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- Quarts
- Wolfsburg-Paris Saint-Germain (1-1)
PSG : un échec européen de plus
Le Paris Saint-Germain s'est fait sortir en quarts de finale de Ligue des champions par Wolfsburg ce jeudi 30 mars. Avec des moyens pourtant largement supérieurs au reste des équipes françaises, à l'exception de l'Olympique lyonnais, Paris ne parvient pas à être performant. Décryptage des défaillances parisiennes.
Ce jeudi 30 mars s’est jouée une nouvelle tragédie pour les supporters parisiens. Habitués à voir l’équipe masculine enchaîner les contre-performances en Ligue des champions, ils ont vu leur équipe féminine épouser le même schéma. Dans la nuit allemande, les coéquipières de Kadidiatou Diani se sont fait éliminer sur un score cumulé de 2 à 1 (match nul 1-1 une semaine après la défaite 0-1 à l’aller) par une équipe de Wolfsburg loin d’être hors de leur portée. Malgré deux finales perdues (2015 et 2017), les Parisiennes ne parviennent pas à s’imposer sur la scène continentale, alors que leur effectif et leurs finances sont taillés pour conquérir le titre suprême.
Une seule Katoto vous manque et tout est dépeuplé
Les Parisiennes, même si cela est peu visible en championnat, souffrent de l’absence de Marie-Antoinette Katoto. La numéro 9 française et meilleure buteuse du club de la capitale ces dernières saisons s’est blessée gravement au genou lors du dernier Euro en Angleterre et n’a pas disputé le moindre match cette saison. Une absence qui a forcé le technicien parisien, Gérard Prêcheur, à modeler sa ligne d’attaque. À l’instar de l’équipe de France, c’est Kadidiatou Diani qui a récupéré l’axe de l’attaque parisienne, loin d’être son poste préférentiel, elle qui préfère amplement s’exprimer dans le couloir droit. Pour ne rien arranger à la situation, la numéro 11 parisienne est sortie sur blessure à la mi-temps du match retour, après un choc avec Kathrin Hendrich et une mauvaise chute sur l’épaule. Le tournant du match.
Malgré une équipe compétitive sur le papier, Paris manque de profondeur de banc, contrairement aux nouveaux cadors européens que sont le FC Barcelone ou Chelsea. Avec des joueuses en attaque en manque de confiance et de temps de jeu, à l’image de Lieke Martens, deuxième plus gros salaire du club et de la D1 Arkema, très peu utilisée, ou de Berglind Thorvalsdottir qui n’a disputé qu’un seul petit match de championnat, les changements en cours de match sont rarement favorables.
Tactiquement, le PSG est également en retard sur les autres écuries européennes. Sur la double confrontation face à Wolfsburg, malgré le cruel scénario du match retour, les Parisiennes n’ont jamais réussi à déstabiliser le bloc allemand compact et sont restées soumises à l’efficacité redoutable d’Alexandra Popp. Pour justifier l’injustifiable, Gérard Prêcheur n’a rien trouvé d’autre que de critiquer les décisions de la VAR, certes en défaveur des Parisiennes, mais parfaitement légitimes. Après le match aller, le coach parisien avait courageusement pointé du doigt les responsables de la défaite : « Concernant l’arbitrage, j’ai le sentiment qu’il n’a pas été en notre faveur. Sans la VAR, on gagne le match, c’est comme ça. »
Plus d’affaires extrasportives que de trophées
Éliminé dès les quarts de finale de la compétition, le PSG ne parvient pas, malgré les années, à concurrencer sur la scène continentale et nationale l’hégémonie lyonnaise. La faute à un projet sportif délaissé par la direction du club et des affaires ubuesques qui polluent le vestiaire.
Les affaires extrasportives concernant la section féminine sont pléthoriques et font plus parler du PSG que ses exploits sportifs. L’affaire Hamraoui pose des questions sur la gestion du club. Kheira Hamraoui est devenue paria avant d’être réintégrée à l’effectif, dans une équipe où de nombreuses joueuses importantes du vestiaire parisien ont témoigné leur soutien à Aminata Diallo, suspectée d’être la commanditaire de l’agression de sa coéquipière. Aminata Diallo est certes partie à Levante, mais pas celles qui l’ont soutenue, à l’instar de Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani. Suffisant pour faire régner une atmosphère pesante au quotidien.
La dernière affaire en date reste la mise en examen de César Mavacala, compagnon de Kadidiatou Diani, agent sans licence qui aurait fait pression sur le club et notamment Ulrich Ramé, alors directeur sportif, pour obtenir la signature ou la prolongation de certaines joueuses. Il se serait occupé des contrats de plusieurs joueuses, dont Aminata Diallo, et de la prolongation de Marie-Antoinette Katoto l’été dernier, en se démenant en parallèle pour pousser Kheira Hamraoui vers la sortie. Ses méfaits ne se sont pas arrêtés là, puisqu’à la suite de la non-prolongation d’Aminata Diallo, il aurait lancé des rumeurs infondées sur une agression sexuelle perpétrée par Didier Ollé-Nicolle, alors entraîneur du club. Une accusation fallacieuse, puisque l’ancien entraîneur de l’OGC Nice a été totalement blanchi par la justice. Reste que le mal était fait et que le technicien a été écarté par sa direction.
Projet sportif délaissé, effectif en délicatesse et affaires extrasportives plus nombreuses que les succès. Pour parvenir à performer aussi bien sur la scène européenne que nationale, le Paris Saint-Germain va devoir d’abord reconstruire un projet sportif cohérent, en délaissant les déboires judiciaires et le bling-bling pour enfin être au niveau auquel on attend un tel club. Il est temps de rêver plus grand.
Par Léna Bernard