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«Pas en tribune pour jouer les éducateurs»

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«Pas en tribune pour jouer les éducateurs»

Les images ont fait le tour des télés. Les méchants hooligans niçois ont saccagé la Principauté. Bouhhhh. Pourtant, la réalité est toute autre. Derrière les images –choquantes–, le discours sensé et concret. Renaud, porte-parole de la Brigade Sud Nice, principale association de supporters niçois, revient sur les conséquences du derby, sans détour.

Quelques jours après les événements, comment vous réagissez aux propos des autorités, et notamment ceux du Préfet ?

On est toujours dans le même discours : la répression pure et dure. Il faut faire du chiffre, il faut taper dans le tas. La prévention, on en parle souvent, mais on n’en voit jamais la couleur. Après on sait que stigmatiser les Ultras ou les personnes venant dans les stades est très facile, d’autant que c’est vendeur, notamment pour les médias. Les autorités, qui n’ont procédé qu’à quelques interpellations, ne peuvent appeler à la délation : nous sommes dans un état de droit. Je pense que la qualification pénale des faits sera loin de ce que les autorités clament, car derrière les images –choquantes– il n’y a pas les infractions qu’on avance. Il ne faut pas que la chasse aux sorcières vienne masquer que les débordements –que nous déplorons– ont été permis parce qu’un usage inconsidéré des lacrymogènes a conduit la police monégasque à nous donner accès au terrain pour respirer.

Concrètement, les incidents étaient-ils évitables ?

Oui pour la raison que j’ai donnée. Après, on oublie qu’on vient au stade par passion. Je ne suis donc pas en tribune pour jouer les éducateurs, faire la morale à 2000 personnes « Il ne faut pas insulter l’arbitre » ; « fumer ça tue » ; « boire c’est mal » , etc. Ce n’est ni mon métier, ni mon rôle. Les dérives de la société se retrouvent dans un stade, c’est d’une logique implacable. Mais les politiques ne parviennent pas à résoudre des problèmes de fond (le racisme…) et veulent faire croire qu’en agissant dans les stades, ils le font. Quelle hypocrisie ! Après, oui, on prend notre bâton de pèlerin et on essaie de sensibiliser les gens. Mais sur 3000 mecs comme à Monaco, c’est impossible d’être derrière tout le monde. Alors quand l’effet de masse est à son comble, on ne peut pas contrôler grand chose.

Trois jours après le congrès sur les supporters censé responsabiliser les associations ou les groupes, ça tombe mal quand même ? C’est donner le bâton pour se faire battre…

Oui, mais ça aurait pu se passer 3 mois avant ou dans six mois. C’est tombé là, malheureusement pour nous, pour l’image que l’on veut faire passer. Forcément, au niveau de la crédibilité, on prend un coup. Mais c’est surtout le poids des images, des mots. Les images de samedi auront toujours plus de poids que n’importe quel discours. On ne peut pas lutter là-dessus.

Stigmatiser les forces de l’ordre, c’est un peu facile non ?

Lors du congrès de Paris, on a rencontré des supporters « classiques », d’autres ultras. Un groupe de filles de Lyon. En déplacement, comme tous les autres, elles ont confirmé que les CRS pratiquaient systématiquement le tutoiement, la provocation. C’est aussi simple que ça. Dès que l’on suit un club de football à l’extérieur, on est marqué au fer rouge et on reçoit un accueil musclé, psychologiquement et physiquement. Il ne faut pas s’étonner ensuite. Et puis mettre tout sur le dos des Ultras, c’est facile. On sanctionne un joueur qui enlève son maillot pour célébrer un but mais on passe sous silence quand il vient narguer les supporters. Idem pour les erreurs d’arbitrage qui peuvent gangréner une rencontre. On entend souvent « Ce sont des hommes, les erreurs sont humaines » . D’accord, mais ce postulat s’applique à tout le monde donc aux supporters et un supporter ne doit pas payer plus que ce qu’il payerait pour les mêmes agissements en dehors d’un stade.

« Il (Rémy) devient une tête de turc et c’est regrettable »

A chaud, le président Stellardo a eu des mots très durs envers vous…

On le connaît, il s’est un peu rétracté depuis, mais c’est quelqu’un qui parle (trop) souvent sur le moment, à chaud, sans recul. Il doit rester dans l’ombre, gérer et laisser d’autres communiquer à sa place. On fait avec, mais il ne sert pas l’image du club.

Vos rapports avec lui ?

Il manie le double discours. Il nous ment régulièrement, nous prend pour des imbéciles. Il n’a rien d’un philanthrope, d’un gentil monsieur attaché au club, c’est un businessman. Je peux le concevoir, mais qu’il l’assume sans se cacher !

Comment abordez-vous le match de samedi ?

On est dans l’expectative. On doit se réunir entre nous pour décider de la ligne de conduite. Si on n’encourage pas, on passe pour les méchants, si on gueule sur les résultats, on va passer pour des voyous. Déjà que la situation sportive est délicate… Mon sentiment personnel : à quoi bon puisqu’on ne retient que la merde…

D’autant que les supporters niçois ont déjà dérapé avec le crachat sur Loïc Rémy…

C’est avant tout un problème de gestion. Sportive tout d’abord. On ne confie pas l’équipe à un môme de 22 ans sans expérience. Il n’a pas les épaules. Et puis, il a une certaine arrogance, surement pour se protéger, qui ne passe pas très bien. Avec des mecs comme Echouafni, Sablé, Letizi, ça ne manque pas de tauliers pourtant. Ensuite une gestion économique. Rémy c’est 15 millions. Alors son agent a récupéré le problème pour faire monter les enchères. Au final, ça devient une tête de turc et c’est regrettable. Le crachat, c’est un mec parmi une vingtaine qui dérape, point final.

En cas de huis clos, vous sentiriez-vous responsable ?

Non. Nous n’avons pas vocation à contenir et canaliser 1500 mecs. C’est impossible. Je ne vais pas me sentir coupable de la désorganisation des forces de police, ce n’est pas mon métier. Quant au retrait de points, on n’y pense pas compte tenu du bon déroulement de la rencontre. Les faits incriminés se sont déroulés après le match. Par contre, on s’attend à des IDS massives, pour marquer le coup médiatiquement. On aura fait aucun travail de fond et dans quelques semaines, le problème se posera de la même manière dans n’importe quel autre stade de France.

A l’heure où l’on demande aux Ultras de se responsabiliser, vous comprenez que les incidents passent mal. Quid de la désolidarisation vis à vis des fauteurs de troubles ?

Ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’avant d’être supporters ou Ultras, on est amis. Si j’ai un ami hooligan, ce n’est pas pour autant que je vais le dénoncer. Pareil, si je reconnais un môme sur la pelouse de Louis-II, je ne vais pas aller le dénoncer. La délation, c’est un procédé ignoble.

Que pensez-vous du fameux “l’entraîneur entraine, le président préside, le supporter supporte” ?

Je n’ai jamais compris un raisonnement aussi stupide. Quand je vois Pierre Ménès donner des leçons, ça me fait rire. Quelles qualifications a-t-il pour donner autant de conseils ? Je milite pour que les associations de supporters aient une voix consultative dans les AG des clubs. Dans les années 90, je me baladais avec un fan de Liverpool avant un match au Ray. Je croise Daniel Bravo, je traverse pour aller le saluer. L’Anglais était choqué. Car en Angleterre, c’est le joueur qui vient saluer le fan. Il me dit : « Sans nous, ils n’existent pas » . Je crois fondamentalement en ça. C’est un sport populaire, on vient au stade, on contribue à la renommée du club. Certaines personnes suivent le club depuis 40 ans. Quand je viens dans un stade, je sais que je ne suis pas au théâtre : le scénario n’est pas écrit d’avance. C’est la glorieuse incertitude du sport. L’environnement supportériste participe de l’évènement. De plus, nous sommes viscéralement attachés à ce que représente notre club, à son identité. Nous sommes en droit de critiquer un dirigeant qui gère ça comme un vulgaire produit. Mon avis, je le donne, que ça plaise ou non. Je ne deviendrai jamais un consommateur. Enfin, sans des stades garnis, le football n’existerait pas dans sa forme surmédiatisée, il ne faut pas l’oublier. N’en déplaise à certains : sans supporters, un club n’existe pas. C’est tellement vrai que c’est précisément la popularité de Saint-Étienne ou de Marseille qui vaut à ces clubs leur exposition, les mannes financières, l’attrait des joueurs pour eux !

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