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Pas si mal, cette MU
Facilement critiquable et fortement critiqué pour des résultats prétendument pas à la hauteur des millions dépensés, Manchester United a tout de même achevé sa saison par deux titres accompagnés d’une qualification en Ligue des champions. Et ses recrues ont toutes joué un rôle primordial.
Il existe un parallèle facile (mais révélateur) à faire entre le nouveau Manchester United, Paul Pogba et José Mourinho. Pas pour rien que l’été dernier, le second est devenu l’emblème du premier sous la direction du troisième. La similitude est la suivante : actuellement, les trois parties sont critiquées sur chaque plateau télévisé en raison de l’argent affolant qu’elles brassent, alors que leurs rendements respectifs restent plus que corrects. Autrement dit, les uns veulent voir un MU sexy parce qu’il s’est mis à dépenser des millions d’euros sur le marché des transferts, les autres souhaitent observer un Pogba extraordinaire à chaque match parce qu’il est devenu le joueur le plus cher de la planète, et le reste exige de Mourinho un football attractif parce qu’il possède un effectif construit pour.
Tout ça, personne ne l’a vu cette saison. Du mois de septembre jusqu’à la finale de Ligue Europa, les reproches n’ont cessé de se faire entendre, que ce soit pour flinguer la tactique de l’entraîneur portugais, pour désosser les prestations du milieu français ou pour se moquer de l’équipe dans son ensemble. La critique de Roy Keane, lâchée sur ITV après un nul contre le Celta de Vigo lors de la demi-finale de C3 (résultat suffisant pour rallier la dernière marche de l’épreuve), résume bien toutes les précédentes : « Leur niveau de performance ce soir a permis à une équipe comme le Celta de Vigo de dicter le jeu et de garder une chance de gagner le match à la dernière minute. Ce n’est pas une bonne réflexion de la part de Manchester United. Cela montre ce qu’ils ont été toute la saison, la quantité des matchs nuls qu’ils ont eus. Ils auraient pu garder cette mentalité défensive toute la nuit. » Voilà comment on applaudit l’accès à une finale européenne.
Seuls la Juve, Chelsea et le Real Madrid ont fait mieux
Alors oui, Manchester a pris le parti de claquer près de 220 millions d’euros pour démarrer un nouveau cycle. Oui, Manchester a parfois été ridicule en Premier League, terminant à une indécente sixième place et offrant des parties à la limite de l’ennui mortel (quinze matchs nuls, record du Royaume). Oui, Pogba devrait peut-être proposer mieux qu’un bilan de cinq buts et quatre passes décisives. Mais la mauvaise saison des Red Devils doit être relativisée. Elle peut même facilement passer dans la catégorie contraire, celle des bons millésimes. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait du premier acte du Special One d’abord, et que chacun sait pertinemment que partout où il passe, ses deuxièmes essais sont bien plus concluants (au moins en matière de résultats). Et puis surtout, United a tout de même ramené deux coupes dans son immense vitrine tout en parvenant à se qualifier pour la Ligue des champions. Ce ne sont qu’une League Cup et une Ligue Europa ? Et alors ? Demandez au Barça, au Bayern Munich, au Paris Saint-Germain, à l’Atlético de Madrid, à Tottenham, à Arsenal, à Liverpool, à la Roma ou à Manchester City s’ils considèrent leur cru 2016-2017 meilleur que celui du Mou. Personne ne répondra par l’affirmative (hormis peut-être les Spurs).
Venons-en à l’aspect individuel, maintenant, pour se concentrer sur ces fameuses recrues-qui-coûtent-cher-ou-qui-friment-alors-qu’ils-sont-bidons-sur-le-terrain. Zlatan Ibrahimović, arrivé gratuitement du PSG : 17 buts en 27 titularisations en PL, cinq en six matchs de coupes nationales (dont un doublé décisif en finale de League Cup), cinq en C3. Éric Bailly (Villarreal), 38 millions : titulaire indiscutable quand son corps le permet, pilier de la défense rouge à 23 ans, pépite en devenir. Henrikh Mkhitaryan (Borussia Dortmund), 42 millions : buteur en finale de Ligue Europa, excellent après des débuts difficiles. Paul Pogba (Juventus), 100 millions : joueur de champ le plus utilisé en championnat, buteur en finale de C3, plaque tournante et motrice de l’entrejeu. Autrement dit, tous les nouveaux arrivants ont fait leur job en étant décisif à des moments clés. Suffisant pour envisager que Manchester soit dans la bonne direction alors que tout le monde le croit écrasé dans le mur ?
Par Florian Cadu