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Patrick Montel : « Je n’aime pas trop les vainqueurs »

Par Kevin Charnay
Patrick Montel : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je n&rsquo;aime pas trop les vainqueurs<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Dans son bureau de France Télévisions, entre deux enregistrements pour Tout le Sport, Patrick Montel est conscient d'être clivant, mais est toujours heureux d'avoir l'occasion de parler de sport. Entre le CS Sedan-Ardennes, Alan Shearer, Neymar, Johan Cruyff et Thierry Roland, rencontre avec un fou du commentaire.

Quel est votre premier souvenir de football ?Mon premier souvenir de foot, c’est la seule occasion que j’ai eue de connaître mon père et d’être à son contact. Il était gardien de but et il était assez bon. Il a toujours évolué en amateur dans la région parisienne, mais il avait passé des tests au FC Metz qui, à l’époque, jouait en deuxième division, et avait échoué d’assez peu. C’était un père assez absent, et je le voyais en réalité à l’occasion des matchs de football. Il m’a transmis cette passion, et c’était pour moi le moyen de rester un peu avec lui. C’est pour ça que le foot a pris cette importance-là pour moi. Il était supporter du Racing Club de Paris et j’allais user mes culottes au stade de Colombes pour voir le Racing. J’étais évidemment comme lui un supporter inconditionnel du Racing, devant Daniel Varini ou Jean Taillandier. Des noms qui, aujourd’hui, ne veulent rien dire à personne, mais qui, pour moi, signifient beaucoup.

Et aujourd’hui, vous supportez quel club ?J’ai gardé cet amour du Racing jusqu’à ce que le club dépose le bilan. Et à ce moment-là, comme j’étais encore petit garçon, mon amour s’est automatiquement transféré sur le club qui l’avait absorbé, le club d’une ville où je n’avais jamais mis les pieds : Sedan. C’est une ville assez incroyable parce que c’est une ville de défaite. La ville de la grande défaite de 1870. Donc, je suis devenu supporter inconditionnel de Sedan et, aujourd’hui, je le suis toujours par fidélité à cette histoire-là. Pour moi, le résultat le plus important de la semaine, c’est toujours le résultat de Sedan. Le reste, je m’en fous un peu. Quand Sedan descend, je suis triste. Quand Sedan monte, je suis heureux. C’est complètement con parce que je me fous assez de la gueule des supporters qui vivent comme ça. Mais en réalité, je vis à ce rythme-là aussi.

Où vous puisez cet amour pour le club de Sedan ?Je pense qu’il n’y pas de hasard dans les amours qu’on porte dans la vie. Je me suis trouvé totalement en symbiose avec Sedan, parce que Sedan, c’est les ardents Ardennais, les Sangliers, les footballeurs ouvriers. Et c’est sûr qu’entre les patrons et les ouvriers, je n’hésite pas une seconde. Donc je me suis trouvé en phase avec ces mecs qui bossent à la fois à l’usine et qui vont en finale de Coupe de France à côté. J’ai des souvenirs de colo où j’ai rejoué cent fois Sedan-Rennes, la finale de 1965, on perd à chaque fois et j’étais le gamin le plus malheureux de la Terre. Et puis, on a eu des joueurs enthousiasmants pour entretenir cet amour après : Mustapha Dahleb, Zacharie Noah, Pierre Tordo… C’étaient des gens qui m’étaient familiers, même si je ne les avais jamais rencontrés.

Mon truc, ce serait d’aller commenter OM-PSG à Marseille en arrivant avec le maillot de Neymar. Je trouve que ce serait drôle.

Vous avez pu connaître cette ville que vous supportiez ?Oui, à l’occasion d’un match de Coupe de France qu’on m’a envoyé commenter il y a six ou sept ans contre Forbach. Ça a été pour moi une révélation, j’ai été frappé par le côté désindustriel. Ces ardents Ardennais, ces footballeurs ouvriers étaient devenus des chômeurs longue durée avec une immigration très forte et une forme de désespérance. Je me souviens très bien qu’on était très proches du public et on a été au contact de tous ces gamins. J’ai vu ce que c’était ce rêve impossible de devenir un Zizou. J’ai trouvé ça à la fois beau et d’une tristesse terrible. En plus, c’était un mois de janvier, il faisait un temps merdique. Mais j’avais besoin de ce retour aux sources. Un retour aux sources auxquelles il n’y a pas eu d’origines. C’est assez étrange, je sais.

Pour France 3, vous allez commenter des matchs chez les gens. La dernière fois, pour PSG-Lyon, vous décidez de supporter l’OL. C’est un réflexe de soutenir l’équipe supposée la plus faible ?Alors ça, c’était juste une provocation. En réalité, je ne suis pas plus pour l’OL que pour le PSG. En dehors de Sedan, je n’ai aucune préférence. Là, c’était une posture. Mon truc, ce serait d’aller commenter OM-PSG à Marseille en arrivant avec le maillot de Neymar. Je trouve que ce serait drôle. Mais il n’y a rien de méchant, c’est de la provocation sympathique. En revanche, c’est vrai que, naturellement, je suis toujours pour l’équipe la plus faible.

Pourquoi ?J’ai été éduqué comme ça, et j’en remercie mes parents. Entre le mec qui a tout et celui qui n’a rien, j’ai toujours préféré celui qui n’avait rien. J’ai toujours pris la défense des David contre les Goliath. Aussi parce qu’à la fin, si c’est David qui gagne, la victoire est beaucoup plus belle, beaucoup plus méritée et méritante. Et parce que j’ai toujours une tendresse pour ceux qui sont appelés à perdre. Je n’aime pas trop les vainqueurs. J’aime bien les perdants magnifiques, qui se nourrissent d’une défaite pour progresser ensuite. C’est aussi pour ça que j’aime bien le rugbyman, parce que, culturellement, la première chose qu’il fait, c’est rendre hommage à son adversaire. Rendre hommage au perdant et le magnifier. Je suis dans cet état d’esprit.

Donc, dans le football, la culture du chambrage vous dérange ?On chambre, on tue, on humilie, ce sont des termes guerriers extrêmement forts. Comment peut-on imaginer un vainqueur s’il n’y a pas un perdant ? Si toi, tu es heureux d’être vainqueur, il faut que tu puisses comprendre que cette victoire, tu la dois à ton adversaire qui a perdu. Donc la première chose à faire, c’est de lui rendre hommage. Ça me gêne beaucoup que ce soit oublié dans le football. C’est normal qu’on apprenne à gagner, car le système repose là-dessus, mais apprendre à respecter l’adversaire, c’est important aussi.

Thierry Roland, c’est la voix de la Coupe du monde 1998. Il a dit qu’il pouvait « mourir tranquille » parce que la France avait gagné. Et à son enterrement, il n’y avait aucun membre de France 98 qui était là.

Qu’est-ce qui vous fait rêver dans le foot ?Je vis pour le commentaire. Alors ce sont les mecs qui vont me donner envie de monter encore plus fort en émotion. Ce sont des gestes, des attitudes. Il y a une chose que je ne supporte pas, c’est la faute utile. Putain, ça me rend fou ! Il n’y a pas de faute utile, il y a des fautes, point barre. Ce que j’aime, c’est le côté chevaleresque du geste. Un gri-gri en plus, ça ne me dérange pas. Un grand pont, une passe aveugle, une talonnade… Quelque chose, quoi. Ça me transporte. Et le plus formidable de tout, dans mes rêves les plus fous – on est dans le meilleur des mondes, hein –, un mec dribble tout le monde, il arrive devant le gardien, et le gardien glisse, trébuche sur un coup de malchance. Bah le mec tape à côté, parce que le but n’a plus aucune saveur. Je sais que c’est utopique, irréel, mais j’aime bien ça.

En dehors de Sedan, quels joueurs ou quelles équipes vous ont marqué ?La référence absolue pour moi, c’est l’Ajax de Cruyff. Mais il y a aussi Lev Yachine, l’épopée des Verts, Dominique Rocheteau l’Ange vert qui chopait toutes les gonzesses que je rêvais d’avoir, c’est Michel Platini, toute cette époque-là. Et puis, le football, pour moi, c’est aussi Thierry Roland. Ce n’est pas un footballeur, mais c’est le football. C’est un guide, c’est lui qui m’a fait aimer le commentaire. D’ailleurs, une chose m’a déçu : il avait cet amour absolu du football, plus que quiconque, il est la voix de la Coupe du monde 1998. Il a dit qu’il pouvait « mourir tranquille » parce que la France avait gagné. Et à son enterrement, il n’y avait aucun membre de France 98 qui était là.

Ce sont des références qui commencent à dater. Dans le football moderne, plus rien ne vous parle ?Si, bien sûr, j’aime toujours le foot. Il y a le Barça, par exemple, qui, pour moi, est l’héritier de Cruyff. Maintenant, c’est un peu plus compliqué, mais c’est l’équipe qui me parle le plus. La grande époque du Barça sous Guardiola, voilà une équipe pour laquelle j’avais les yeux de Chimène. Et en plus, il y a une histoire. Barcelone, ça va au-delà du foot, il y a toute un identité. Sous Franco par exemple. Pour moi, le jeu en lui-même ne peut pas être déconnecté du sens politique et historique qui l’accompagne. Lorsqu’il y a le match Pays-Bas-Argentine en finale de Coupe du monde, je pense à Videla, aux mecs qui ont été torturés dans le stade et à l’attitude des joueurs néerlandais ce soir-là. Un joueur, c’est effectivement quelqu’un qui a du talent, mais c’est aussi quelqu’un qui est capable de respecter l’époque dans laquelle il vit et les gens qui viennent au stade.

Quel joueur représente le mieux cet état d’esprit, selon vous ?Mon idole absolue de ce point de vue, c’est Alan Shearer, que j’ai eu la chance de rencontrer. Il m’a toujours dit que même s’il était malade, il avait une obligation de mouiller le maillot et de se défoncer vis-à-vis des ouvriers qui étaient là et qui payaient leurs billets. Moi, j’aime bien ce genre de discours. Le football, c’est du lien, c’est des gens qui n’ont pas grand-chose et qui rêvent, et d’autres qui ont tout parce qu’ils savent jouer avec un ballon.

J’ai fait une belle boulette. Ce n’était pas sur Neymar que j’ai gueulé. Ce qui me gêne aujourd’hui, ce n’est pas l’histoire de Neymar, c’est qu’on atteint des niveaux indécents.

Aujourd’hui, il y a encore des mecs qui vous font ressentir ça ?C’est ça la question. Aujourd’hui, j’ai du mal à m’identifier aux héros modernes. C’est valable dans l’athlétisme aussi, attention. Qu’est-ce qu’il y a en commun entre un pauvre type comme moi et Neymar ? Rien. Autant je peux m’identifier à Alan Shearer, autant je ne sais rien de Neymar. Tout ce que je vois, c’est des Unes de magazines en papier glacé, des tweets formatés par des community managers. À l’époque, il y avait une relation directe entre le journaliste et le footballeur, on pouvait savoir qui il était. Aujourd’hui, même si Neymar est un type formidable, ce que je ne sais pas, je n’ai aucune chance de le savoir.

Justement, il y a peu, vous avez passé un coup de gueule contre le transfert de Neymar à Paris en direct sur Stade 2. Quel message vous vouliez vraiment faire passer ? J’ai fait une belle boulette. Ce n’était pas sur Neymar que j’ai gueulé. Aujourd’hui, dans le foot, il y a une bulle financière qui est en train de devenir absolument incohérente et indécente, qui va éclater. Ce n’est pas l’histoire de Neymar. Ce qui me gêne aujourd’hui, c’est qu’on atteint des niveaux indécents. Au niveau de la société, il faut toujours rattacher la réalité sportive à celle politique et économique. Il y a un mec brillantissime au foot qui gagne 100 000 euros par jour. Aujourd’hui, il y a des chercheurs qui font en sorte que l’on vive plus longtemps, des professeurs, plein de gens dans la société qui ont une vraie utilité sociale et qui sont payés de manière très chiche. Est-ce qu’il n’y a pas un juste milieu entre le mec qui gagne 100 000 euros par jour et le mec qui gagne une misère alors qu’il a une utilité sociale très forte ? C’est tout. Aujourd’hui, les footballeurs appartiennent à des fonds de pension, à des financiers qui ne connaissent rien au ballon ou à des États qui utilisent leur image à des fins géopolitiques. Est-ce qu’on ne va pas trop loin dans l’indécence et la démesure ? C’est tout ce que j’ai voulu dire. Et le cas Neymar a servi d’exemple, particulièrement parlant, parmi d’autres.

On a associé votre discours à de la démagogie.Qu’est-ce que tu veux que je te dise…? Si je suis d’accord avec toi, je suis un mec bien. Si je ne le suis pas, je suis soit un enculé soit un démagogue. C’est un peu lapidaire. La notion de démagogie, la notion de footix, je trouve ça fabuleux. On utilise ça à tort et à travers. C’est quoi la démagogie ? Quand je parle du chercheur qui va permettre de guérir les gens du sida ou du palu, je ne pense pas faire de la démagogie. J’espère sincèrement que ces mecs-là vont être payés correctement. Est-ce que c’est démagogue de dire qu’il faut sauver des vies ? Est-ce que c’est démagogue de dire que le traitement infligé aux migrants est indigne ? Est-ce que c’est démagogue de dire qu’on ne trouve pas normal de parler d’un fait divers en France en fermant les yeux sur des centaines de personnes au milieu de l’océan ? Si ça l’est, alors oui, je suis démagogue.

L’autre argument utilisé contre vous était : « Et le salaire d’Usain Bolt, il ne vous dérange pas ? » Je ne fais pas de différence entre Usain Bolt et Neymar. Bolt gagne très bien sa vie. Je ne connais pas les chiffres exacts, mais s’ils sont exorbitants, l’indécence est la même de payer cette somme-là à un mec qui court le cent mètres en 9’58, aussi incroyable que soit la performance.

Que le milieu d’une équipe évolue en losange, en rectangle, en parallélépipède ou machin, est-ce que c’est vraiment capital ?

Aujourd’hui, vous pensez quoi de la manière dont est commenté le football ?Je trouve qu’il y a une dérive. Historiquement, le commentaire sportif était basé sur l’émotion. De cette émotion à la Thierry Roland, on a rajouté au fur et à mesure un peu de technicité via les consultants. Et aujourd’hui, on en est à la technicité pure au détriment de l’émotion. Je trouve que c’est extrêmement regrettable. C’est nourri aussi par tout ce qui est « before » et « after » parce que les mecs n’ont pas de pognon pour acquérir les droits et doivent trouver autre chose. Que le milieu d’une équipe évolue en losange, en rectangle, en parallélépipède ou machin, est-ce que c’est vraiment capital ? Je pense qu’il y a une juste mesure à respecter entre une lecture du jeu honnête au niveau technique et une émotion qu’il ne faut pas galvauder. Je suis désolé, mais le sport en direct, ça reste un concentré d’émotions. Aujourd’hui, j’aimerais bien un équilibre. Des fois, j’ai l’impression de voir deux consultants. Chacun doit rester dans sa zone. Pour moi, les références restent Thierry Roland, puis Thierry Gilardi, qui avaient l’émotion chevillée au corps.

Les commentateurs qui ne sont pas pointus techniquement passent aujourd’hui pour des ringards, non ?Totalement. C’est depuis les chaînes à péage. Quand les chaînes à péage sont arrivées, elles ont mis en avant la technicité, ce qui est normal. Ils ont dit : « Sur TF1 ou France Télé, ce sera grand public. Si vous voulez vraiment du lourd, venez chez nous. » Alors on nous refile plein de chiffres. Tel mec a fait 8,522 kilomètres, et 122 passes. Putain, trop fort ! Mais qu’est-ce qu’on s’en branle, sérieusement ? J’en ai rien à foutre, moi. Ça, c’était un argument de vente des chaînes à péage et je le comprends. Mais aujourd’hui, ça s’est imposé à tout le monde. Si on ne fait pas ça, on n’a pas fait son boulot. Je ne suis pas d’accord. Que le consultant fasse ça, et encore je ne vois pas trop l’intérêt, ok. Mais le commentateur doit véhiculer l’émotion. Et j’ai l’impression, effectivement, que le commentateur est un peu inhibé de ce côté-là, parce qu’il a peur de passer pour un ringard. Et pour un footix, pour reprendre cette expression magnifique.

Aujourd’hui, vous prenez plus de plaisir à commenter l’athlétisme ?Le football, c’est beaucoup plus facile. Il y a 22 mecs et un ballon. L’athlé, il y a une multitude de sports à maîtriser. Il faut jongler entre les épreuves et réagir très vite. Le football, c’est linéaire avec un espace restreint. Du coup, je ne comprends pas pourquoi on veut absolument complexifier le football. C’est le sport le plus simple du monde, c’est ce qui fait sa beauté, c’est ce qui fait qu’il y a une telle adhésion à ce sport. Mais pour répondre à ta question, je prends du plaisir dans n’importe quoi. Là, je vais commenter de l’aviron de mer, et je vais prendre autant de plaisir qu’en athlé ou en foot. Le plaisir, je le prends dès qu’il y a du commentaire. Il n’y a pas de sport qui m’apporte plus qu’un autre. Le tir à la carabine à dix mètres m’a fait kiffer grave aux JO. Ce qui m’intéresse, c’est véhiculer l’émotion. Il faut juste savoir la saisir, quel que soit le sport.

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Par Kevin Charnay

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