ACTU MERCATO
Pato, parti trop tôt
Alors qu’il semblait retrouver un très bon niveau à Villarreal, Alexandre Pato a finalement fait le choix de la Chine, six mois après son arrivée en Espagne. Regrettable, quand on sait que le joueur n’a que vingt-sept ans et qu'il avait encore beaucoup à offrir à l’Europe ou au Brésil.
Un positionnement idéal, un plat du pied puissant et un timingparfait : voilà ce qui restera du dernier but, facile à inscrire, d’Alexandre Pato avec Villarreal et en Europe. Et, disons-le tout net, sûrement au plus haut niveau. C’était le 20 décembre dernier contre Toledo, dans un match retour de Coupe du Roi durant lequel l’attaquant avait égalisé à l’heure de jeu. Pas forcément le plus beau des départs. N’empêche qu’un mois plus tard, le Brésilien pose avec Fabio Cannavaro, son nouvel entraîneur qu’il vient de rejoindre au Tianjin Quanjian, en Chine. Comme Alex Witsel. « Je suis très heureux de faire partie de cette nouvelle famille du Tianjin Quanjian » , réagit sur Twitter celui qui percevrait désormais six millions d’euros par saison et qui a permis d’en rapporter 18 à son ancien club.
Certains augureront que l’aventure asiatique de Pato ne pourrait être que passagère, et qu’on pourrait très bien revoir l’avant-centre sur le Vieux Continent dans les prochaines années. Ils n’auront pas réellement tort. Après tout, vingt-sept ans, c’est encore un âge relativement jeune pour un footballeur. Mais ce qui pose problème et déçoit, c’est qu’un talent comme celui-ci parte dormir sur un lit de billets dans un endroit où le ballon rond n’est que gadget, alors même qu’il avait retrouvé une partie de sa splendeur dans la province de Castellón. Avec le sous-marin jaune, le Sud-Américain n’a pas franchement brillé niveau statistiques, certes. Mais au-delà de ses six buts en 24 rencontres (plus quatre passes décisives), l’ancien grand espoir de la Seleção avait retrouvé le sourire et ses jambes. Toujours aussi élégant, il paraissait influent dans le jeu et faisait du bien à son équipe. Toujours capable d’exploits personnels et de gestes d’une classe rare, Pato avait su évoluer et était devenu un attaquant qui se mettait au service du collectif. Rien à voir avec celui du Milan, qui ne pensait qu’à marquer. « Je suis très bien, reconnaissait-il encore en décembre en remerciant son entraîneur face à la presse.Fran (Escribá)m’a donné beaucoup de confiance. Je suis bien et j’ai besoin de jouer pour être à mon niveau. »
Sauf que voilà : à regret, il faut désormais parler du bel Alexandre au passé. En juillet dernier, le président de Villarreal Fernando Roig se félicitait de sa nouvelle recrue, qui annonçait une certaine idée des ambitions du club : « Pato va nous aider à faire une grande saison. Il a été dans des grands clubs européens, il est jeune et est très motivé. » Reste qu’il n’a pas pu, ou su refuser l’offre chinoise, qui met un terme officieux à la carrière du principal intéressé pour ceux qui voient le verre à moitié vide. Car la Chine n’est pas le Brésil. Loin de là. Quand l’ancien Milanais avait décidé de retourner à la maison en 2013, après cinq saisons et demie de hauts et de bas en Italie, ce n’était pas pour se la couler douce. Au contraire. Dans l’idée, Pato voulait se ressourcer, puis retrouver son niveau avant de retenter sa chance en Europe. « Je sais qu’un jour, je vais jouer en Angleterre, assurait-il ainsi au Daily Mailen janvier 2016. C’est le meilleur championnat du monde, j’aime l’émotion que ce championnat dégage avec ses stades et ses supporters.(…)Je veux écrire une nouvelle page de mon histoire en Europe. J’en rêve encore. »
La fin de l’Europe
Ce qu’il avait fait, puisque Alexandre Rodrigues da Silva, de son vrai nom, avait rallié Chelsea après avoir planté près de 50 pions en trois ans avec les Corinthians et São Paulo. Si son expérience anglaise avait eu tout d’un bide, Pato n’avait pas lâché, comme en témoignent ses propos sur SporTV en juillet : « Je veux rester en Europe. Ma tête est tournée vers l’Europe. Je veux jouer ici. Mais si ça ne passe pas, je retournerai au Brésil. J’ai dit à mon agent qu’en ce moment, je ne veux écouter personne au Brésil. Actuellement, je ne peux dire ni oui, ni non. Je ne veux pas créer des espoirs ou de la colère. Voyons ce qu’il se passera et si rien ne bouge en Europe, nous nous poserons et nous écouterons ces clubs. Je n’ai aucun regret d’être venu à Stamford Bridge. Chelsea m’a très bien reçu. » Avec le recul, on aurait sûrement préféré qu’il retrouve son pays plutôt que de transiter en Espagne…
Par Florian Cadu