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Pascal Gastien : « Voir les Chamois niortais dans cet état, ça me déchire »

Propos recueillis par Victor Lamand
8 minutes

Le mois de septembre est bientôt terminé et les Chamois niortais ne savent pas encore dans quelle division ils évolueront cette saison. Le CNOSF a préconisé une place au minimum en Régional 3, après l’exclusion des championnats nationaux et la liquidation judiciaire des frères Hanouna, les anciens propriétaires. Pascal Gastien, ancien joueur et entraîneur emblématique du club, en a gros sur la patate contre ceux qui ont fait disparaître Niort de la carte du foot pro français.

Pascal Gastien : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Voir les Chamois niortais dans cet état, ça me déchire<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pascal, comment vivez-vous la situation actuelle des Chamois niortais ? C’est un sentiment de… (Il hésite.) Franchement, c’est difficile à expliquer, c’est du dégoût, de la colère parce que l’on a affaire à des personnes sans vergogne qui se sont fait de l’argent sur le dos du club, tout simplement. J’ai du mal à comprendre comment on a pu laisser des gens comme ça œuvrer en toute impunité et j’ai vraiment beaucoup de peine pour les gens qui sont encore au club et qui ont travaillé pour que le club vive, survive. C’est surtout ça qui me fait beaucoup de peine.

Vous saviez que le club était dans une situation financière aussi critique ? Non, pas à ce point-là. Je ne pouvais pas deviner que le club était dans cet état-là. Je tombe des nues jour après jour à propos de ce qui s’est passé, de ce que les gens ont laissé faire. Il y a beaucoup de gens qui savaient au sein du club et qui n’ont rien fait. Les instances ont aussi laissé faire, après est-ce qu’ils savaient… Je ne sais pas. Il y a des choses extrêmement surprenantes concernant la gestion du club.

Comme quoi ?

Tout le monde sait comment étaient gérées les équipes de jeunes. Les éducateurs conduisaient les véhicules pour aller au match. Ce n’était pas digne d’un club pro. Des gens savaient et n’ont rien fait.

On n’a pas alerté au bon moment selon vous ? Oui, bien sûr, et je pense que ça continue, car ça n’avance pas. On a laissé le club filer depuis trois ou quatre mois, alors qu’à un moment donné, il fallait reprendre les choses en main, avancer plus vite sur les dossiers. Ça a été plus ou moins le même problème qu’à Bordeaux.

Ce n’est pas possible que ces gens-là (les frères Hanouna) ne soient pas rattrapés par la justice. C’est pas croyable. Je pense qu’ils ne sont même plus en France.

Vous avez fait le premier entraînement professionnel avec le club, vous avez assisté au dernier au début du mois d’août, à quoi est ce que l’on pense dans une situation comme ça ? On a le sentiment que c’est le travail de plusieurs décennies qui vole en éclats ?

Objectivement non, je ne pense pas à ça, je pense surtout à l’humain. Et quand j’ai assisté effectivement au dernier entraînement et que je voyais les entraîneurs livrés à eux-mêmes, ça a été une peine immense, puis ça m’a ouvert les yeux sur pas mal de choses, car j’étais dans mon petit cocon à Clermont pendant huit ans. Là, on voit vraiment dans quel état est le club.

Vous en voulez aux frères Hanouna, les propriétaires du club ? Oui, bien sûr. Ce n’est pas possible que ces gens-là ne soient pas rattrapés par la justice. C’est pas croyable. Je pense qu’ils ne sont même plus en France. Je ne sais pas du tout ce qui va se passer.

 

Le président Karim Fradin et Mikel Hanouna
Le président Karim Fradin et Mikel Hanouna

Vous qui avez connu le football d’avant, une situation semblable aurait-elle été possible à une autre époque ? Elle l’était. Il y a certaines règles que j’ai du mal à comprendre. J’ai connu ça à Nice quand on a déposé le bilan en cours de saison (en 1991, NDLR). Je pensais que la Ligue nationale ou les instances du football en avaient tiré quelques leçons, car il me semble que dans les règlements, à un moment donné, on devait, au 15 juillet, boucler les championnats futurs sans avoir la possibilité de faire appel. On est le 20 septembre (au moment de l’interview) et il est toujours possible au club de faire appel au CNOSF. Je trouve que c’est insensé que le football puisse laisser filer ça.

Ça représente quoi, les Chamois, pour vous ? Je n’oublie pas Angoulême avant, mais les Chamois, c’est le club qui m’a fait vivre et qui m’a fait avoir de grosses émotions. Bien sûr, c’est un club particulier pour moi, pour les supporters, les gens qui l’aiment. C’est un club particulier pour la ville. Aujourd’hui, quand on voit l’état du football en Nouvelle-Aquitaine, je pense que c’est un club qui représentait quelque chose pour la grande ligue, et le voir disparaître, ça me fait mal au cœur. Vraiment. C’est une perte énorme pour les jeunes de tout le bassin qui vont maintenant être obligés de partir pour pratiquer le football de haut niveau. C’est dramatique, car je pense qu’il y a tout ce qu’il faut pour bien travailler ici, sans faire un énorme club. Il y a tout ce qu’il faut pour accueillir les meilleurs jeunes de la région, et tout a été foutu en l’air parce qu’il y a des gens à la tête du club qui ont voulu faire du business. Et qui ont fait du business.

C’est ça le danger du football actuel ? Je pense, et c’est pour cela que les instances dirigeantes doivent être plus vigilantes lors des ventes de club, que ce soit la Fédé ou la Ligue. Ils doivent être extrêmement rigoureux, aussi, sinon on arrive à des excès comme aujourd’hui à Niort.

Il y avait vraiment un engouement autour du club dans la ville ? Quand on regardait les Chamois niortais à la télé, le stade était rarement rempli… Lorsque l’on a failli monter, en 2014, il y avait 8000 personnes au stade quand même ! Mais ces dernières années, je pense que les gens connaissaient la situation, ils ont été dégoûtés. Mais il y a une place pour le football à Niort. On connaît Niort pour ses mutuelles et pour son club de football qui, rappelons-le, a joué le plus de matchs en seconde division. Ce n’est pas un grand club, mais ce n’est pas n’importe quoi non plus. Il y a un potentiel public ici entre Bordeaux, Nantes et Angers… Nous, on se retrouve au milieu.

Je suis parti en 2014, le nouveau président Karim Fradin m’avait dit qu’il voulait faire du business et moi du football. Eh bien, aujourd’hui je comprends, voilà où on en est quand on veut faire du business à la place du football.

Quels sont vos plus beaux souvenirs ici ? (Il prend son temps.) J’ai fait un parcours particulier. Quand je suis arrivé, le club était en quatrième division, et on a été jusqu’en première division (en 1987). C’était un moment magnifique pour nous les joueurs et pour les gens ici. Je me souviens d’une fois où l’on était revenus d’une victoire à Monaco, il y avait 5000 personnes à l’aéroport. Ce sont des moments fantastiques.

Et en tant que coach ? Quand on est descendus en CFA, on m’avait demandé de reprendre l’équipe. J’étais alors directeur du centre de formation. On a réussi tous ensemble à faire remonter le club en Ligue 2 et on n’était pas loin de remonter en Ligue 1. Ça me fait de la peine, car il y a toujours deux ou trois personnes qui sont toujours au club et qui ne l’ont jamais lâché. J’en veux infiniment aux personnes qui étaient à la tête du club ces dernières années. Je suis parti en 2014, le nouveau président Karim Fradin m’avait dit qu’il voulait faire du business et moi du football. Eh bien, aujourd’hui je comprends, voilà où on en est quand on veut faire du business à la place du football.

C’était un épisode douloureux de votre carrière ? Bien sûr, je l’ai très mal vécu. Déjà, il a attendu l’après-championnat pour que je ne retrouve pas de club, donc ça, c’était assez difficile, mais surtout je l’ai mal vécu par rapport à tout ce qui s’était passé avant. Jusqu’à mon départ, le club avait tenu grâce aux éducateurs. Ça a été de très, très bons moments. Avant de retrouver la Ligue 2, on repartait de presque rien. On lavait les maillots, et je dis bien « on ». On taillait les haies autour du terrain. Il fallait le faire, donc on le faisait. Et surtout, on jouait au football, et ça, c’est quelque chose de précieux.

 

C’est ça aussi les Chamois, le côté familial ? Oui, pour moi, ça devrait être comme ça. Même si le football professionnel demande beaucoup de rigueur, on peut aussi réussir en mettant en place des choses un peu différentes. Ce qu’on était parti pour faire au club et le voir dans cet état là, ça me déchire, ça me retourne.

Un retour aux Chamois est-il toujours envisageable ? Je ne sais pas, honnêtement. Je vais voir ce qui se passe. Mais il est hors de question que je revienne comme entraîneur, ça c’est sûr. Je voudrais bien aider, mais je ne sais pas encore sous quelle forme ni avec qui le faire. Je n’ai pas envie de partir avec des gens qui ne sont pas dans cette envie de construire à nouveau un club suivant ce que je pense.

J’ai pris ma retraite, je devais beaucoup de temps à ma famille, à mes enfants, mes petits-enfants, ma mère. Je ne veux pas partir dans un projet qui me prend encore tous les jours.

On a quand même l’impression que vous considérez que ça reste une possibilité. Franchement, je ne sais pas. J’ai pris ma retraite, je devais beaucoup de temps à ma famille, à mes enfants, mes petits-enfants, ma mère. Je ne veux pas partir dans un projet qui me prend encore tous les jours. J’ai vécu ça en tant qu’entraîneur, c’était un métier magnifique, mais il est temps de passer à autre chose.

Le club pourra-t-il se relever ? J’espère que l’on trouvera les personnes compétentes pour relever le club. Il y a quelques années, Niort était la sixième place financière de France, donc il y a la possibilité de faire grandir le club. Mais il faut surtout trouver des gens qui aiment le club et qui ne sont pas là pour faire de l’argent.

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