Paris stressé, mais Paris magique

PSG – Barça (3–2)

David Luiz (10′), M. Verratti (26′), B. Matuidi (53′) pour PSG , L. Messi (11′), Neymar (54′) pour FC Barcelone.

Le propre de la magie, c’est qu’on ne peut l’expliquer. À la 26e minute, quand Marco Verratti a placé sa petite tête moisie mais victorieuse au second poteau, le public du Parc des Princes a compris. Compris que cette soirée ne serait pas comme les autres, saisi que ce match serait un spectacle irrationnel, une rencontre de folie. Inspiré comme jamais, le milieu italien a marqué son premier but tant attendu avec le PSG, sous les acclamations d’un Parc envoûté et le sourire incrédule de Laurent Blanc. Ce dernier n’a pas boudé son plaisir à la tombée du rideau ; sortie tout droit de son chapeau, sa tactique ésotérique a parfaitement fonctionné. Après six matchs nuls en neuf rencontres, le Paris Saint-Germain s’est exorcisé avec la manière de son début de saison raté, et a réalisé un miracle face à un adversaire qui marchait sur l’eau et sur l’Espagne depuis cet été.

Le PSG en action

Jamais depuis le début de la saison, le Barça n’avait encaissé de but. Toute la force du PSG ce soir aura été de passer outre l’illusion d’un adversaire invincible. Il aura fallu à peine dix minutes à David Luiz, critiqué avant la rencontre, mais immense ce soir, pour déflorer le géant espagnol. Servi sur coup franc, le défenseur brésilien a contrôlé la balle avant de tromper Marc-André ter Stegen d’une frappe en pivot (10e). De quoi récompenser une entame de match marquée par le pressing constant et très haut du milieu parisien, beaucoup plus tranchant à la récupération. Privé d’Ezequiel Lavezzi et de Zlatan Ibrahimović, dont l’absence n’a pas été comblée par Edinson Cavani, le PSG s’en est remis aux tours de passe-passe ultra-rapides de Lucas (34e, 36e) et à l’ubiquité de Javier Pastore (59e) pour créer le danger dans le jeu. Enfin de retour, Blaise Matuidi a inscrit le troisième but parisien sur un joli centre tendu de Van der Wiel ; un numéro classique, mais toujours aussi bien rodé (54e). C’est néanmoins dans les airs que s’est trouvé le clou du spectacle : en lévitation, les têtes parisiennes ont sans cesse dominé les crânes catalans pour asseoir offensivement et défensivement une victoire méritée.

Le Barça à réaction

Malgré les incantations désespérées de Luis Enrique, on n’a que trop peu vu ce soir ce qui faisait la force du Barça depuis le début de saison. On a pourtant eu droit à un incroyable numéro de sorcellerie quand Messi et Neymar ont à chaque fois égalisé dans la foulée de buts parisiens. Le génie argentin a inscrit son sixième but de la saison sur une succulente action collective, menée en duo avec Iniesta (11e). Le Brésilien a lui répondu à Matuidi d’une frappe croisée du droit, à la réception d’un centre de Dani Alves (56e). Mais malgré cette magie noire, tirée des grimoires de la Masia, les Catalans ont très souvent buté sur l’envie et l’énergie de la défense parisienne, à l’image de cette intervention intergalactique de Marquinhos devant Jordi Alba (83e). En dépit d’une fin de match tendue, aussi marquée par un poteau de Munir (85e), Paris tiendra jusqu’au bout. On ne saura jamais comment le PSG a pu se relever de son match nul tragique à Toulouse pour livrer une performance de telle ampleur. Parfois, les plus belles choses arrivent sans raison quand on y croit. Barcelone était ce soir trop classique. Paris était ce soir trop magique.