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Parme, comment plomber un club en huit leçons
En mai dernier, Parma retrouvait l'Europe à la dernière seconde du championnat, puis le club a été exclu de la Ligue Europa. Le début d'une dégringolade qui va très probablement se finir en Serie B. Voici les huit étapes à suivre pour (re)détruire un club prestigieux.
1. Se faire exclure injustement de la Ligue Europa
C’est ce qui a déclenché cet engrenage sans fin. Quelques jours après avoir obtenu cette 6e place synonyme de qualification en Ligue Europa, Parma en est exclu. La raison ? Un impôt impayé (précisément l’Irpef) de 300 000 euros. Une somme dérisoire pour un club de l’envergure de Parme. En effet, il s’agirait plus d’une erreur d’inattention qu’autre chose, mais les différents recours n’ont servi rien. La licence UEFA n’est pas délivrée et les Gialloblù ne font pas leur retour en Europe pile dix ans après leur dernière apparition. Bizarrement, les instances sont beaucoup moins maniaques quand les gros cadors ne respectent pas le fair-play financier.
2. Être abandonné par son propriétaire
Le président Tommaso Ghirardi n’en croit pas ses oreilles et jure sur son double menton qu’on ne l’y reprendra plus. Pour lui, le football, c’est terminé, il se sent tout simplement pris pour un con et crie ouvertement au complot. S’ensuit un combo fatal : démission, robinets coupés et recherche officielle d’un acheteur. Ce qui semblait n’être qu’une menace pour faire reculer les instances est en vérité un véritable abandon de poste. Et tant pis pour les tifosi qui payent les pots cassés.
3. Ne pas recruter au mercato
La conséquence de cette décision est un mercato estival au profil très bas, même si Ghirardi ne cède pas à la tentation de vendre ses meilleurs joueurs. Seul Parolo s’en va dans un premier temps. La case arrivées reste vide jusqu’au 26 août, soit une semaine avant la clôture du marché. Débarquent alors quelques joueurs de devoir. Amauri s’en va également, tandis que le transfert de Biabiany vers le Milan AC est avorté au dernier moment à cause d’un souci de santé. L’effectif est ainsi complété par la multitude de joueurs mis sous contrat par le club en deux ans. On parle là de centaines de joueurs, un vrai trafic possible grâce à plusieurs équipes satellites. Font ainsi leur retour Cordaz, Coda, Santacroce, Rispoli, Ghezzal, Iacobucci, Ristovski et Bidaoui qui barbotaient en Serie B ou en Slovénie.
4. Avoir l’infirmerie pleine
Initialement prévus pour faire le nombre, tous ces troisièmes couteaux ont été amenés à jouer à cause des longues blessures qui ont frappé certains joueurs-clés. Gabriel Paletta, néo-international italien, n’a pas encore disputé la moindre rencontre cette saison, idem pour Mattia Cassani. On parle là de deux piliers de la défense gialloblù. Et que dire de Jonathan Biabiany ? Au sortir de la meilleure saison de sa carrière, le Français est arrêté pour un problème d’arythmie cardiaque et on ne sait toujours pas quand il va reprendre. Cerise sur le gâteau, Massimo Coda, le seul joueur de « troisième zone » qui donnait satisfaction, en a pris pour plus de trois mois. Putain de guigne !
5. Voir ses titulaires chuter de niveau
Mais ceci n’explique pas tout et surtout n’excuse pas les défaillances individuelles. Certains cadres en pleine possession de leurs moyens ont vu leur niveau de jeu chuter. Le gardien Mirante évolue à un poste qui devrait pourtant être épargné par les vicissitudes sportives et extra-sportives, mais il n’en arrête pas une. Lui qui était pourtant à deux doigts d’aller au dernier Mondial en tant que troisième gardien de la Nazionale. Idem pour le capitaine Lucarelli brillant l’an passé et rattrapé subitement par ses 37 ans. Le seul qui sort la tête de l’eau est finalement Cassano, mais son pacemaker n’a guère plus que 60 minutes d’autonomie.
6. Perdre (presque) tous ses matchs
On en vient aux résultats catastrophiques. Pas de demi-mesures avec Parma, ça gagne très peu et ça perd énormément. En effet, aucun score de parité jusqu’à maintenant. Deux victoires, chez le Chievo lors de la 3e journée et contre l’Inter lors de la 10e. Avant et après, pas moins de douze revers. Ce sont en tout six petits points engrangés, soit le plus petit score parmi les cinq grands championnats européens, et de loin, puisque les autres lanternes rouges possèdent au minimum dix unités. Malgré tout, Donadoni est maintenu sur le banc de touche, car le club n’a pas les moyens de se payer un autre coach. Pas plus mal, puisque ce bon vieux Roberto est sûrement le dernier responsable de cette situation. Les démissions ? Un capitaine n’abandonne pas son navire, il coule avec.
7. Écoper de points de pénalité
Déjà au fond du trou, la justice sportive enfonce encore un peu plus Parme. Bim, un bon coup de pelle sur la caboche pour l’achever. En effet, le club a récemment écopé d’un point de pénalité pour son histoire d’impôt impayé. En attendant les recours, Parma n’a plus que cinq unités au compteur. Et ce n’est pas fini, puisque les dates limites pour le paiement des salaires n’ayant pas été respectées, deux ou trois autres points de pénalité pourraient être infligés d’ici quelques semaines. À ce rythme-là, cela ne va pas tarder à finir en négatif tout ça.
8. Finir dans les mains d’un obscur fonds d’investissement étranger
Ghirardi s’est donc empressé de se barrer et il a même trouvé un repreneur beaucoup plus vite que prévu. La transaction sera officialisée mardi prochain via une conférence de presse. Il s’agirait d’un fonds d’investissement russo-chypriote peu transparent. D’ailleurs, quel est l’intérêt pour eux d’investir dans un club qui va tout droit en Serie B et dont le montant des dettes serait d’à peu près 50 millions d’euros ? Les mystères du foot business.
Par Valentin Pauluzzi