- Sortie de Star Wars
- Interview
Pascal Nouma : « Chewbacca, il a du style »
Alors que des tentes fleurissent devant les cinémas, que des cosplayeurs circulent dans les rues, qu’Harrison Ford et Chewbacca « reviennent à la maison », Pascal Nouma raconte son Star Wars. Le Turc. Celui dont on n’a pas vraiment entendu parler ici en France. Mais aussi sa vision des œuvres de George Lucas.
Tu les as vus, les Star Wars américains ? Ouais, je les ai vus. Je suis un grand fan de cinéma. Mais je n’ai vu que les trois premiers. Et je dois aussi avouer que je ne suis pas hyper fan. Ça m’intéresse, mais je préfère les voir en DVD qu’au cinéma en tout cas. Je n’étais pas encore né quand ils sont sortis au cinéma. Tout le monde fait une fixette sur certains films, mais moi, je préfère attendre que la vague passe et apprécier les choses après. J’ai pas eu le temps de voir les nouveaux. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais comme j’habite en Turquie, les sous-titrages turcs, c’est difficile pour moi. Et puis, ils ne sont pas toujours bien faits surtout.
Quand t’as joué dans le Star Wars turc, tu t’en es inspiré du coup ? Ouais, bien sûr, mais bon, on n’avait pas tout à fait les mêmes moyens. Il faut le regarder pour comprendre : les effets spéciaux n’étaient pas les mêmes. Je pense en tout cas que les acteurs du Star Wars américain ont dû prendre bien plus de plaisir que moi. J’en ai pris, c’était marrant à jouer. Mais c’est tellement dur de jouer devant un fond vert…
Il faut imaginer tout le décor, les vaisseaux, certains personnages…Exactement, et c’est vraiment impossible à faire.
En plus, l’histoire du Star Wars turc n’a rien à voir avec la version américaine, non ? Absolument. Rien à voir. En fait, ils avaient fait un premier épisode dans les années 80, un film sur l’espace. Je crois que c’est l’histoire de mecs qui veulent aller sur la lune, mais qui échouent. Et ils oublient une personne sur la lune. Et dans celui dans lequel je joue, on va avec d’autres astronautes pour aller chercher ce mec. Rien à voir avec Star Wars donc.
Pas de combat au sabre laser ?Non, on tombe sur des extra-terrestres, mais rien de fou sinon. C’est gentil. Il n’y a pas de batailles de vaisseaux, ou autres. Enfin, très peu.
Et toi, ton rôle dans le film, c’est quoi ?Je suis un astronaute qui fais partie d’Armageddon en gros. Je fais partie du groupe de personnes qui vont sur l’espace pour aller chercher le mec qu’ils ont oublié des années avant.
Pourquoi on appelle ça le Star Wars turc du coup ?
Aucune idée. Peut-être parce que ça se passe dans l’espace. C’est le seul point commun que je vois. Tout simplement. Mais au fond, je savais très bien que c’était une arnaque ce film. C’était mon premier et pourquoi j’avais accepté ? Tout simplement parce que j’aime le cinéma. C’était juste pour voir, pour goûter ce que c’était de faire un film. Après, de toute façon, si tu commences en bas, tu ne peux que monter. C’est ce qui se passe aujourd’hui. J’ai des propositions pour faire plein des films. Je parle même comme un mec qui fait du cinéma : j’ai des scripts, je les étudie, je les lis avec mon manager, on en discute.
Tu ne regrettes pas d’avoir joué dedans du coup ?Ah non. J’ai passé du bon temps. J’ai tourné avec des acteurs, certains, qui sont des super stars ici. Tout pour être heureux quoi.
Tu avais passé un casting ?Quand je fais des films en Turquie, je ne passe pas de casting.
Mais c’était ton premier film, non ?Ouais.
Ils t’ont juste appelé et c’était bon ?Ouais. Comme c’était un premier film pour moi et que je n’en avais jamais fait, je me suis dit : « Je vais tenter. » Même si le scénario était un peu bidon. Et puis financièrement, c’était intéressant. Donc je me suis dit : « Je le fais. »
Et pourquoi t’avoir choisi toi, alors que tu n’avais aucune expérience ?En Turquie, si tu veux vendre quelque chose, et bien le vendre, le cinéma et la télé savent que je fais de l’audience, ils savent que les gens vont être intéressés par ma vie et que ça va leur donner plus envie aux gens d’aller voir le film. Pourquoi ? Parce que je suis dans le film. Ce n’est pas prétentieux ce que je dis, mais c’est… Comment dire ? En Turquie, je suis une valeur sûre, les compagnies me prennent parce qu’ils savent que je fais vendre.
Tu fais vendre, mais tu t’es trouvé comment dans ce nouveau registre du coup ?Nul. Carrément nul. Premièrement, je n’aime pas me voir à la télé, c’est là que je vois tous mes défauts. Déjà que je n’aime pas me regarder, si en plus, j’interprète quelqu’un et que je le fais mal… C’est horrible. Chaque jour, j’essaie d’être mieux. Quand mon dernier film est sorti, tout le monde m’a dit : « Ouais, tu joues super bien. Franchement, t’es incroyable. » Ça fait plaisir, mais bon, moi, ce que je me dis, c’est que le prochain, j’essaierai encore d’être meilleur. J’ai joué aussi dans une série télé qui cartonne ici en Turquie, en tant que guest. J’ai vu l’épisode et là, je me suis trouvé pas mal. Mais bon, je me dis toujours que je peux faire mieux. Je suis un éternel insatisfait.
Comment s’était passé le tournage ?Je ne me souviens même plus quand c’était… C’était en 2006, je crois. Ce tournage-là, ça a été dur pour moi. C’était mon premier film. Il y avait la barrière de la langue, j’apprenais tout de mémoire et en phonétique. C’était marrant, c’était un autre univers. Ça m’a plu, parce que ça n’a rien à voir avec le foot. Être acteur, c’est vraiment dur. Se mettre dans une histoire, et représenter une autre personne… C’est vraiment pas facile comme métier. Surtout quand tu ne comprends rien à la langue. Imagine-toi, tu joues ton premier film dans une langue que tu ne connais pas. Avec des acteurs, des vrais, imagine la difficulté du truc. Eux, ils savent ce qu’ils disent. Mais imagine-toi, t’apprends tes textes en phonétique, tu ne sais même pas ce que tu dis, et faut que tu trouves des mimiques sur des choses que tu dis et que tu ne comprends pas. Les autres, ils ont besoin d’une séance. Et toi, de dix. Je n’étais pas bien dans ce film-là. Aujourd’hui, je sais ce que je dis, ça se passe mieux. Forcément.
Il a marché, le film ?Ouais, je crois. Je n’ai pas de chiffres, en revanche. Mais mon dernier film, avant de partir à Survivor, on a reçu trois prix ici en Turquie. Meilleur scénariste, meilleur film et je ne sais plus quoi…
Il a été tourné en combien de temps le film ?En trois mois, je crois.
C’est rapide.Ouais, ici en Turquie, les films se tournent très rapidement. Le dernier film que j’ai fait là, je l’ai tourné en deux mois.
Et dans la version américaine, c’est qui ton personnage préféré ?Moi, c’est Chewbacca. Et puis j’aime bien R2R2… Non, R2D2. Et puis Luke Skywalker bien entendu.
Chewbacca ?Parce qu’il a du style, Chewbacca. C’est la bête du film. Et puis, il a aussi des dialogues faciles. J’aime bien. À mon époque, tout le monde ne parlait que de Luke, la princesse Leia, Dark Vador, tout le monde imitait sa voix : « Je suis ton père. » Et puis, il y avait les gens un peu différents, ceux qui aimaient les simples héros. Chewbacca se battait pour sauver l’humanité. Je ne pense pas être le seul à aimer Chewbacca. Tu regardes sur Internet le nombre de gens qui se déguisent en Chewbacca, c’est impressionnant. C’est le vrai héros du film. Comme Luke.
Tu t’es déjà déguisé en Chewbacca, toi ?Non. Jamais. Mais bon, à chaque fois que je parle de Star Wars, je pense à Chewbacca. Quand j’étais petit, j’étais fan de Chewbacca. Je ne sais pas pourquoi.
En Turquie, les gens sont fans de Star Wars aussi ? Ah oui, comme de partout. Les gens sont fous. Même dans mon émission de radio (il anime une matinale en Turquie, ndlr), on fait intervenir des personnes fictives, imitées par des chroniqueurs, et il y a Dark Vador. On l’appelle au téléphone tous les jours. Il le fait super bien, avec la respiration et tout, et tout le monde en est fan. Dans notre émission de radio, on parle de tout et de rien. On fait aussi intervenir Justin Bieber, Obama, la femme d’Obama, Angela Merkel et donc Dark Vador. Va savoir pourquoi. Mais tout le monde ne nous parle que de Dark Vador ici. Peut-être parce que le mec qui l’imite, le fait super bien.
Comment il fait ?Quand il l’a imité pour la première fois, je l’avais entendu à la radio et je me suis demandé : « Mais comment il fait pour le faire aussi bien ? » Et en fait, il prend un vase, il fout un tube en carton dans le vase, le carton du sopalin ou du papier toilette, et il parle dedans. Et au final, la voix, elle ressort comme celle de Dark Vador. Génial.
Et qu’est-ce qu’il raconte dans ton émission ?Il dit des trucs glauques. Il est à l’image de ce qu’il est dans les films. Mais il raconte aussi des conneries, genre il prend tout le monde de haut : « Vous n’êtes que des Terriens et vous ne connaissez rien à la vie. »
Et tu vas aller les voir les nouveaux épisodes ?Je vais rarement au cinéma, en plus en Turquie, ce n’est pas évident ici. Avec la foule… Je ne sais même pas quand ils sortent ici en Turquie. Je pense que je vais aller les voir avec mes enfants en France pour Noël. Mon fils, c’est un fan de robot, il m’a parlé de sa liste de Noël et il y a du Dark Vador, du Star Wars. Et ma fille, je crois qu’elle n’est pas trop fan, mais bon, elle fera l’effort pour être en famille. En fait, ça dépend de Chewbacca aussi. S’il est dans le film, j’y vais. S’il n’est pas là, je n’y vais pas.
Par Ugo Bocchi