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« Pas que des aveugles qui jouent à la baballe »

Propos recueillis par Victor Le Grand
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Championne d’Europe en titre, l’équipe de France de cécifoot affronte aujourd’hui (16h45 heure française) le Brésil en finale des Jeux paralympiques. Juste le temps de prendre la température avec le capitaine tricolore, Frédéric Villeroux, 31 ans, seul demandeur d’emploi à être évalué comme l’un des « meilleurs attaquants du monde ». Au bon souvenir d’une époque où l’on dominait encore la planète football. Clin d’œil.

Photo souvenir : rencontre France-Brésil en finale d’une grande compétition internationale. Il n’y a pas comme un air de déjà-vu ?C’est certain, France-Brésil, ça parle à tout le monde. On joue là-dessus, aussi… Il faut être réaliste, le handicap attire le public !

C’est-à-dire ?Bah, c’est comme les jeux de mots du genre « les yeux sans les bleus » que l’on peut lire en titraille de plusieurs articles. C’est parfois un peu lourd, mais on se sert aussi de tout cela pour montrer la différence entre nous et l’équipe de France valide, par exemple. Si ça peut nous mettre en avant. Et en valeur. Alors pourquoi pas ? Les valides n’y arrivent pas, bah nous, si ! Ce n’est pas plus mal qu’ils perdent, au final (Rires)…

Avez-vous une chance contre cette Seleção qui est considérée, chez vous aussi, comme l’une des meilleures équipes du monde ?Oui, bien sûr, on a notre chance. On a aussi la chance de jouer contre une équipe dont les attaquants, Ricardo et Jeferson, sont quasiment les deux meilleurs joueurs du monde ! Ricardo, principalement, c’est la star. Les Chinois n’ont d’yeux que pour lui. Et ce sport est là-bas depuis 1986 ! Ils sont professionnels et ont la chance de beaucoup plus se fréquenter. Les réglages se font plus facilement. Nous, en France, c’est vraiment au feeling. Heureusement qu’on se connaît tous depuis 2006, parce que sinon…

Comment était l’accueil à votre arrivée à Londres ?L’engouement du public est énorme ! Le plus impressionnant, ce sont les tribunes. En France, quand on fait un tournoi, il y a dix personnes présentes, et encore, ce sont des membres de la famille… À Londres, c’est simple, les stades sont pleins ! Pour les plus petits matchs, il devait y avoir environ 1500 spectateurs dans les gradins. Et même quand on sortait au village, en dehors, dans le parc olympique. L’autre fois, on se faisait une balade, mais on a dû s’arrêter toutes les cinq minutes pour que les gens nous prennent en photo. Chez nous, quand on parle du cécifoot, t’as pas grand monde…

Et l’ambiance dans le village olympique ?Très bonne ! C’est la force de notre groupe : jeux de cartes, rigolades et petites anecdotes… Après on est grand, hein, donc il faut faire attention à ne pas dévier !

Faire le con, tu veux dire ?On sait pourquoi nous sommes ici : pour la performance ! Manger, sortir, faire la fête, on le fera après la médaille. Et pas avant. Il faut dire que, dans certaines disciplines, tu t’entraînes durant quatre ans pour seulement une journée de compétition. Et dix minutes de concentration ! Tu as le choix : passer du côté des recalés ou des médaillés. À nous d’être de grands sportifs et de ne pas se tromper d’objectif.

Plus globalement, sens-tu une différence d’attention ou d’intégration des personnes malvoyantes entre la France et l’Angleterre ?Les Anglais sont en avance sur nous ! On voit des gens non-voyants ou des personnes handicapées se balader plus facilement dans la rue, là où, en France, ils seraient encore parqués dans des centres. Et au niveau du football, pour te prendre un exemple, on a été invités en février dernier en Angleterre dans une école spécialisée dans le foot, l’athlétisme et la natation. C’est un centre de sportifs avant d’être un centre pour déficients visuels. Le handicap est au second plan.

« Ribéry n’était pas bon du tout avec le bandeau »

Quels sont vos liens avec les joueurs professionnels valides ?Euh… On en a eu, mais ça reste occasionnel. Difficile, même. Mais attention, au niveau du pied, puisque l’on joue sans regarder le ballon, ils te diront qu’on est presque meilleurs qu’eux. Notre discipline pourrait leur apporter beaucoup en finesse technique. La « passe à l’aveugle » par exemple, ça vient de chez nous ! C’est là que les footeux nous voient comme des sportifs de haut niveau. Quand on a rencontré l’équipe de France en 2008, Ribéry n’était pas bon du tout avec le bandeau, sans ses yeux. On s’est tous un peu chambrés…

Mais pourquoi alors dis-tu que vos liens sont « difficiles » ?
Non, je veux dire que notre souhait, c’est d’être rattachés à la Fédération française de football pour être reconnus comme de vrais footeux. Et non des aveugles qui jouent à la baballe !

Où est-ce que ça bloque ?C’est une question politique : la FFH (Fédération française handisport) veut nous garder auprès d’elle, complètement, et ne souhaite pas nous « partager » avec la FFF. Pour une histoire d’argent, je pense. Après, le débat éclatera si on remporte aujourd’hui la médaille d’or (Rires)… Ce sera plus facile pour nous de faire valoir nos revendications. Parce que bon, pour moi, 30 000 euros de budget pour deux catégories de l’équipe de France de cécifoot (une équipe malvoyante, et une autre complètement non-voyante, Ndlr), c’est non ! T’as une équipe qui part en compète et puis voilà… C’est pour cela qu’on souhaite être reconnus comme des sportifs de haut niveau, trouver des sponsors, des entreprises privées qui pourraient nous embaucher. C’est assez dur de travailler et de survivre à côté du foot.

D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais dans la vie ?Je suis en recherche d’emploi ! Sinon au quotidien, je suis pensionnaire du centre technique de cécifoot à Bordeaux. En gros, j’ai le quotidien d’un sportif de haut niveau, mais sans le salaire ! Pourtant j’envoie des curriculums un peu partout, mais la déficience visuelle me bloque dans certains métiers. Pour te prendre un exemple, j’ai passé le brevet d’état pour encadrer de jeunes sportifs, mais au niveau de la sécurité, ça ne passe pas. Problème de champ visuel !

Par rapport au foot, ce n’est tout simplement pas le même sport. Le vôtre est bien plus mental : juger la superficie du terrain, sentir la présence de ses adversaires, écouter les grelots du ballon et les conseils de vos guides de terrain. Vous êtes les intellos du foot, en fait ?Un peu, oui. On dit souvent que les joueurs de foot n’ont pas de cerveaux, et pourtant beaucoup en ont un. La preuve… (Rires)

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Propos recueillis par Victor Le Grand

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