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Pas de doute, Coco
Il est la dernière trouvaille de Jocelyn Gourvennec à Guingamp : Marcus Coco, 19 ans, ailier droit à l'ascension fulgurante, des premiers entraînements avec les pros il y a moins d'un an à un statut de titulaire international espoir. Et sa marge de progression reste énorme…
Cet été, à l’amorce de la nouvelle saison de L1, s’il y a bien des supporters qui ne faisaient pas les malins, ce sont les Guingampais. Beauvue parti évoluer un cran au-dessus à Lyon, Mandanne parti chercher de la thune au Moyen-Orient, Pied parti retenter sa chance à Nice, c’était la quasi-totalité de l’animation offensive qui était à reconstruire. Alors l’En Avant a reconstruit. Malin, comme souvent, avec l’attractivité nouvelle d’un club rendu sexy par la campagne européenne de la saison dernière et l’aura de son entraîneur Jocelyn Gourvennec.
C’est ainsi que Jimmy Briand a eu l’idée de se relancer en revenant en Bretagne, que Sloan Privat a décidé d’y essayer de définitivement devenir un attaquant fiable de L1 et que Nicolas Benezet a trouvé club à son pied pour continuer sa belle progression. Trois recrues qui se sont vite imposées comme des titulaires dans le 4-4-2 maison. Ne restait à trouver qu’un quatrième gus pour occuper le flanc droit, un point faible traditionnel dans le schéma tactique guingampais depuis que Claudio Beauvue l’avait délaissé en début de saison dernière pour s’imposer dans l’axe.
Salibur et De Pauw sont sur un bateau
Sur cette aile droite, au début de l’actuelle saison, il y avait a priori deux hommes pour le poste : Yannis Salibur, débarqué en Bretagne l’été dernier déjà et qui, avec une préparation physique complète, pouvait postuler une place de titulaire, et la recrue belge Nill De Pauw. Un gars bien, le Nill, ancien espoir des équipes de jeunes chez lui, une valeur sûre de la Jupiler League avec Lokeren. Sur le papier, une bonne pioche, sauf qu’il peine terriblement à s’adapter dans son nouveau club, et ce, depuis les matchs de pré-saison. Il a du cœur, l’envie de bien faire, mais est trop timoré et paraît pour l’instant trop limité techniquement et tactiquement pour s’épanouir et mettre à l’aise ses partenaires. Salibur, lui, reste encore trop brouillon malgré d’évidents progrès. Résultat des courses : avec De Pauw titulaire les deux premières journées et Salibur la troisième, Guingamp n’a obtenu aucun point et commençait à inquiéter. Ce n’était pas nul, mais l’attaque semblait effectivement déséquilibrée, pas finie. Jusqu’à ce qu’apparaisse Marcus Coco.
La révélation face à Benjamin Mendy
C’était le 28 août dernier face à l’OM et c’était franchement imprévisible. Mais Gourvennec aime bien ça, de temps en temps, tenter des coups. Marcus Coco titulaire à droite de l’attaque donc, un sacré test pour un gamin de 19 ans tout juste, néo-bachelier, qui n’avait connu que 170 minutes de L1 jusqu’alors la saison précédente, cumulées en trois apparitions. Un choix culotté aussi avec pour adversaire direct un client : Benjamin Mendy. Et au final un quasi-baptême du feu franchement réussi. Si son équipe l’emporte ce soir-là 2-0 et démarre enfin sa saison, c’est en partie grâce à son intense activité. Coco apparaît comme un jeune en devenir, un très gros talent encore forcément perfectible, mais qui se bat sur tous les ballons, qui ose, qui multiplie les courses, propose, provoque.
Depuis, il s’impose sur l’aile droite quasiment à chaque coup d’envoi d’un match de l’En Avant, pour des résultats globalement positifs. Et les supporters costarmoricains de se dire : « Merde alors, en fait elle était là, devant nos yeux, en interne, la solution à nos problèmes d’équilibre offensif ? » Était-ce si facile, si prévisible ? « Non, vraiment pas » , rassure l’autre Coco de l’EAG, Michel de son nom, ex-capitaine de légende, aujourd’hui entraîneur de la B et qui a drivé le garçon, brièvement, entre les équipes de jeunes et l’éclosion avec la A. Il développe : « Marcus, c’est une vraie belle surprise parce que, quand il arrive ici il y a trois ans, il arrive de région parisienne, et on nous le présente en test comme un milieu défensif. Mais tout de suite, on a vu à la fois son potentiel, mais aussi le fait qu’il avait été mal conseillé sur son poste dans une équipe. Il a les qualités naturelles, l’explosivité d’un joueur de couloir, pas d’un récupérateur. »
En Écosse début octobre, première cape chez les Espoirs
Alors Coco débarque en Bretagne, sa nouvelle terre d’adoption, pour réapprendre à un poste qu’il ne connaissait pas, et sur le tard. Le Guadeloupéen arrivé en métropole en 2012 et passé brièvement par Drancy, puis Aubervilliers dispute une première saison avec la U19 de Guingamp, apprend vite et est finalement surclassé une première fois en intégrant la B de Coco Michel. « En fait, je ne l’ai eu que quatre mois en début de saison dernière, avant que Joce ne le récupère chez les pros. Mais ça pour le coup, ce n’est pas étonnant comme progression, car c’est un jeune qui percute vraiment bien, qui est toujours à l’écoute des consignes, qui sait tout de suite les appliquer, qui n’a pas peur d’essayer. Et puis il est attachant, très simple à coacher, bon garçon. Mais de là à le voir progresser si vite en L1… »
Gourvennec se montre aussi admiratif concernant l’ascension rapide de son nouveau protégé. « Il est à 50% de son potentiel, jugeait-il sans blaguer – pas le genre de la maison – lors d’une interview à L’Équipe il y a peu. Il est capable de faire mal en un contre un, mais il ne finit pas toujours bien ses actions. Sûrement parce qu’il n’a pas encore un capital confiance plein. » « Ses débuts chez les espoirs (le 10 octobre dernier face à l’Écosse, entré en jeu dès la 23e minute à la place de Coman pour une victoire 2-1, ndlr) devraient l’aider à prendre confiance et à s’imposer définitivement, rebondit Coco Michel. Il est en tout cas un exemple pour les jeunes : si t’es un bon jeune travailleur, volontaire, dans un club qui fait confiance aux jeunes, et si t’es pas trop con, alors t’auras ta chance et tu sauras la saisir. »
Par Régis Delanoë