- EURO 2016
- GR. A
- FRANCE-SUISSE (0-0)
Pas de Grand Chelem pour les Bleus
La France a assuré sa première place dans le groupe A de l'Euro 2016 avec un petit match nul contre la Suisse (0-0), à Lille. Une fois de plus, les Bleus n'ont pas été souverains et se sont contentés d'assurer l'essentiel. Le public pleure, Didier Deschamps rit.
France 0-0 Suisse
Qu’il est doux d’être en position de force. Première de son groupe, assurée de finir première en cas de nul ou de victoire, la France a notamment pu faire tourner : Pogba et Griezmann reviennent, Gignac, Coman, Cabaye et Sissoko débutent. Ses supporters aussi se sont accordé un peu de repos, laissant les Rouge et Blanc envahir le centre de Lille (pas illogique) sans trop s’émouvoir de leurs provocations gentillettes contre « les Français feignants, toujours en grève » . Dans le stade, malgré un scénario similaire, on ne retrouve pas non plus la tension électrique de Saint-Denis et du Vélodrome. No stress. De toute façon, le scénario est maintenant connu avec ces Bleus : rien pendant 90 minutes, et un but tout à la fin. À l’exception d’un détail, c’est exactement ce qui s’est passé.
Équipe type ou pas, la France reste une sélection qui ne fait pas dans le Blitzkrieg. La France 2016 use son adversaire. Elle le ponce jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un petit tas de sciure à ramasser à la petite cuillère. Mais au contraire de ses maillots, qui n’arrêtent pas de se déchirer pour un oui ou pour un non, la Suisse est moins fragile que les autres concurrents de la poule A. Comme prévu, les hommes de Petković développent un jeu plus ouvert que la Roumanie et l’Albanie, mais cela ne veut pas forcément dire que ceux de Deschamps parviennent à se procurer davantage d’occasions. Elles sont d’abord toutes l’œuvre de Pogba, manifestement échaudé par ses précédentes contre-performances et/ou par la fausse polémique du bras d’honneur. En une mi-temps, il touche deux fois la barre, et oblige aussi Sommer à une belle parade sur sa demi-volée de la 13e minute. Malgré les coups de la Pioche, et malgré le TGV Coman qui étend maintenant ses rails dans la longueur et la largeur du terrain, la France sort de sa poule en n’ayant pas marqué (ni pris) un seul but en première période.
Qui veut du chouchou ?
La Suisse réplique peu, de son côté. Peut-être parce que, mis au courant des fins de match au marteau-piqueur de ses adversaires, elle préfère garder des forces. Peut-être aussi parce qu’elle ont face à elle un Yohan Cabaye qui compte bien profiter de sa titularisation pour rappeler ses qualités de récupérateur en taclant à tout-va. Peut-être aussi parce que, même si la défense française s’emmêle encore les pinceaux à quelques occasions (les coups de pied arrêtés…), Évra a l’air moins perdu que lors des deux premières rencontres, Koscielny joue plus dur, et Rami, l’un des quatre anciens Lillois du jour, semble apprécier son retour à la maison. Difficile pour autant de dire que le match est beaucoup plus plaisant à voir que les deux précédents. Si l’on excepte l’activité d’un Griezmann enfin reposé, la prestation française ne peut pas prétendre à d’autres commentaires que « c’est déjà ça de pris » et « on verra ce que ça va donner contre une grosse équipe » .
Lorsque Payet entre en jeu peu après l’heure de jeu, pourtant, le seul qui a été usé par l’équipe de France est le ballon, apparemment fabriqué par la même usine que les maillots suisses, qui doit être remplacé après une crevaison. Chouchou, qui veut du chouchou ? Le public du stade Pierre Mauroy, si l’on en croit l’ovation réservée à l’homme providentiel. Celui-ci, bien servi par un Sissoko auteur de plusieurs belles percées, dit merci d’une reprise de volée qui tape la barre avant de rebondir juste devant la ligne de but, un quart d’heure plus tard. C’est tout. Soucieux que la rencontre reste dans le demi-sommeil où elle est tombée, et afin que Gignac se sente encore plus seul en pointe, Didier Deschamps sort Griezmann pour Matuidi. DD n’est pas un joueur, il est un gagnant. Et aujourd’hui, pour gagner, il avait besoin d’un match nul. Mission accomplie. À la prochaine.
Par Thomas Pitrel, au stade Pierre Mauroy (Lille)