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Parme est mort, vive Parme !
Radié du football professionnel en juin dernier, Parme repartira cette saison en Serie D. Avec un tout nouveau club puisque la structure économique a changé, ainsi que le nom et le logo. Une longue aventure attend désormais les Ducali qui pourront compter sur un soutien populaire indéfectible pour rêver d'un retour rapide dans « le fotball qui compte » dixit son néo-président et mythique parmesan Nevio Scala. Ce n'est d'ailleurs pas la seule personnalité à être rentrée au bercail alors que tout le monde a abandonné le navire, mis à part son capitaine.
Il était une fois le football italien, son charme irrésistible, ses clubs historiques, mais également ses tragédies. La fascinante histoire du Calcio est, en effet, parsemée par les faillites de certains de ses plus beaux représentants. La Fiorentina en 2002, et le Napoli en 2004, restaient ainsi les derniers, et plus marquants, exemples en date d’un système parfois bien inquiétant. Le Parma Football Club n’était d’ailleurs pas passé bien loin d’accompagner les Napolitains dans leur descente aux enfers, il y a un peu plus de 10 ans, avec le crac de la société Parmalat. Le drame ne pouvait toutefois pas être évité deux fois. Pis, alors qu’on croyait les Ducali sur les traces de leur faste d’antan avec une jolie qualification en Ligue Europa, acquise en mai 2014, le club a sombré dans les abysses, en à peine un an. La faute à une situation financière au moins aussi loufoque que les acquéreurs – pour ne pas dire escrocs – qui se sont succédés la saison dernière. Résultat, le 22 juin dernier, Parme a été officiellement radié par la Fédération italienne. Depuis, tel le Phénix qui renait de ses cendres, les Parmesans se sont offerts une nouvelle vie avec la fondation du Parma Calcio 1913. Un projet ambitieux qui repartira de Serie D, avec l’appui de certaines légendes du vieux Parme.
Un nouveau modèle économique, à l’allemande
Cette fois, pas question de répéter les erreurs du passé. Le nouveau Parme s’est construit avec un système inédit dans la Botte, largement inspiré du modèle allemand où un propriétaire unique ne peut pas posséder plus de 50 % des parts d’un club. Deux sociétés ont ainsi été fondées à la base du projet. La première, appelée Nuovo Inizio (nouveau départ en français, ndlr), est détentrice majoritaire du club et appartient à d’importants entrepreneurs locaux. La seconde, minoritaire donc, est dite à actionnariat diffus avec déjà 200 associés fondateurs – on vise les 1000 d’ici au 30 septembre – qui ont investi au minimum 500 euros chacun et seront représentés par deux personnes au conseil d’administration. Le but étant de restreindre drastiquement les risques de faillite en cas de soucis économiques de l’un des propriétaires. Un coup d’œil au nouvel organigramme suffit à confirmer le sérieux du projet. D’anciennes légendes du club, qui ont notamment remporté la Coupe des coupes en 93 et la Coupe de l’UEFA en 95, sont rentrées au bercail. Le mythique Nevio Scala, entraîneur du club de 89 à 96, a ainsi été nommé président, et Marco Ferrari, vice-président. Du côté technique, c’est également l’heure des retrouvailles avec les retours de Gigi Apolloni (entraîneur), Lorenzo Minotti (responsable du domaine technique), Andrea Galassi (directeur sportif), Fausto Pizzi (responsable du secteur jeune) ou encore de Simone Barone, Stefano Morone et Cornelio Donati, entraîneurs respectifs de l’équivalent de la Primavera pour les équipes amateurs (Juniores Nazionali), des Allievi (U17) et des Giovanissimi Regionali (U15). Une bien belle réunion de famille.
Records d’abonnements et transparence totale
Le leitmotiv général est d’ailleurs tourné vers des valeurs morales, avec un message fort appuyé par Nevio Scala, dès sa nomination : « Ce sera un Parme biologique et transparent sur tout. [… ] Les vitres de nos fenêtres seront toujours propres. […] Nous serons forts quoiqu’il arrive car nous ne sommes pas entrés en contact avec la pourriture qui sévit dans le Calcio. » . Le vent d’air frais souffle déjà et a conquis la cité parmesane. Pour preuve, le record d’abonnements en Serie D, détenu jusqu’ici par Sienne avec 3774 unités, a été explosé. En effet, plus de 7600 personnes ont déjà souscrit un abonnement pour la saison à venir ! Un chiffre fou en comparaison des 9235 souscripteurs, la saison dernière en Serie A, même si les tarifs avantageux (25 euros l’abonnement en Curva Nord) ont logiquement boosté les ventes. L’ambiance promet ainsi d’être chaude au stadio Tardini, malgré la fermeture des virages et de la tribune centrale est. L’antre parmesane s’érige d’ailleurs comme un des derniers vestiges de la saison passée avec le centre sportif de Collechio dont le club a obtenu le droit d’utilisation, jusqu’au 30 juin 2017, assorti d’un droit de préemption. En somme, une version immobilière du prêt avec option d’achat. Il fallait bien ça à Parme pour aborder sereinement son long chemin de bagnard. Car côté effectif, on ne compte qu’un seul survivant…
Un capitaine et une jeune garde
… et c’est évidemment Alessandro Lucarelli, capitaine courage, toujours fidèle au poste. Comme annoncé depuis des mois, le défenseur italien n’a pas déserté et sera bien là, la saison prochaine pour mener une équipe montée de toute pièce. Attention toutefois à ne pas se méprendre, Parme sera bien le grandissime favori de son groupe – a priori le D, en raison des faillites à répétition et des procès sportifs en cours, l’annonce officielle des 9 groupes tarde à tomber. Les joueurs, attirés par l’engouement du club, se sont effectivement bousculés au portillon. La reprise des entraînements, la semaine dernière, s’est ainsi transformée en un grand concours de sélection. Il ne manquait plus que Nagui pour animer le spectacle. Oui, tout le monde veut gagner sa place. Même Vincenzo Iaquinta, qui a arrêté le football depuis trois ans, a confirmé qu’il avait eu des touches avec le club. On doute toutefois fort qu’il reprenne une licence, d’autant plus que les règles de la catégorie sont contraignantes en termes d’âge. Le règlement imposant la présence sur le terrain de quatre joueurs de moins de 21 ans (dont deux U20 et un U19). Soit pour la saison prochaine un joueur né après le 1.1.1995, deux après le 1.1.1996 et un après le 1.1.1997. On est bien loin des 38 printemps du capitaine Lucarelli. Mais après tout qu’importe, puisque comme le dit si bien une banderole historique des tifosi ducali, « il suffira de voir le maillot, pour continuer à chanter » . L’histoire est en marche.
Par Eric Marinelli