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Paris « oui, mais » et Lyon « non, mais »…
Le test des quarts de finale pour le PSG en C1 et l'OL en C3 offrait à domicile deux gros clients, Chelsea pour l'un et la Juve pour l'autre. Paris a brillé mais dans la douleur (3-1) avant un retour excitant sans Zlatan à Stamford Bridge. Lyon s'est incliné mais avec panache et honneur (0-1).
Fluctuat nec mergitur
Ce PSG est éternel : il recule toujours quand il marque le premier but. Un truc bien énervant qu’on observait déjà du temps des coachs Guy Lacombe, Le Guen et Kombouaré… Trêve de plaisanterie ! Si Paris a bel et bien reculé après le but de Lavezzi (3e), c’est qu’en face c’était Chelsea et qu’on jouait un quart de Ligue des champions. C’est d’ailleurs durant ce temps fort, au cœur de la première mi-temps, que les Blues ont égalisé sur penalty (Hazard, 27e) et qu’a jailli l’interrogation récurrente : est-ce que ce PSG est taillé pour dominer vraiment un cador européen ? Car c’est sur la base de cette question que Chelsea partait a priori favori pour ce quart de finale : avec ses tauliers (Čech, Terry, Cahill et Lampard, même remplaçant), avec ses flèches (Hazard, Willian, Schürrle) et surtout avec le Special One, on ne doutait pas de la force londonienne. Tel n’était pas le cas d’un Paris qui se balade en championnat, mais qu’on n’avait jamais vu au taquet (seulement à 80 % en L1 et à 90 % en C1)… Du coup, quand Hazard a repris sur le poteau (40e) durant l’écrasante domination anglaise, le doute n’était plus permis. Ce Paris était tout simplement inférieur. Car, comme prévu, Zlatan était neutralisé, Cavani aussi. Le milieu Motta-Verratti-Matuidi mis sous pression déjouait avec un déchet technique inhabituel. Les couloirs étaient bloqués et surtout, le boss Thiago Silva avait commis l’irréparable en provoquant le péno ! Même la réussite initiale de Lavezzi avait la banalité des buts inscrits très tôt quand les joueurs ne sont pas encore chauds et que les blocs ne sont pas encore en place. Une situation classique, nonobstant l’adresse phénoménale de Lavezzi… Ceci dit, le but de l’Argentin nous éclairait quand même un peu sur la bonne mentalité parisienne : jouer tous les bons coups à fond, en première intention, exactement comme à Leverkusen (buts directs, sans réfléchir : « c’est la C1, Coco ! » ). En première mi-temps, Paris a fait du Paris : « Battu par les flots, mais ne sombre pas. » Malgré les « défaillances » individuelles (Ibra, Cavani, Maxwell), le collectif a tenu bon, comme savent le faire les grandes équipes.
Le collectif plus que les individualités, c’est la leçon majeure à tirer de cette rencontre. Un collectif élargi aux remplaçants, impeccables sur le terrain : Jallet a répondu présent, Lucas a accentué la domination parisienne de deuxième mi-temps (entré à la 68e à la place d’Ibra) et Pastore entré à la 85e à la place de Lavezzi a accompli l’exploit individuel, le coup de folie espéré dans les grands rendez-vous (slalom vertigineux du 3-1, 93e)… Ce PSG joue donc bien à plus de onze. Son emprise totale sur le jeu en deuxième période a apporté la réponse attendue sur son implication à 100 % au plus haut niveau, au point de faire étonnamment reculer Chelsea ! Récupération haute, densité de jeu et solutions sur les côtés… Tout n’était pas fluide et majestueux. Non : Paris poussait, à l’image du second but sur coup franc indirect : c’est David Luiz mis sous pression, comme tous ses coéquipiers, qui a détourné le cuir dans ses cages (2-1, 61e). En somme, trois buts un peu « bizarres » , comme l’a très bien exposé Mourinho : une demi-volée précoce de Lavezzi, un csc très laid et une inspiration irrationnelle au bout du bout d’un « super sub » qui ne s’attendait même pas à entrer si tardivement ! Paris, c’est tout ça à la fois… Il a pris une bonne option pour les demies, mais aujourd’hui, on se contentera juste de constater que ce PSG a réussi son premier vrai test de la saison. C’est tout. Mais c’est déjà pas mal…
Almost gone…
Tordons le cou à un canard : l’OL s’est fait battre à l’italienne. Traduction : une méchante Juve ultra défensive et pratiquant un catenaccio de fer a puni Lyon de façon ultra cynique en marquant un unique but en contre en toute fin de partie (Bonucci, 85e). Tout faux… À ceux qui souhaiteraient voir de leurs yeux ce modèle de foot italien impitoyablement « réaliste » , on recommandera l’anthologique Italie-Norvège (1-0) en 8e de Coupe du monde 1998 ! Un must… Hier soir à Gerland, la Juve a plutôt contrôlé une bonne équipe lyonnaise beaucoup trop dévaluée pour pouvoir lui donner la réplique (Gourcuff, Grenier et Biševac absents). Qui plus est, on savait que le jeune effectif lyonnais qui disputait son 52e match de la saison manquerait de souffle intégral pour cette rencontre à forte intensité. Passons rapidement sur l’inexpérience européenne lyonnaise, avec un Pirlo totalisant 126 matchs de coupes d’Europe, soit plus que toute l’équipe de l’OL alignée hier soir… Comme par hasard, ce sont d’ailleurs les deux « vétérans » , Malbranque (33 ans) et Briand (28 ans) qui s’en sont le mieux tirés hier soir : le premier, en organisateur et en chaperon de Pirlo, et le second en se distinguant le mieux sur le front de l’attaque. L’autre « vétéran » de l’équipe, Henri Bedimo (29 ans), n’a pas eu son rendement habituel, notamment sur le plan offensif. C’était prévu : Antonio Conte n’ignorait certainement pas que le latéral gauche lyonnais ainsi que le remuant Lacazette constituaient de réels dangers. Du coup, le premier a été bloqué dans son couloir et le deuxième a été impitoyablement broyé par la défense à trois de la Juve. CQFD. Enfin, pour en finir avec les cas individuels, on notera qu’outre Malbranque et Briand, c’est aussi le gardien Anthony Lopes qui s’est singularisé. Une vraie preuve de ses progrès constants mais aussi la preuve que c’est la Juve qui s’est montrée la plus entreprenante et la plus dangereuse, à l’inverse donc d’une Juve cyniquement défensive…
Lopes a donc joliment retardé l’échéance jusqu’à la fatale 85e minute (0-1). Pour en arriver à ce but qui a fait la différence, Conte avait changé ses plans à l’heure de jeu en faisant d’abord entrer Vučinić à la place de Tévez à la 56e (c’était prévu, car l’Apache était un peu touché avant le match), puis en faisant entrer Giovinco à la 62e à la place d’Osvaldo (une véritable erreur de casting de la Juve). Conte a aussi fait jouer son bloc un cran plus haut, en accentuant la pression sur des Gones sur le reculoir. Il aura suffi de quelques accélérations foudroyantes de Giovinco pour dissoudre l’arrière-garde lyonnaise… Après le raté incroyable de Vučinić (81e), Bonucci a donc porté l’estocade sur un corner joué en trois temps. Un but sur corner, et non pas sur un contre assassin ! Ce qui invalide à nouveau la thèse du foot cynique et réaliste à l’italienne. Ici encore, plutôt que d’épiloguer sur la responsabilité de Koné (qui a mis en corner) ou sur le manque de vigilance de la défense lyonnaise qui renvoya mal à deux reprises, notons juste la grosse densité italienne dans la surface lyonnaise sur ce corner, sans compter les quelques Juventini postés à l’entrée de la surface, prêts à disputer les deuxièmes ballons… Cette férocité dans la boîte illustrait bien la supériorité « européenne » de la Juve, létale à l’instant T. La Juve a aussi gagné au bluff, au charisme : les monstres de la Juve ont magnifiquement surjoué leur rôle de « footballeur italien redoutable » . Buffon a désarmé les Lyonnais rien qu’avec son sourire permanent. Pirlo a offert le même visage de tueur impassible quand Chiellini a encore été parfait dans l’intox du « Rital-impassable-en-défense » . Les p’tits Lyonnais ont été impressionnés. Bravo ! En conclusion, ce Lyon trop light n’a pas fait le poids et a hypothéqué ses chances pour les demies. On fera la semaine prochaine le bilan particulier de ces quarts lyonnais contre la Juve. Et éventuellement le bilan définitif d’un parcours européen de toute façon jusque-là exemplaire…
Par Chériff Ghemmour