Quand on vous parle de football, quels sont vos premiers souvenirs qui surgissent ?
La première fois que je suis allé voir un match de foot avec mon père. Je devais avoir cinq, six ou sept ans. C’était au stade Robert-Diochon, à Rouen, qui évoluait alors en D1. À l’époque, je me rappelle qu’ils se trimbalaient entre le milieu du tableau et les premières places. C’étaient les Diables rouges, comme on disait ! Ce jour-là, qui était un dimanche après-midi, il y avait du soleil. J’ai un souvenir, une sensation, une image vraiment forte qui a marqué mon enfance : les clameurs de la foule que je pouvais entendre. À l’époque, il y avait ce qu’on appelle des levers de rideau, des matchs avant la grande affiche. Et je me rappelle avoir monté les escaliers pour aller au stade, j’étais petit et ça me paraissait immense… La pelouse verte était éclaboussée de soleil, les équipes arboraient des maillots rouges et des maillots jaunes. Paaaah, c’était comme un choc pour moi ! Avec les hurlements de la foule, j’étais presque en état de sidération. En même temps, j’avais un peu peur, mais pas trop. C’est vraiment la première image que je garde en tête. Plus tard, je suis retourné au stade Robert-Diochon à l’occasion d’un reportage pour Téléfoot. J’étais allé interviewer l’entraîneur et des joueurs de l’époque. C’était au début des années 2000, donc y revenir cinquante ans après, c’était intéressant.
À propos de cette première en tant que jeune spectateur, vous avez dit dans une précédente interview avoir découvert « une espèce de paradis sur terre » . Comme si c’était une révélation pour vous…
Oui, vraiment, c’était cette sensation-là. Les mots sont justes. On entrait dans une espèce d’endroit irréel. On n’était pas dans la réalité. Un gazon vert, des mecs qui s’habillent pour l’occasion, des crampons, des buts, des corners, des règles, etc. Qu’est-ce que ça veut dire tout ça (rires) ? C’est d’ailleurs sans doute ce qui fait que c’est un sport qui marche. C’est physique, dur, animal. Les gens s’y révèlent et montrent qui ils sont vraiment. Mais, en même temps, c’est un sport extrêmement sophistiqué. Il y a un peu d’art là-dedans, car l’art est sophistiqué. Il y a quelque chose qui n’est pas dans la réalité. Par exemple, la discipline du saut en longueur. Un mec qui cherche à sauter le plus loin possible, ce n’est pas sophistiqué. Alors que dans le foot, ça l’est. Il y a une façon de faire un petit pont, une talonnade. On est aussi un peu dans la chorégraphie quand on joue et regarde du foot. J’avais emmené il y a longtemps ma femme au Parc des Princes pour voir le PSG jouer contre une équipe anglaise. Et ça l’avait scotché !
Dans votre enfance, vous avez eu l’occasion de pratiquer le foot, puisque vous avez joué minimes et en cadets pour le FC Rouen. Qu’est-ce que ça donnait à l’époque Patrick Chesnais sur un terrain de football ?
Je portais le numéro 7 et jouais ailier droit. J’étais très rapide, plutôt dribbleur, mais pas avec une grosse frappe. J’étais assez grand, très agile et j’allais vraiment vite, j’avais un très bon démarrage. Je n’étais pas un bourrin, plutôt un artiste (rires). Et comme chaque artiste, je n’étais parfois pas en forme, fatigué, je ratais des trucs. J’ai peut-être trop joué, car je ne peux plus désormais. J’ai un ami qui a une équipe et qui joue chaque dimanche. Déjà quand je fais arbitre dans un tournoi de foot, je suis explosé à la fin de la journée. Quand ça m’arrivait de jouer avec des jeunes de 25 ans, je me mettais derrière et laissais ensuite ma place au bout de cinq, dix minutes. Je ne peux plus désormais, c’est la nature, il y a rien à faire.
Puis il y a aussi cette sélection nationale pour les Bleus en cadets. Racontez-nous…
C’était en lever de rideau de Rouen-Racing. Le Racing club de Paris qui était champion de France. C’était comme le PSG maintenant, l’équipe à abattre. Les stars étaient là-bas. Comme c’était en lever de rideau, ils prenaient quelques gars dans différentes régions. C’était une tradition à l’époque. Je me souviens du match, c’était contre l’Allemagne et on a perdu 3-1. Je n’ai pas fait seulement un bon match, j’ai marqué le but pour les Bleus. J’ai rattrapé le coup, car l’équipe adverse ne devait pas considérer que j’étais dangereux. Parce que dans mon équipe, la plupart des gars se connaissaient et ne passaient pas le ballon aux autres pièces rapportées comme moi. Je ne représentais pas une source de danger pour les Allemands, donc. Sauf qu’à un moment, j’ai reçu la balle quand même. J’étais tellement tranquille que j’ai marqué le but. Et là, stupéfaction générale (rires) ! Mes coéquipiers que je ne connaissais pas me regardaient étrangement, ils ne comprenaient pas. Après, j’ai été remplacé, non pas parce que j’avais marqué, mais parce qu’il fallait faire tourner. Ça reste un bon souvenir, je ne m’en rendais pas trop compte à l’époque. Le stade était bondé !
Il y a une forme de douceur chez Pastore. Avec ses yeux écarquillés, on dirait encore un enfant.
Devenir joueur professionnel, c’est un rêve que vous auriez aimé embrasser ?
Ah oui, vraiment. Ça ne m’a pas que traversé l’esprit. Je me rappelle que je rentrais de l’école, je passais mon temps à m’entraîner. Il y avait une espèce de garage chez moi avec un grand mur. Je tapais dessus : gauche, gauche, droite, droite, amorti, blocage, etc. Je m’entraînais comme un malade. Sauf qu’assez vite, je me suis rendu compte que dans l’équipe où j’étais et dans les différentes catégories, je n’étais pas le meilleur. Quand tu te rends compte qu’il y a des mecs meilleurs que toi à ton poste… De temps en temps, j’étais pas mal, ça le faisait. Mais je me suis dit à moi-même que si je n’étais pas le meilleur en minimes et en cadets à Rouen, je ne serais pas le meilleur en équipe de France. J’irais pas en équipe de France déjà (sourire). Mais j’ai tout de même dit à mes parents que je souhaitais devenir footballeur professionnel. Mon père aimait le football et pensait que c’était une lubie de gamin, que c’était mon esprit d’explorateur qui parlait. Mais, en même temps, il voyait que je m’entraînais, que je jouais dans un club et il venait me voir les dimanches. À l’époque, je m’intéressais en parallèle au théâtre et au cinéma. Un matin, je me suis réveillé et j’ai dit à mes parents : « Ça y est, j’ai trouvé, je ne veux plus être footballeur. Je veux être acteur. » Ma mère m’a répondu : « Rendors-toi, il n’est pas encore l’heure d’aller à l’école. » Voilà sa réponse. Mes parents trouvaient, cette fois, que je devenais raisonnable (rires).
Quand on est jeune et fan de football, on a forcément des idoles qui nous inspirent. Quelles étaient les vôtres ?
Just Fontaine, j’aimais beaucoup. Ça reste le recordman de buts inscrits en une seule Coupe du monde (13 buts en 1958). À l’époque, les scores étaient fleuves et les défenses moins regroupées. C’était une star, à l’instar de Kopa. Kopa, ça se rapprochait davantage de ce que je savais faire. Il était inspiré, savait dribbler, c’était l’artiste. J’affectionnais également Piantoni, le gaucher, et Jean Vincent, décédé depuis. Jean Vincent jouait milieu de terrain à gauche. En 1998, je l’ai rencontré. On était dans un car ensemble pour se rendre au stade. Il est venu vers moi et m’a dit : « J’adore la façon dont vous jouez. » Et je lui ai rétorqué que j’adorais aussi la façon dont il jouait. Il était surpris que je le reconnaisse, il ne s’attendait pas à ce que je sache que c’était lui ! Il m’a répondu que ça lui faisait plaisir. Je lui avais même raconté qu’il s’était fait expulser d’un match entre Reims et Rouen en seconde période, sous les huées du public. Il m’a alors dit qu’il s’en rappelait et qu’il n’avait rien fait ! (rires)
Et aujourd’hui, y a-t-il des joueurs qui vous enchantent, vous font lever de votre siège ? Il se dit que vous appréciez le toucher de balle de Javier Pastore…
J’ai fait l’émission de Drucker, Vivement Dimanche, et l’invité principal a la possibilité de convier des personnes qu’il aime bien et connaît. Malheureusement, l’enregistrement de l’émission a lieu un mercredi, et Pastore jouait le soir même. Mais j’aurais bien aimé qu’il vienne parce qu’il parle un peu français en plus. J’adore ce joueur. Il est élégant. Certes, il rate pas mal de choses, mais il tente. Il fait des passes absolument incroyables. Puis il y a une forme de douceur chez lui. Avec ses yeux écarquillés, on dirait encore un enfant. Je l’aime parce qu’il est différent. Quand je ne le vois pas sur la feuille de match, je suis frustré. Il fait partie de cette caste de joueurs qui peuvent être sublimés ou descendus.
Vous avez la chance de pouvoir assister à quasiment tous les matchs des Bleus. Être dans un stade, ça vous procure quel genre d’émotions ?
(Il réfléchit longuement) Le football est un divertissement. Je suis spectateur et supporter. Car quand on va au stade, c’est vibrer, vivre le match. Quand je vais à un concert de jazz, je vibre en écoutant de la musique. Et là, c’est pareil avec le foot. On vit l’instant et on ne sait pas ce que va être l’instant d’après dans le foot. C’est ce qui fait qu’on vibre. Tout le monde est assis et se lève en même temps pour crier. Quels que soient les milieux sociaux, on fait tous les mêmes gestes et les mêmes cris. Il n’y a plus de différences le temps d’un match. Mais on parle là de vrais supporters. En 1998, il y avait un tas de personnalités qui venaient et n’en avaient rien à branler du foot. Ils ne connaissaient même pas les règles et ne comprenaient pas pourquoi les gens se levaient de leurs sièges ! C’était un vrai problème. Et aujourd’hui, on a cette impression qu’il y a plus de témoins que d’acteurs dans les tribunes.
Je n’hésite pas à enregistrer les matchs et je fais en sorte de ne pas prendre de taxi sur le chemin du retour ou alors je demande à couper la radio
Cette équipe de France, quel regard portez-vous sur elle ? À propos du fiasco de Knysna, en 2010, vous avez déclaré que ce n’était pas si grave…
Ça m’a inquiété parce qu’il y avait une forme d’hystérisation de la part des médias en général. Ça faisait de l’audimat à l’époque. J’ai l’impression que le scandale a été hypertrophié pour que les gens s’engueulent. Les politiques s’en sont mêlés, Roselyne Bachelot et Rama Yade notamment. C’était ridicule. Et Nicolas Sarkozy qui voulait faire les États généraux du foot… Il fallait virer tout le monde, c’était la Révolution, c’était 1789 ! C’était vraiment ridicule, idiot. Tout ça parce qu’ils n’avaient pas souhaité s’entraîner. C’est comme si moi, j’allais en prison parce que je refuse de répéter deux jours avant une première. Ça ne se fait pas, c’est emmerdant, mais ce n’est pas si grave. On a déplacé le problème, car le vrai scandale, c’était que la France avait été très mauvaise. Si on avait été très bons, on en aurait parlé, mais certainement pas autant. C’était une catastrophe sur le terrain. Juste avant le Mondial, je m’étais fait opérer de la hanche pour pouvoir tranquillement regarder les matchs dans mon canapé. J’ai quand même été sur les plateaux télévisés pour dire à tout le monde de se calmer un peu et que tout ça n’était pas si grave. Il n’y a pas eu mort d’homme. Je pense aussi que les gens ont toujours besoin de dramatiser. Ils ont été traités comme des parias, des pestiférés, des moins-que-rien. Maintenant, la France est devenue une bonne équipe, sans plus. J’étais au Stade de France pour le match contre l’Ukraine. C’était super. Puis à la Coupe du monde, on a été corrects. C’est ça désormais l’équipe de France, elle est correcte. On passe les poules, on fait un huitième de finale et en quarts, salut. Tout ça est honorable, correct. Ça roule, mais il n’y a pas de quoi emballer les foules.
Dans la vie de tous les jours, êtes-vous un grand consommateur de football ?
Assez, oui. Je n’hésite pas à enregistrer les matchs et je fais en sorte de ne pas prendre de taxi sur le chemin du retour. Un jour, j’avais demandé au chauffeur de couper la radio, car je ne voulais pas savoir le résultat. Il m’a répondu que, de toute façon, ils avaient fait 0-0 (rires) ! C’est fondamental de ne pas savoir le résultat, sinon la dramaturgie est foutue. Le danger vient toujours là où on ne l’attend pas. Il y a quelques années, j’avais enregistré un match important. Après le théâtre, j’avais dîné avec des producteurs de cinéma et j’avais réussi à ignorer le score en me bouchant les oreilles. Toute la soirée, j’avais ramé pour passer entre les gouttes. J’arrive chez moi vers quatre heures du matin, je m’installe dans mon salon, je prends ma petite bière, je lance le magnéto. Puis j’entends des pas dans l’escalier. C’était ma mamie, la grand-mère de ma femme, qui était venue quelque temps chez nous. En voyant, elle m’a dit : « Patrick, vous regardez le match ? La France a gagné 2-1. » J’étais effondré. J’étais arrivé chez moi, tranquille, à la campagne. Mais non…
Si vous puisez dans votre mémoire footballistique, quels sont les principaux matchs marquants qui vous viennent en tête ?
Il y a, évidemment, le fameux match à Séville, en 1982, entre la France et l’Allemagne. Ça, c’était un délire… En plus, j’étais à Beli et je n’avais pas la télé. J’avais dû prendre la seule suite avec une télévision dans un Sofitel, ça m’avait coûté une fortune. J’ai regardé ça avec ma femme qui m’accompagnait. Au point de vue dramaturgie, c’était quelque chose… On mène 3-1 dans la prolongation, on se dit que c’est finger in the nose. Tranquille. Puis surgit un ange blond maléfique, c’était le diable. La gueule un peu grêlée, les cheveux longs. Je m’étais dit : « Oh putain, celui-là va nous faire mal ! » Il y a un Saint-Étienne et Dynamo Kiev qui m’a marqué en Coupe d’Europe. Battus 2-0 à l’aller à Kiev, ils avaient gagné 3-0 au match retour. Puis il y a la finale de Coupe du monde 1998. J’étais au stade et c’était magnifique ! La finale de 2006, c’était quelque chose également. On aurait dû la gagner, on était au-dessus des Italiens, mais il y a eu le coup de boule de Zidane…
En tant qu’homme de théâtre, voyez-vous des similitudes entre le monde du théâtre et celui du ballon rond ?
Oui, comme les jours avec et les jours sans. L’inspiration du moment. Ce côté où certains joueurs doivent travailler davantage. D’autres sont différents, plus fous, tentent des choses et improvisent avec le ballon. C’est aussi le cas au théâtre. On retrouve cette fascination du spectateur, lequel est suspendu au pied du joueur ou aux lèvres de l’acteur.
On ne va pas filmer un match, on le regarde en direct. Certains l’avaient fait en fixant une caméra sur Zidane et j’avais trouvé ça ennuyeux. C’était raté.
Et l’acteur, le réalisateur et le scénariste que vous êtes, comprend-il que le football a quasiment toujours été abordé au cinéma à travers des comédies ? Parce que la dramaturgie qui la caractérise est trop compliquée à exporter sur le grand écran ?
Dans le football, il y a une dramaturgie, des tensions. C’est un spectacle. Il y a des moments où ça s’emballe, on se fait chier, on est inspiré. Il y a quelques films qui ont été faits sur l’apprentissage et la difficulté de s’imposer dans les clubs en Angleterre. Mais les comédies, en France, ce sont des grosses blagues. Ça ne parle pas vraiment de foot. L’angle du foot est choisi pour vanner, c’est dans la déconne. Joue-la comme Beckham, c’est pas mal, mais ce n’est pas français. C’est un joli film. Ça parle de foot, mais surtout de toutes les choses qui s’imbriquent dans la vie.
Justement, seuls deux films français, Coup de tête (1979) et À mort l’arbitre (1984), ont d’ailleurs été salués par la critique. Et ils n’abordaient que des aspects périphériques, pas le terrain…
Dans Coup de tête, on voit les tensions, la pression qu’il peut y avoir sur les joueurs, le rapport à l’argent, même si c’est à un niveau amateur. Les coulisses du foot sont intéressantes à raconter. En revanche, c’est compliqué de filmer un match. Car le film d’un match ne sera jamais aussi fort que le match en lui-même. On ne va pas filmer un match, on le regarde en direct. Certains l’avaient fait en fixant une caméra sur Zidane (Zidane, un portrait du XXIe siècle, 2006) et j’avais trouvé ça ennuyeux. C’était raté. Aux États-Unis, les films sur les sports sont davantage pris au sérieux, alors qu’en France…
En 2012, à l’occasion de l’Euro, vous étiez invité sur le plateau de 100% Foot sur M6 et aviez poussé un coup de gueule sur l’abondance de commentaires et d’analyses de la part de journalistes et consultants aujourd’hui. Bill Shankly, manager légendaire de Liverpool, a dit un jour : « Le football est un sport simple rendu compliqué par des gens qui n’y connaissent rien. » Est-ce qu’il n’y a pas de ça un peu aujourd’hui ?
Ce n’est pas propre au football. Regardez les réseaux sociaux, on vit une époque de commentaires. C’est la même chose au cinéma et au théâtre. Certaines critiques, par exemple, expliquent au metteur en scène le film qu’il aurait dû faire. En ce qui concerne les matchs de foot, c’est encore pire. Le dimanche soir, après la grande affiche de Ligue 1, ils prennent l’antenne deux heures avant. Et ils expliquent, racontent, dissèquent. Puis, à la fin de la rencontre, il y a le débrief. Et le lendemain, une autre émission pour en parler encore. Il y a des spécialistes, tout le monde donne son avis. Je pense que les gens, qui ont tous leur points de vue, aiment voir des journalistes ou des consultants débattre. Désormais, on a l’impression que le commentaire devient presque plus important que l’événement en lui-même. Après la sortie d’un film, il m’est arrivé avec un metteur en scène de lire certaines critiques. On se dit : « Ah ouais, il y a tout ça quand même dans le film. Je l’ai pas vu alors que je l’ai tourné. » Certains partent dans des analyses… « Oui, la caméra est là parce que, etc. » Alors que pas du tout, le réalisateur a posé sa caméra et rien d’autre. Point final.
Pour beaucoup, le football contemporain a perdu de son charme en raison notamment de la manne financière qu’il y a et des transferts aux montants faramineux, défiant parfois toute raison. Comme si on avait perdu cette passion presque innocente pour le jeu…
C’est une question de société. Le foot n’a pas perdu de son charme. Les matchs sont meilleurs qu’avant, de meilleure qualité. Ça va plus vite, c’est plus spectaculaire. Auparavant, il y avait parfois des matchs absolument calamiteux. C’est devenu un spectacle mondial qui intéresse des milliards de gens. C’est le système capitaliste qui fait désormais qu’il y a autant d’argent dans le foot. Sans argent, c’est compliqué de briller sur la scène mondiale. Je supporte le PSG, c’est mon club, mais il a fallu sortir le carnet de chèques pour avoir l’équipe qu’on a aujourd’hui. En 2008, on est passés tout près de la relégation, c’était terrible. J’ai un copain, Diastème, avec lequel j’ai tourné cet été. Il adore le foot, mais il trouve qu’il y a trop d’argent dedans désormais. Selon lui, il y a quelque chose de biaisé. Mais c’est pareil dans les plus grands clubs européens. Le carnet de chèques ne fait pas tout encore. Et heureusement. Des joueurs peuvent ne pas répondre aux attentes, le collectif d’une équipe ne pas prendre. Il reste encore beaucoup d’incertitudes.
Pourquoi Kanté doit absolument être le capitaine des Bleus