- France
- Ligue 1
- 2011/2012
- Bilan
- Paris Saint-Germain
Paris perdu
On attendait monts et merveilles de ce PSG façon qatari. 38 journées plus tard, les hommes de Carlo Ancelotti terminent dauphins du treizième budget de France. Autopsie d'un demi-échec prévisible.
79 points, meilleure attaque du championnat, le deuxième meilleur buteur, le troisième meilleur passeur et des caisses pleines de pognon. D’un point de vue comptable, la saison parisienne est une réussite. Sauf que non. Le club francilien termine la saison bredouille. Aucun trophée au compteur. Pas même une saloperie de Coupe de la Ligue, laissée à l’OM, c’est dire. La qualification directe pour la prochaine Ligue des Champions ne suffit pas à combler le vide laissé dans la vitrine. D’autant que le board parisien avait laissé filtrer – un peu trop vite, sans doute – la couleur en début de saison : un triplé Ligue 1 – Coupe de France – Ligue Europa pour l’anniversaire du Prince. Rien que ça !
Certes, l’objectif avoué était la C1. Mais, en secret, les patrons qataris voulaient le titre suprême : l’Hexagoal. Le PSG a payé son chamboulement permanent. Contre Lorient, Carlo Ancelotti a aligné un onze où Nenê, Jallet et Camara apparaissaient comme les seuls rescapés du millésime précédent. Pis, Alex, Maxwell et Thiago Motta n’étaient même pas détenteurs d’un bail au tarif exorbitant dans la capitale six mois plus tôt. Autrement dit, Paris a payé le prix fort de son instabilité. Instabilité tactique, tout d’abord. 4-5-1, 4-2-3-1, 4-3-2-1, 4-4-2, Antoine Kombouaré d’abord, Carlo Ancelotti ensuite, ils ont tout essayé. Personne n’a trouvé la bonne formule sur le pré. Ou pas tout à fait.
Terrain instable
Et force est de constater que bouleverser son schéma de jeu semaine après semaine n’a pas aidé le collectif à se forger. Actuellement, on ne sait toujours pas à quel poste Javier Pastore est le plus incisif. C’est con pour un mec acheté 42 millions d’euros. On ne va pas se mentir, l’intronisation de Carlo Ancelotti en lieu et place d’Antoine Kombouaré en décembre dernier a également eu une incidence sur le déroulement de la saison. Au lendemain de sa victoire à Saint-Étienne, Leonardo signifie au Kanak qu’il est disponible pour tous les 18 trous de France. A cette époque, Paris est leader avec trois points d’avance sur Montpellier. 19 matches plus tard, le PSG d’Ancelotti termine à trois points du champion héraultais.
Le raccourci est facile, mais le changement de coach n’aura pas été bénéfique. D’un point de vue comptable, c’est une évidence. Surtout, il a mis trop de temps à se mettre en place. Entre la rumeur « Ancelotti à Paris » et le changement effectif, il s’est écoulé près de trois mois. C’est trop. Paris voulait se racheter une image. Il aurait fallu commencer par s’acheter une logique de management. Dans ce bordel, le PSG a sûrement perdu beaucoup de force(s). Trop sans doute. Mais l’essentiel s’est quand même joué sur le terrain avec une instabilité chronique.
La défense à la barre
Comment évoquer l’échec parisien sans pointer du doigt l’axe défensif ? C’est le fil rouge des maux parisiens. La saison avait commencé avec le duo Lugano-Sakho pour finalement s’achever avec Alex-Camara. Le signe d’un ratage complet sur toute la ligne. Entre ces deux duos, les différents coaches franciliens auront tout essayé. Toutes les combinaisons possibles (sept charnières centrales testées en tout et pour tout). Aucune n’a vraiment donné satisfaction. Il faut voir dans cet échec l’une des raisons de la déception parisienne. Alors que l’an dernier, la charnière Armand-Sakho avait su trouver un équilibre et une certaine cohérence, tout a été balayé d’un revers de main. Cet été, les recruteurs iront sans doute chercher un nouveau stoppeur. La preuve que rien n’a été construit en dix mois de championnat (sans compter la disparition physique et mentale de Mamadou Sakho, capitaine et international en début de saison, 15e homme en cette fin mai). On parle d’une équipe qui vient d’encaisser 41 buts, dont la moitié sur coups de pied arrêtés. Dans ce marasme défensif, la révélation Salvatore Sirigu ne fait pas le poids.
Enfin, difficile d’évoquer les ratés parisiens sans mentionner celui du poste d’avant-centre. Un comble pour l’équipe qui possède la meilleure attaque du championnat. Pourtant, aussi bien Kombouaré qu’Ancelotti, les coaches n’auront jamais réussi à résoudre le problème de l’attaquant unique. Que ce soit Erding, Gameiro ou Hoarau, aucun n’a convaincu. Les ratés du mercato d’hiver (Tevez, Pato) confirment le manque d’impact offensif des Parisiens dans la surface. Finalement, c’est en jouant sans attaquant de formation que le PSG a été le plus séduisant. Une méthode par défaut mais efficace. Tout n’est pas à jeter, bien entendu. Avec 79 points et seulement cinq défaites, les Parisiens ont validé un exercice solide, et auraient décroché facilement le titre sans la saison hors du commun de Montpellier. Mais l’attente était telle, qu’une saison sans aucun trophée est forcément, finalement, perçue comme un échec. Maintenant que le nouveau staff est en place et la Ligue des Champions au menu, les excuses ne seront plus valables pour la saison prochaine. Il faudra assumer et laisser un peu de temps aux choses.
Par Mathieu Faure