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Parma ne meurt jamais
Déclaré en faillite en 2015 et envoyé dans le purgatoire de la Serie D, Parme a su se relever en enchaînant trois montées en trois ans pour retrouver la Serie A. Un exploit que seul ce club pouvait réaliser.
À peine arrivé sur le terrain pour faire son job habituel, Marco Nosotti sait que ce 18 mai 2018 n’est pas un jour comme les autres. L’envoyé spécial de Sky Sports peut en témoigner. Cela fait quinze ans qu’il écume les terrains de la Botte pour la chaîne privée, et pas sûr qu’il ait connu beaucoup d’interviews d’après-match aussi difficiles à réaliser. Il faut dire que ce jour-là, au stade Alberto-Picco où évolue une semaine sur deux le club de la Spezia, est plus que particulier pour le Parma Calcio 1913. Nosotti se fait attraper les cheveux de toute part, est même un peu bousculé, mais il en sourit. Nosotti en a vu des accessions, en a connu des joies et des pleurs, mais il sait qu’il vient d’assister à un moment d’histoire. Il sait aussi qu’à ses débuts pour la chaîne en 2003, il n’aurait jamais pensé avoir la banane en assistant à une simple remontée de Parme en Serie A. Tout simplement car même si la grande époque parmesane était passée, ce n’est pas avec Mutu, Crespo, Adriano, Gilardino ou même Lamouchi que ce club-là se retrouverait dans cette situation. Un bon moyen de se rappeler que le temps passe vite, d’un sens comme dans l’autre.
Retour en grande pompe
Plus qu’un simple jour particulier d’ailleurs, c’est même un jour fondateur. Il y a trois ans, le club parmesan vivait le cauchemar de la relégation administrative en quatrième division, perdant tout ce qu’il avait en sa possession. Les quelques trophées, dont deux Coupe de l’UEFA ou trois Coppa Italia, avaient été d’abord vendues (puis rachetées). Même sort pour les machines de la salle de sport, histoire de tenter d’éponger les 200 millions d’euros de dettes accumulées qui l’avaient privé à la base d’une qualification en Coupe d’Europe.
Mais Parme a fait le dos rond. Comme tout grand club, il a accepté cette réalité, est reparti tout en bas (même s’il n’avait pas le choix) et a travaillé. Le capitaine Alessandro Lucarelli, au club depuis 2008 et titulaire lors de ce match de la montée face à la Spezia, alors que tout semblait perdu. Et avec près de 7600 abonnés dès la première saison, Parma a commencé à remonter. Après avoir roulé sur son groupe en Serie D, le club obtient sa place en Serie B en juin dernier au bout du bout des plays-off. Deux montées en deux saisons, c’est déjà costaud. Mais pas suffisant pour les Parmesans.
Back to Begin
Lors de cette cuvée 2017-2018, le groupe Desports, dirigé par l’investisseur chinois Jiang Lizhang, rachète le club, et Lizhang en devient donc le président. Comme en témoignent ses mots après cette ultime rencontre décisive, lui-même « n’a pas les mots devant ce qui s’est passé lors de cette dernière journée » . Tout simplement car cette saison, Parme a lutté comme jamais pour que son rêve se réalise. Il n’avait d’ailleurs pas les cartes entre ses mains à l’aube de cette 42e journée, ce dernier kilomètre d’un marathon épuisant pour n’importe quelle équipe. Dépendant du résultat de Frosinone, il a dû attendre la 89e minute pour voir Roberto Floriano, joueur de Foggia, égaliser pour son club qui n’avait plus rien à jouer et offrir à Parma une nuit riche en émotions. Peut-être que c’était le destin, tant pour Parme que pour Frosinone, qui a déjà l’an passé loupé l’accession lors de l’ultime journée. Une occasion rêvée pour le club d’énoncer cette phrase qui deviendra peut-être son slogan attitré : « Trois ans qu’ils nous avaient laissés pour morts : ils ont eu tort » . Oui, Parme a réussi pour la première fois de l’histoire à enchaîner trois accessions successives. Son siège attitré ne sera resté que trois ans sans elle, même si pour un club comme Parme, c’est déjà trop.
« Tre anni fa ci davano per morti: si sono sbagliati »Noi siAmo AncorÀ quA! #EhGià#comenoinessunomAi#ForzaParma pic.twitter.com/cmxdiYTHEq
— Parma Calcio 1913 (@1913parmacalcio) 18 mai 2018
Par Andrea Chazy