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Garande : « Il n'y a pas de secrets pour battre Bruno Genesio »

Propos recueillis par Quentin Ballue

Carlo Ancelotti, Pep Guardiola et José Mourinho n'ont jamais su venir à bout du maestro Bruno Genesio. Patrice Garande, lui, y est parvenu deux fois avec le Stade Malherbe de Caen, dans l'enfer de d'Ornano. Mais comment a-t-il fait ?

Garande : « Il n'y a pas de secrets pour battre Bruno Genesio »

Félicitations Patrice, vous avez accompli quelque chose que Pep Guardiola, José Mourinho et Carlo Ancelotti n’ont jamais réussi : battre Bruno Genesio.

Merci, c’est une façon de voir les choses. (Rires.)

C’est quoi la recette ?

Il n’y a pas de secret ! La première chose, c’est déjà de faire comprendre à mes joueurs que c’est possible. Normalement, il n’y a pas photo quand tu es le Stade Malherbe de Caen (que Garande a entraîné de 2012 à 2018, avait de diriger Toulouse et Dijon, NDLR). Le premier travail à mener est d’ordre psychologique : on joue Lyon, tout le monde pense qu’on n’a aucune chance, ils sont plus forts, mais le foot fait que sur un match, il peut se passer des choses.

Vous avez réussi à le faire dans deux contextes différents, à la fois en championnat (3-2 en janvier 2017) et en Coupe de France (1-0 en mars 2018).

La Coupe, c’est particulier, on voit plus fréquemment des grosses équipes chuter. Le plus dur, c’est en championnat. Il faut trouver les ressources nécessaires pour pouvoir battre ces équipes. Le contexte joue beaucoup. Bruno en a parlé : avant de jouer Manchester City, ils étaient venus à Caen et ils n’avaient pas gagné (2-2, Ferland Mendy avait égalisé à la 89e minute, NDLR). Indépendamment de l’aspect tactique, il y a surtout l’analyse de l’aspect psychologique au moment où on les joue (en janvier 2017, Caen bat l’OL sept jours avant l’Olympico, NDLR). On sait qu’ils ont un gros match derrière et qu’ils sont tous branchés dessus, c’est plutôt un avantage pour nous.

 

L’idée, c’est de rendre possible quelque chose qui paraît impossible. Il faut mettre ça dans la tête des joueurs, démystifier l’adversaire.

Vous aviez décelé des failles particulières dans son équipe, son organisation ?

Je regardais les forces et les faiblesse de l’adversaire, mais j’essayais surtout de faire en sorte qu’on joue notre jeu. Quand on joue avec trois centraux et deux pistons, c’est d’abord parce que j’ai deux joueurs très bons sur les côtés, Vincent Bessat et Frédéric Guilbert, qui amènent des centres pour Ivan Santini, un hélicoptère qui prend tout de la tête. En mettant du rythme, une certaine intensité, de l’agressivité, on espérait que les joueurs de Lyon lâchent. La condition, c’était qu’on soit à 200% de nos possibilités. C’est ce qui s’était passé, mais si on avait joué le match dix fois, on l’aurait perdu neuf fois. Je ne me souviens plus ce qu’on avait mis en place au niveau tactique mais dès qu’on affrontait des équipes plus fortes que nous, on essayait de démystifier l’adversaire. On s’est sauvé à deux reprises contre le PSG. Normalement, c’est impossible quand on est Caen. Pourtant, on s’est sauvé au Parc (1-1 en 2017) et ensuite chez nous (0-0 en 2018). L’idée, c’est de rendre possible quelque chose qui paraît impossible. Il faut mettre ça dans la tête des joueurs, démystifier l’adversaire : montrer que ce sont des joueurs comme eux, qu’ils ont aussi des failles. Le plus gros travail, il est là.

 

Le baiser de la mort.
Le baiser de la mort.

Vous avez ouvert le score à chaque fois sur ces deux matchs. C’était déterminant de maîtriser les événements, de ne pas courir après le score ?

On parlait de l’aspect psychologique : quand vous menez, ce n’est pas la même chose. Les joueurs y croient plus, se sentent plus forts et se disent qu’ils peuvent le faire. Vous mettez en place quelque chose, vous dîtes aux joueurs que c’est possible, ça se passe comme vous l’avez présenté : les joueurs sont confortés. Si on avait dû courir après le score, peut-être qu’on se serait écroulé en se disant que ce n’était pas possible. Face au Real, Bruno met des choses en place, ça fonctionne, ils ont ce penalty à une minute de la mi-temps : les joueurs sont comme des fous, ils se disent que c’est possible.

Finalement, il a su mettre en place ce qu’il a lui-même subi régulièrement contre des « petites » équipes du championnat.

Oui, il y a de ça. Il avait aussi donné une interview que j’avais beaucoup aimée, où il parle de City et de son intuition, du pressentiment qu’il a dans sa composition d’équipe. Il y a aussi ça. Son idée, à chaque fois, c’était de jouer, ne pas subir. À l’intérieur de vous, en tant qu’entraîneur, vous devez avoir ce sentiment qu’il va se passer un truc. Si les joueurs croient à ce que vous leur dîtes, il se passe quelque chose le jour du match. Quand ça réussit, c’est fantastique.

 

Les équipes de Bruno sont comme ça : avec le ballon, on tente des choses, on crée, on va poser des problèmes à l’adversaire. Sans le ballon, il y a un investissement de la part de tous, il ne manque pas un joueur.

Au-delà de vos victoires, vous avez affronté Bruno Genesio six fois au total. Quel souvenir vous gardez de l’opposition qu’il vous proposait ?

Je me souviens que j’ai pris des bananes ! On a pris des claques contre Lyon. J’aime beaucoup Bruno, il est d’une humilité incroyable. J’étais quelques fois en souffrance pour lui par rapport à sa dernière année à Lyon. Il avait de très bons joueurs, j’ai toujours aimé la façon dont il manageait son groupe et faisait jouer son équipe. Il avait les idées claires sur sa manière de jouer, ça se voit partout où il passe. Toutes les équipes qu’il a dirigées sont plaisantes à voir jouer. Je n’aime pas le terme de « football champagne », mais à Lille, là encore, ça va vers l’avant, ça joue, ça se produit beaucoup d’occasions. La marque de Bruno, c’est ça. Ce qui me plaît, c’est qu’il y a du rythme dans son football. J’aime quand il se passe des choses, qu’il y a de la verticalité.

Vous avez apprécié ce qu’il a mis en place face au Real Madrid mercredi ?

Ils font une première mi-temps fantastique. Chaque fois qu’un Lillois touchait le ballon, il n’y avait pas simplement la volonté de se dire « on ne le perd pas parce que c’est le Real en face », non. On sentait la volonté de poser des problèmes à l’adversaire. Ils l’ont fait. Sur la deuxième période, c’était plus difficile car le Real a haussé le rythme et mis plus d’impact, mais on a retrouvé des vertus de solidarité et du talent sur le plan défensif. Les équipes de Bruno sont comme ça : avec le ballon, on tente des choses, on crée, on va poser des problèmes à l’adversaire. Sans le ballon, il y a un investissement de la part de tous, il ne manque pas un joueur.

 

 

Perdre contre Saint-Étienne puis gagner face au Real, est-ce que c’est représentatif de sa carrière ? Il lui a souvent manqué un petit truc face à des adversaires plus modestes pour réussir de très grandes choses.

Je trouve que c’est un peu réducteur. Brest en a pris trois à Auxerre, ils en ont mis quatre à Salzbourg… Je ne peux pas imaginer qu’ils n’avaient pas la tête à la Ligue des champions. Ces matchs sont tellement particuliers que sur le match qui précède, il peut y avoir un investissement un peu moins important de la part des joueurs, par peur de se blesser. Sur un championnat, il peut aussi y avoir des moments où tu es un peu moins bien. Ce n’est pas propre à Bruno. Quand vous êtes outsider, que tout le monde vous donne perdant, qu’est-ce que vous avez à perdre ? Vous jouez le Real Madrid, la meilleure équipe du monde, à part faire un exploit, qu’est-ce que vous voulez qu’il vous arrive ? C’est plus facile de préparer les joueurs sur le plan psychologique dans ce contexte, vous n’avez rien à perdre. Quand vous êtes favori, ça demande autre chose comme préparation. L’approche est différente.

 

Pour moi, Bruno Genesio est capable d’entraîner dans les grands et les très grands clubs.

Où vous le placez dans le panorama des entraîneurs français en activité ?

Il a fait des choses, Bruno ! Il a de la bouteille. Quand il entraînait Lyon, il avait beaucoup de pression. Pour moi, il est capable d’entraîner dans les grands et les très grands clubs. Je n’aime pas trop faire de classement, mais il fait partie de ceux qui n’ont plus grand-chose à prouver. Le réduire à des coups contre le Real ou contre Manchester, c’est très réducteur. Il a prouvé sur la durée qu’il était à la hauteur. En France, je trouve qu’on n’apprécie pas nos entraîneurs à leur juste valeur.

Sur les dix dernières années, il pourrait prétendre à se placer derrière Didier Deschamps, Zinédine Zidane, Christophe Galtier et Rudi Garcia ?

Voilà, vous avez la réponse ! Vous l’avez situé. Il est parmi les tout meilleurs.

Bruno Genesio à la table de Jürgen Klopp et Diego Simeone

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