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Parler pour ne rien dire

Par Thibaud Leplat à Madrid
4 minutes
Parler pour ne rien dire

Surprise à Madrid : Florentino prend le micro pour démentir personnellement une rumeur de presse. On y était mais on n’y a rien vu. L’essentiel était dans les silences.

L’allure de Florentino est toujours la même : costume bleu, chemise bleue, cravate bleue. Ses lunettes sur le nez et une moue d’expert en assurance sur le visage, Florentino Pérez est venu dire des choses. Perez est l’un des personnages les plus célèbres du monde et le président de club le plus charismatique. Alors quand ce matin, le Real publie un communiqué et convoque la presse au chapitre, c’est que quelque chose se trame. Comme les évêques, Florentino ne parle qu’au moment des fêtes ou des grands évènements. Le service de presse du Real convoque donc son monde à 13h dans la tribune d’honneur de Santiago-Bernabéu. Les dames insistent au téléphone « c’est une comparution de presse, pas une conférence de presse » . Si on ose demander quelle est la différence entre ces deux concepts, une gentille dame répond que « lors d’une comparution de presse, il n’y a pas de questions. Vous devriez le savoir, c’est au programme des écoles de journalisme » . Voilà donc à quoi servent ces études.

Tonton Florentino au mic

Le pas lourd et la mine grave, Florentino monte sur l’estrade et lit un morceau de papier devant 200 journalistes diplômés. Non, Mourinho ne sera pas destitué. Non, on ne saura rien de plus sur le destin de la main blessée de Casillas, non, Florentino ne parlera pas d’autre chose que de ce « mensonge » en Une de Marca. « Devant la gravité des faits, j’ai décidé de rompre aujourd’hui ma norme de ne jamais parler publiquement du quotidien du club » . Ramos et Casillas auraient demandé la tête de Mourinho mardi dernier au Prési et à son bras droit Jose Angel Sanchez lors d’un déjeuner au siège d’ACS, la World Company de Florentino. Marca publie l’info ce matin. « Je respecte le travail de la presse » mais « quelqu’un aurait pu au moins m’appeler pour confirmer l’information avant de la publier. Personne ne l’a fait » . Le ton est dur, tonton Florentino s’en excuse presque : « Je sais que mon intervention est dure » mais « je suis venu défendre une institution qui a plus de 110 ans d’histoire » devant les « tentatives de déstabilisation » . C’est tout. Pas de coup de théâtre. Pas de destitution surprise. Pas de scandale.

Les journalistes vont rentrer bredouille. Alors comme pour s’excuser d’autant de mystères, Perez a apporté un cadeau : « Ce n’était pas prévu, mais je vais répondre à vos questions. » Il regarde la salle. Des doigts se lèvent, espérant encore le coup de théâtre. Malgré l’insistance des diplômés en communication, Perez ne dira rien d’autre : « Je vous répète que je ne suis venu ici que pour démentir une information fausse » . Mourinho ne quittera pas le club sur un coup de colère. La scène aurait eu son éclat : un conférence de presse d’urgence en plein mois de janvier au lendemain d’une victoire en Coupe du Roi. On imaginait déjà Perez remercier le Mou, lui souhaiter bonne chance à Paris, puis nommer un successeur qu’on n’imaginait même pas. Il se serait appelé Michel ou Benítez ou Ancelotti. Le paysage du football en aurait été bouleversé. On ne serait pas venus pour rien. C’était la seule nouvelle qui aurait été à la hauteur de la mise en scène. Mais Perez est venu éteindre un feu. En y jetant de l’essence.


Des problèmes de communication

Convoquer une conférence de presse d’urgence sans donner d’ordre du jour, c’est comme Pénélope Cruz qui vous aborde dans la rue pour vous demander du feu. Elle a forcément une idée derrière la tête. Vous vous enflammez forcément. Perez « n’a pas parlé avec Mourinho » , il répète sans arrêt le mot « mensonge » et « responsabilité » . Démentir publiquement une rumeur de presse devant autant de dirigeants assis au premier rang, avec autant d’emphase et de cérémonie, est le symptôme de quelque chose d’autre. Démentir personnellement une information, c’est lui donner beaucoup trop d’importance. Le club aurait pu ne rien dire ou émettre un misérable communiqué. Mais la conférence surprise de Perez parle de l’impossibilité d’agir, du pouvoir de la presse, de la tension à l’intérieur du club, de la nécessité de compenser l’impuissance par l’éloquence, de la maladie plutôt que du symptôme. Les dames du Real avaient raison. Il en faut, des diplômes, pour comprendre ce qu’il s’y passe. Des diplômes de médecine.

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