont déjà essayé, mais Neymar arrive quand même à faire la différence. On dit souvent qu’il faut être à deux ou à trois pour le bloquer… Valon a réussi à faire ça à lui tout seul ! Je pense que Neymar va encore y penser cette nuit ! (Rires.)
Quels sont les autres hommes que vous dégagez de ce match côté suisse ?Yann Sommer a été très précieux en fin de match. Il a été là au bon moment. Behrami sort vraiment du lot, mais le reste de l’équipe a fait un match très sérieux. Très solidaire, très concentré, très appliqué, avec un état d’esprit positif. Que ce soit le Brésil, la Serbie, le Costa Rica… Ça nous est égal. On sait qu’on est forts et c’est ce qui se dégage de cette équipe. L’image d’un collectif fort.
Après ce premier match nul encourageant contre le Brésil, que peut-on espérer pour la Natidans ce Mondial ? Aujourd’hui, pour la Suisse, c’est fini d’être content de se qualifier pour les phases finales des compétitions internationales comme l’Euro ou le Mondial. Cette équipe peut prétendre à beaucoup plus. Il ne faut pas s’enflammer, mais si elle continue à démontrer ces qualités-là, on peut espérer qu’elle reste encore quelques semaines en Russie.
Vous les voyez aller jusqu’à quel stade ?Les huitièmes, on en a déjà joué assez, ça suffit. Il faut viser la marche supérieure, donc minimum un quart. Après, sur les matchs à élimination directe, tout peut arriver. On a connu l’élimination contre la Pologne aux tirs au but à l’Euro, élimination contre l’Ukraine aux pénos quatre ans avant, élimination contre l’Argentine en prolongation lors de la dernière Coupe du monde. Donc je pense que cette équipe de Suisse arrive gentiment à maturité. Elle va être difficile à jouer. Ce ne sera pas facile de trouver des solutions pour l’adversaire. Il va falloir tout de même qu’elle monte en puissance sur le plan offensif, à essayer de se créer plus d’occasions. Le but arrive sur coup de pied arrêté, mais dans le jeu offensif, il y a encore des choses à améliorer.
Pour Leonardo, Zinédine Zidane a bien fait de refuser le BrésilPropos recueillis par Maxime Feuillet