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Pastore, le nouveau départ
Recrue star de l'été dernier avec ses 42 millions d'Euros collés sur le front, Javier Pastore fait aujourd'hui figure de mec lambda au sein de l'effectif parisien depuis les arrivées d'Ibrahimovic, Thiago Silva et Lavezzi. Suspendu contre Lorient, l'Argentin débute réellement sa saison ce soir, à Ajaccio. Un millésime que l'on devine très particulier pour El Flaco.
Dans la vie, tout va très vite. Trop vite. Été 2011. Le Paris-SG de QSI fracasse le marché des transferts en refilant plus de 40 briques à Palerme en échange de Javier Pastore. Un milieu de terrain argentin, prometteur mais inégal depuis deux saisons en Sicile. A son arrivée à Paname, le milieu de terrain aimante les flashes des photographes et les critiques. Trop cher pour certains, monstrueusement talentueux pour d’autres. Ses premiers pas dans le championnat de France sont marquants. Pendant deux mois, le numéro 27 séduit les romantiques et les sceptiques. Talonnades à gogo, déviations, passes décisives, reprise de volée victorieuse, accélérations. On ne voit que lui. On ne parle que de lui. Il marche sur l’eau. Les avis sont unanimes, le PSG a réalisé un grand coup. Puis, comme souvent dans les histoires d’Amour, la routine s’installe. Javier est de moins en moins sexy et ses défauts de plus en plus visibles.
Les six mois suivants seront plus difficiles. Pastore a un coup de mou, il n’a plus de jus, le moteur est grippé et les blessures arrivent. Comme d’habitude, le public français – bien aidé par les médias, il est vrai – fait sa spéciale : on lèche, on lâche, on lynche. Pastore est devenu une arnaque. Un poids mort. Le prix de transfert revient avec insistance et tirer à boulets rouges sur le joueur devient le jeu préféré de la plèbe après Angry Birds. Pourtant, les chiffres de sa première saison ne sont pas si dégueulasses que ça (13 réalisations et 5 passes décisives en 33 apparitions) et les circonstances atténuantes sont nombreuses (arrivée tardive, pression médiatique, découverte de la Ligue 1, positionnement à définir). Difficile de dresser un bilan objectif de la première saison de Pastore au PSG. Échec ou réussite ? Tout le monde a son idée. Quoi qu’il en soit, un mec comme ça respire le ballon, c’est une évidence. Carlo Ancelotti le sait et a une idée en tête : le faire reculer pour avoir le jeu face à lui. Constamment. Durant la préparation estivale, l’Argentin a changé de registre. Aussi bien sur le pré que dans les médias.
Un joueur lambda
Centre du monde l’an dernier, Pastore est rentré dans le rang avec les poids lourds du mercato estival en provenance de Serie A. Actuellement, tous les yeux sont braqués sur Zlatan – le plus gros salaire –, Thiago Silva – le plus gros transfert – ou encore Lavezzi – le plus tatoué. Javier, lui, est tranquille. Pénard dans son coin. Il se fait même des petits barbecues chez Sylvain Armand. C’est devenu un joueur comme les autres. Un nouveau statut qui doit le libérer. Hasard ou pas, l’Argentin a réalisé une préparation estivale très convaincante dans un poste de milieu reculé. Sa vista et sa qualité de passe (jeu long, jeu court) doivent permettent à l’Argentin d’être la première rampe de lancement des attaques parisiennes. Il doit servir de liant entre les lignes. Cet été, le numéro 27 a pris du plaisir et ça s’est vu. On l’a même vu défendre, ce qui n’était pas forcément le cas l’an dernier. Signe d’un joueur qui se sent bien. Ou mieux. Affuté physiquement (il a l’air moins light que lors de son arrivée, par exemple), Pastore est amené à prendre plus de responsabilités collectives au sein d’une équipe qui s’en cherche un, justement, de collectif. Ça passe par des matches pleins mais également par une présence, des prises de position et une occupation médiatique plus importante. Fini le Javier solitaire et caché. Ce n’est plus le joyau du club surprotégé. Aujourd’hui, le mec a le même statut que les autres.
Dès lors, sa langue se délie et on découvre un joueur ambitieux sur le site officiel du club cette semaine. « On a une équipe importante, armée pour faire de grandes choses, à savoir gagner un titre en fin de saison et faire bonne impression en Ligue des Champions. J’aimerais que l’on s’impose dans le championnat, et pourquoi pas également gagner la Coupe de France. Tout en faisant, je le répète, bonne figure en Europe. Aujourd’hui, on est obligés de gagner tous nos matches. On n’a pas eu la chance de réussir lors du premier rendez-vous, mais entrer dans la compétition est toujours le plus compliqué. Il faudra être plus sereins, jouer notre jeu et donc aller à Ajaccio pour se battre pour le titre dès le départ. » Pour ce faire, El Flaco prendra place au sein du trio de l’entrejeu après un premier acte passé à regarder les siens en tribunes. Ce soir, sa saison démarre réellement. D’ici quelques mois, on saura vraiment ce que vaut l’ancienne starlette de Palerme. Sa réputation est celle d’un génie. Sur le pré, il y a encore des choses à prouver. Cette incertitude est certainement la chose la plus excitante depuis l’apparition de Mallaury Nataf dans le pilote du Miel et les Abeilles.
Par Mathieu Faure