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Passi, la bonne tête de Vainqueur

Par Eric Carpentier
4 minutes
Passi, la bonne tête de Vainqueur

Une nouvelle fois cantonné à l'ombre sur le Rocher, Franck Passi ne va pas moins grappiller toujours plus d'expérience, de points et de crédit. Au point de former avec Thierry Henry un duo à la complémentarité aussi élevée que les espoirs placés dans la paire Vainqueur-Fábregas ? C'est possible.

Finalement, il est arrivé. Après une officialisation unilatérale de la part du club prêteur, Antalyaspor, après un stop mis par Monaco pour une visite médicale révélant une blessure au mollet gauche et donc une absence de « disponibilité pleine et immédiate » , après l’arrivée en grande pompe de Cesc Fàbregas, William Vainqueur est donc devenu un joueur de l’AS Monaco. Un soulagement pour tous les amoureux du club, tant l’ancien Marseillais est vu comme le chaînon manquant permettant d’apporter stabilité et expérience à un collectif en manque cruel de repères. Moins clinquant que l’Espagnol, mais au moins aussi essentiel a priori. Et la transposition des influences techniques à la tête de l’équipe première : Fàbregas pour Henry, Vainqueur pour Passi. Preuve que l’homme de l’ombre va une nouvelle fois se rendre indispensable.

Better call Franck

Comme pour Vainqueur, l’influence pleine et immédiate de Franck Passi ne s’est pas fait sentir sur le Rocher : deux jours après l’officialisation de son arrivée en tant qu’adjoint de Thierry Henry, le 20 décembre, Monaco s’incline à domicile dans le match de la peur contre Guingamp (0-2). Thierry Henry ne va pas passer de bonnes fêtes, l’état d’urgence est renouvelé en Principauté, toujours 19e à cinq points (et un match en moins) de la ligne de flottaison. Franck Passi, lui, va pouvoir reprendre ses marques dans un club qu’il a fréquenté le temps d’une saison en tant que joueur. C’était en 1993-1994, saison durant laquelle Henry dira adieu aux U17 en plantant 42 pions, avant de filer avec le groupe pro pour l’exercice suivant. Et de découvrir une élite hexagonale qu’il fréquentera durant cinq ans et 141 matchs.

Pas mal, mais encore loin de Passi et ses 299 matchs de championnat entre 1983 et 1994, Division 1 & 2 incluses. Surtout, le natif de Bergerac a depuis eu le temps de parfaire sa connaissance de la géographie nationale du ballon, d’abord à Cannes, puis dix ans à Marseille, et enfin le temps d’une pige à Lille. Aujourd’hui, le Périgourdin peut être considéré comme l’égal des dinosaures du foot français, Galtier, Antonetti ou Roux, pour les plus anciens. L’égal… version adjoint. Car excepté des passages aussi sérieux qu’éphémères en tant qu’entraîneur principal à Marseille et Lille (31 matchs au total, 13 victoires, 7 nuls, 11 défaites), Franck Passi conserve cette image d’éternel second. Mais il partage avec ses confrères une caractéristique essentielle : il faut – du verbe faillir – rarement dans ses missions. En d’autres termes : il a déjà montré, là où Thierry Henry a tout à prouver.

Théorie et pratique des idées

« C’est important que mes adjoints me challengent » , disait l’un le 20 décembre ; « c’est lui le boss » , ajoutait l’autre : autant de signes de volonté de travailler de concert de la part d’un duo pas forcément évident. D’abord parce que la cible première s’appelait Julien Stephan. Ensuite parce que lui glisser un adjoint expérimenté, de 11 ans son aîné, peut apparaître comme un désaveu pour Titi. Enfin parce que Passi a déjà martelé son ambition : devenir entraîneur principal. Il ne s’en est d’ailleurs pas caché au moment de son arrivée : « Ça ne veut pas dire que dans cinq ans, je ne serai pas numéro un ailleurs. » Au vrai, si les choses tournent mal, Franck Passi pourrait très bien retrouver le devant de la scène bien plus tôt que prévu, et sans déménager. Nous n’en sommes pas encore là, mais la possibilité a pu peser dans la tête des dirigeants monégasques au moment de faire leur choix.

En attendant, Henry et Passi ne tarissent pas sur leur vision commune du football, leur volonté de relance courte, jeu au sol et déséquilibre du bloc adverse. L’un a eu Wenger ou Guardiola comme entraîneurs, l’autre Bielsa en patron. Ça aide pour parler le même langage footballistique, de même qu’être tous les deux trilingues (français, anglais, espagnol) aide à faire passer le message à un effectif international. Mais ce que Thierry Henry n’a peut-être pas, Franck Passi peut lui apporter : un canal de communication simplifié, des idées mises à l’épreuve de la réalité de la Ligue 1 et la capacité à parler fort et direct – à gueuler des phrases de moins de dix mots, en somme. En fait, tout ce qu’attend l’AS Monaco de William Vainqueur dans son entrejeu, pour aller chercher les points là où ils sont. Et charge à Cesc Fàbregas de développer une pensée plus complexe.

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Par Eric Carpentier

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