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Pascal Bridel : des albums Panini à recruteur
Pascal Bridel a vécu le rêve de beaucoup d'amoureux de foot : intégrer le club dont il est supporter, en l'occurrence l'AJA, et en devenir un personnage incontournable. Une histoire dingue débutée en feuilletant un album Panini et en parlant Colmar avec Guy Roux. Ce chef des ventes dans le secteur automobile occupe aujourd'hui une place dans la cellule recrutement de l'AJA.
« Pour ne pas plagier Coluche » , Pascal Bridel a décidé de ne pas commencer son livre par « C’est l’histoire d’un mec… » . Pourtant, la formule aurait été parfaite. Il aurait peut-être simplement fallu y ajouter « à la drôle de trajectoire » . Car derrière ce patronyme qu’on peut connaître aussi pour des crèmes fraîches, se cache surtout l’histoire d’un passionné de ballon rond. Passant ses week-ends au bord des terrains de sa région, il a réussi, un peu par miracle et beaucoup par son culot et son travail, à intégrer le monde pro. Comme le mec qui ne paie pas de mine, mais entre quand même dans la boîte branchée du coin par hasard pour en devenir un taulier. Et ce « rêve » a trouvé naissance dans de vieux albums Panini.
« Quand Guy Roux était coach, tu entrais facilement dans son bureau »
« Étant gamin, j’ai cherché dans les albums Panini quels footballeurs étaient originaires de Colmar, raconte Pascal Bridel, lui-même de la préfecture du Haut-Rhin. Et j’en avais trouvé deux : Jean-Christophe Thouvenel et Guy Roux. » Rencontré dans une colonie de vacances, Thouvenel n’accroche pas trop dans le délire de Pascal. Guy Roux, en revanche, aime causer terroir : « Je l’ai rencontré lorsqu’il faisait ses stages en Alsace avec l’AJA. Et quand on aborde le sujet de Colmar, il est intarissable, tout l’inverse de Thouvenel, qui ne se souvenait presque pas qu’il y était né. » Et depuis, à chaque rencontre, des liens se tissent au point de voir Pascal intégrer l’AJA « dont (il) était déjà supporter grâce à Guy Roux » . Pourtant, deviser sur Colmar n’aurait jamais suffi à Pascal pour entrer dans le club de l’Yonne, alors au top du foot français et régulièrement européen. Bridel s’est démené pour être aujourd’hui membre de la cellule de recrutement de l’AJA. Drôle de parcours.
Au début des années 2000, chaque week-end, ce responsable des ventes dans une concession automobile prend en effet la route, avale des centaines de bornes pour superviser Strasbourg, Metz, Nancy ou Sochaux. Il prend des notes sur chaque équipe et les envoie à Guy Roux. « Il n’était pas contre, il ne me disait pas qu’il n’en avait pas besoin » , précise-t-il. Les entraîneurs de la réserve et des équipes de jeunes profitent aussi de cette aide tombée un peu du ciel pour lui demander d’observer des adversaires potentiels ou des joueurs en particulier. Spécialiste du grand Est, Pascal joue aussi les intendants lors des déplacements des équipes de l’AJA dans sa région. Bref, au club, tout le monde le connaît et il connaît tout le monde : « Quand Guy Roux était coach, tu rentrais facilement dans son bureau ou dans les vestiaires, contrairement à d’autres clubs où c’est Fort Knox, avec des sas, des sonnettes… »
En panne avec la Coupe de France dans le coffre
Bien introduit dans la « famille » AJA, Pascal Bridel est du coup le témoin privilégié de scènes qui ont fait la légende de ce petit club de patronage devenu demi-finaliste de la C3 (1993) et quart-de-finaliste de la C1 (1997). Pas mécontent d’avoir eu à un moment dans son bigo « le numéro de téléphone de Djibril Cissé » , il garde surtout en tête des histoires de pannes. En octobre 2003, période Boumsong, Mexès, Kapo et Cissé, l’AJA joue alors en Coupe de l’UEFA à Neufchâtel. Et alors que les joueurs sont dans le bus pour rejoindre le stade, le véhicule tousse et ne démarre pas. Guy Roux, Gérard Bourgoin, le Djib’ et Pascal sont donc réquisitionnés à la hâte pour pousser le bus, qui finira par rouler et emmener l’équipe juste à temps vers le stade… et la victoire. Quelques mois plus tard, en février 2004, Guy Roux offre à sa manière ses remerciements à ce cher Bridel : « Il m’avait prêté la Coupe de France pendant une semaine pour me remercier des services rendus. Et en la ramenant, avec un copain, on est tombés en panne de gazole au bord de l’autoroute, à 3h du matin, avec la coupe dans la voiture. Et en partant, Guy Roux m’avait bien dit : « Ne te la fais pas chiper, sinon je suis déshonoré ». » Heureusement, un coup de fil à un copain sympa et un jerricane de carburant plus loin, la coupe est ramenée à la maison, où elle passe ses nuits dans la chambre des époux Bridel. Et c’est évidemment passé crème.
Par Axel Bougis