- L'histoire des maillots
- Épisode 9
Paris Saint-Germain, la capitale scintille en rouge et bleu
Il est porté dans les stades, sur les terrains le dimanche, dans la cour de recré, dans la rue. Le maillot de foot est le signe de ralliement de tout supporter. Et chaque maillot a son histoire. Cette semaine, place à la tunique du PSG.
Chaque année, joueurs et supporters de Ligue 1 cochent le déplacement au Parc des Princes en premier dans leur agenda. Pas seulement pour se frotter à Zlatan et sa bande. Longtemps, le Parc a été considéré comme la meilleure ambiance de France. Et les joueurs de la capitale comme l’équipe à abattre, peu importent leurs résultats sportifs. Au stade comme dans la rue, porter la tunique bleu-blanc-rouge-blanc-bleu en province est un signe de ralliement qui ne laisse pas indifférent, surtout au sud de la Loire. Mais cela devient aussi une mode popularisée par les titres de l’ère qatarie.
Histoire d’un maillot
À l’été 2009, la grogne se répand chez les associations de supporters. Le nouveau maillot domicile, bleu avec des liserés rouges, ne plaît pas aux fidèles de la porte de Saint-Cloud. « Certainement l’un des seuls maillots du football professionnel à avoir été dessiné par un grand couturier [Daniel Hechter] (…), le maillot de notre club – reconnaissable entre 1000 – est composé de bleu et d’une bande centrale rouge entourée par deux liserés blancs. Ça, c’est le PARIS SAINT-GERMAIN : en France ou en Europe, c’est par ce maillot que l’on nous identifie » , lance le communiqué commun des fans parisiens.
Le maillot bleu-blanc-rouge-blanc-bleu, c’est celui de l’ère Canal +, des cinq glorieuses (cinq demi-finales de Coupe d’Europe d’affilée de 1993 à 1997), de la victoire en Coupe d’Europe (C2 1996), des soirées magiques contre Barcelone, Liverpool, Steaua Bucarest, et plus tard devant Rosenborg, Porto ou encore Twente. Ce sont les larmes de Raí, les régalades de Ronaldinho, le (premier) grand huit contre l’OM, les ailes déployées de Pauleta, les titres en coupes, mais aussi l’union sacrée quand le club flirte avec la descente en Ligue 2. Bref, pour beaucoup, c’est le maillot avec lequel ils ont grandi, celui qui rappellera toute la vie des souvenirs impérissables. Mais ce n’est pas le seul maillot qui a marqué l’histoire du PSG, ni même le tout premier.
Le Paris Saint-Germain Football Club est né officiellement le 27 août 1970. Emmenée par l’entraîneur Pierre Phelipon et la vedette Jean Djorkaeff, l’équipe débarque cette saison-là en deuxième division vêtu d’un maillot rouge uni, avec un col bleu et blanc, short blanc et bas bleus. Les couleurs bleu et rouge font référence au drapeau bicolore de la ville de Paris – bleu à gauche et rouge à droite – et au blason de la capitale – une nef argentée sur fond rouge -, apparu pour la première fois sous le règne du roi Philippe Auguste (1165-1223), puis orné de fleurs de lys sous Charles V (1338-1380).
Le « maillot Hechter » , influencé par l’Ajax ?
Alors que le Paris Saint-Germain et le Paris Football Club se scindent en deux à l’issue de la saison 1971-72, les amateurs du PSG repartent la saison suivante en troisième division avec un maillot sensiblement identique. Pas pour longtemps. Grâce à son nouveau président Daniel Hechter, le PSG arbore pour la première fois le maillot bleu à la bande rouge en 1973-74. À l’époque, le maillot s’apparente à la tunique du grand Ajax de Johan Cruyff – le Hollandais volant portera d’ailleurs le « maillot Hechter » lors du tournoi de Paris 1975 -, alors maître du football européen (trois C1 remportées d’affilée en 1971, 72 et 73).
Est-ce que le grand couturier parisien a voulu rendre hommage à l’Ajax de Cruyff avec cette bande ? « Pas directement, même si Johan est un ami et que je partage son idée du football, replace Daniel Hechter dans l’ouvrage Ici c’est Paris de Thibaud Leplat. Pour moi, un stade, c’est le plus grand théâtre du monde. C’est là où il y a le plus de spectateurs. J’ai donc voulu dessiner quelque chose d’esthétique qui fonctionne comme une opéra. » Hormis la saison 1976-77 où les couleurs sont inversées, le PSG fait du maillot Hechter son identité à domicile jusqu’en 1982, en passant du short bleu au rouge.
Sous l’impulsion de Francis Borelli, un autre membre du « gang des chemises roses » , Paris troque la bande rouge pour un linge blanc avec une bande rouge et bleu sur le côté gauche. Le maillot extérieur devient ainsi le maillot domicile et inversement. Ce maillot évoluera progressivement à la fin des années 80, d’un blanc avec tour Eiffel rouge et bleu vers un retour au bleu-blanc-rouge-blanc-bleu à partir de 1994-95, qui perdurera jusqu’en 2009 (excepté 2001-02, où les supporters manifesteront déjà contre les innovations de Nike). Laissé pour compte depuis, un semblant de maillot Hechter fait son retour cette saison, trois ans après sa dernière apparition.
L’autre maillot mythique
Safet Sušić, Luis Fernandez, Dominique Bathenay… Plus que le maillot Hechter, les joueurs qui ont marqué l’histoire du PSG dans les années 80 sont associés au maillot blanc agrémenté d’une bande rouge et bleu sur le côté gauche. C’est avec celui-ci que le PSG soulève sa première Coupe de France (1982), réalise sa première campagne européenne l’année suivante (élimination en quarts de finale de C2 face aux Belges de Waterschei), empoche une deuxième Coupe dans la foulée (1983), puis remporte son premier titre de champion de France (1986). Le premier grand PSG, en somme.
Maillots extérieurs et autres maillots collectors
Quand il ne faisait pas office de maillot domicile, le maillot Hechter était bien souvent porté par les Parisiens à l’extérieur. En complément, la bande rouge pouvait aussi être entourée de liserés bleus sur fond blanc – se rapprochant encore plus de la liquette ajacide. Il faut remonter à 1988-89 pour trouver la trace d’un maillot extérieur fantaisiste : il est bleu avec des motifs en diagonale (et était déjà utilisé la saison précédente en tant que troisième maillot). Viendront plus tard le maillot gris (tellement populaire auprès des supporters, le gris à la bande blanche horizontale de 1999-2000 sera réédité à l’identique la saison suivante) et même marron en 2006-07. Disparu aussi vite qu’il est arrivé, le « maillot chocolat » reste comme le plus excentrique jamais porté par les joueurs de la capitale. En 2010, le club célèbre son 40e anniversaire en revenant au maillot rouge uni. De retour cette saison, le noir, lui, a seulement fait figure de troisième maillot.
Paradoxalement, le 18 mars 1993, c’est avec l’un de ses maillots domicile les plus éphémères – à dominante blanche – que le PSG remporte la plus belle victoire de son histoire face au Real Madrid (4-1). Mais même celui-là est beaucoup plus classe que les dernières tuniques portées dans les années 2010, avec une mention spéciale pour la version bavette 2013-14.
À retrouver : tous les maillots du PSG compilés par psgmag.net
Par Florian Lefèvre