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« Paris n’était pas un petit club avant les Qataris »
Prêté par le PSG à Saint-Étienne, Jean-Christophe Bahebeck entrevoit le bout du tunnel après une première moitié de saison minée par les pépins physiques. Les Verts, sa relation avec Paris, ses souvenirs du Mondial U20 2013 ou encore sa passion pour la NBA. L'attaquant de 22 ans est passé à table.
Tu as eu un début de saison très compliqué, et cela va mieux depuis janvier, avec notamment un but en Ligue Europa contre Bâle qui avait marqué les esprits. Cette réalisation, tu l’avais vécue comme un déclic ou un soulagement ?J’étais content de marquer pour l’équipe dans un match important. Pour moi, cela a récompensé le travail consenti depuis début 2016, j’avais la volonté de repartir sur de bonnes bases après une première partie de saison pas bonne du tout. J’ai été plombé par des soucis de santé et des problèmes physiques, donc je n’ai pas pu montrer ce que je souhaitais pour Saint-Étienne. 2016 a bien mieux commencé, avec aussi un but contre Reims, et ce but contre Bâle qui m’a fait beaucoup de bien. Je me sentais déjà bien à Saint-Étienne, j’ai eu une intégration facile, car je connais certains joueurs, et ce club est une famille, donc j’étais aidé. Mais cela a concrétisé mes efforts pour revenir à un meilleur niveau.
Quand tu as choisi Saint-Étienne en début de saison, j’imagine que c’était pour montrer aux dirigeants du PSG que tu pouvais t’imposer dans un très bon club de Ligue 1…Au mois d’août, c’était l’objectif. Je savais qu’ils allaient jouer la Ligue Europa s’ils passaient les barrages, mon ambition était d’emmagasiner de l’expérience. J’ai seulement ou déjà 22 ans, selon l’opinion des médias. Je voulais absolument disputer une Coupe d’Europe, et Saint-Étienne, c’est le top 5 français, donc l’assurance de jouer des beaux matchs dans la saison.
Comment tu te situes par rapport au PSG aujourd’hui ? Sans mentir, pour le moment, je ne pense pas à la saison prochaine. Je suis obnubilé par cette saison avec l’ASSE. Ce qui doit arriver l’année prochaine, que je reste, que je sois vendu ou à nouveau prêté, je n’y pense pas. Je suis à fond sur le moment présent et une fin de saison intéressante à jouer. On peut gratter pas mal de choses, la quatrième voire la troisième place si on est ambitieux. Je n’en ai pas encore parlé avec ma famille, mes proches, mes dirigeants, mais pourquoi pas aussi rester à Saint-Étienne. Mais l’année prochaine, c’est encore très loin, je ne me projette pas.
Tu es originaire de Saint-Denis, j’imagine que le PSG a toujours été le club que tu supportais ?Depuis tout jeune, c’est de famille. Mes frères et même mon père supportent Paris. Dans ma chambre, j’avais un poster de Ronaldinho et d’Eto’o, car le Brésilien était déjà parti au Barça, mais c’était mon joueur phare. Depuis gamin, je suis 100% PSG. Aujourd’hui, il y a plus de supporters de Paris, en partie à cause de l’arrivée de stars, donc je fais peut-être partie des « anciennes générations » de supporters du club. J’ai été repéré lors d’une détection à Sens à 12-13 ans. J’ai intégré la préformation à 13 ans et demi, c’était à Verneuil, j’étais avec des joueurs comme Youssouf Sabaly et Alphonse Areola. Lui était à Clairefontaine, mais jouait avec nous le week-end. À part eux et moi, personne n’est passé pro.
Tu as vécu le changement de dimension du club. Comment tu l’as ressenti de l’intérieur ?Pas mal de choses ont changé, c’est vrai, entre ma première saison avec Antoine Kombouaré et l’état actuel. Mais Paris n’était pas un petit club avant l’arrivée des Qataris, c’était quand même l’équipe de la capitale, il y avait déjà un prestige. Avec les Qataris, tout a été amélioré en matière de moyens, d’infrastructures, mais il ne faut pas croire que ce n’était pas carré avant. Cela bossait déjà très bien, c’était structuré et un gros club quand même, c’est juste qu’il n’y avait pas autant de moyens. Des joueurs comme Zlatan Ibrahimović te font progresser inconsciemment aussi, car ils sont toujours à 200%, donc cela te pousse à surélever tes propres capacités. Lui, comme Maxwell ou Thiago Silva, ils ont une hygiène de vie au top. Ils viennent une heure ou une heure trente avant l’entraînement et repartent une heure ou une heure trente après. Ce n’est pas pour rien que Maxwell aujourd’hui est plus souple et en forme que pas mal de joueurs de 23-24 ans. Il a une telle discipline qu’il peut encore continuer une ou deux saisons de plus comme maintenant, facile.
Tes précédents prêts à Troyes en 2012-2013 et Valenciennes en 2013-2014 ont été conclu par des relégations. On se souvient notamment d’un échange houleux entre toi et des supporters de VA qui t’avaient pris à partie et reproché de « repartir tranquillement à Paris l’année suivante » … Je m’en souviens, c’était une fin de saison douloureuse pour moi personnellement, mais aussi pour tout le collectif à cause de la descente. J’y pense encore souvent aujourd’hui, j’en discute souvent avec des amis et des proches. Cette période m’a beaucoup appris. Il y a eu des mots, des choses dites par certains supporters qui ont été blessantes, mais je n’aurais jamais dû réagir comme je l’ai fait. Ce supporter était juste frustré de nous voir à cette position-là, 18e ou 19e, et je le comprends tout à fait. J’ai mal réagi sur le moment. Quand tu viens d’un club comme le PSG en prêt, c’est facile, les gens pensent que tu t’en fous, que tu vas retourner là-bas tranquille. On m’avait même dit : « Tu t’en fous, toi, tu vas retourner là-bas et être champion, alors que nous, on va descendre. » C’était faux, j’étais à 100% avec Valenciennes et j’ai souffert de descendre avec eux. À chaque fois que je suis prêté, Saint-Étienne aujourd’hui, mais aussi Valenciennes et Troyes par le passé, je suis à 100% dans le club où je joue. C’est pour cela que ce reproche m’avait énervé et que j’avais riposté. Mais j’ai grandi, cela m’a permis d’apprendre des choses.
Une fracture entre une équipe et ses supporters, c’est la pire chose à vivre ?C’est dur, car à la base, c’est grâce aux supporters et pour eux que l’on se donne à 100% sur le terrain. Quand ils sont derrière nous, le 12e homme est aussi important que les joueurs sur le terrain ou les remplaçants. Quand la fracture intervient, c’est lourd de signification, cela veut dire que c’est quasiment la fin.
Plus amusant pour toi, le Mondial U20 2013. Tous les membres de cette génération évoquent un état d’esprit de « tueurs » dans le groupe France. Vous étiez convaincus que vous alliez le gagner ? Dans la préparation avant Mondial, on avait une détermination maximale. Cela se voyait dans tous les regards. Et on était proches, soudés, presque une famille. Après notre échec en demi-finale de l’Euro espoirs contre l’Espagne, on s’était dit qu’on devait aller à la Coupe du monde pour la gagner, pas pour sortir des poules et faire seulement un huitième. Avant la finale, Pierre Mankowski nous a dit : « Les gars, c’est une finale, c’est vrai, mais amusez-vous, jouez comme vous savez le faire. Comme vous l’avez fait depuis le début de la compétition, comme on l’a fait pendant 4 ans. » On était un groupe qui avait peu bougé en quatre ans depuis les U16. Et le coach, on s’attendait à ce qu’il soit tendu pour cette finale… Mais non, et comme nous, on était concentrés mais sereins, dans le couloir menant au terrain de la finale, on souriait… Pouvoir vivre ça, remporter une Coupe du monde avec des amis, c’est magnifique.
Chez les A, c’est le Cameroun qui te fait des appels du pied…C’est vrai, on a plusieurs fois discuté même cette saison. Des gens de la Fédération sont venus me parler. Je peux être ouvert à une sélection pour le Cameroun, je ne ferme pas de porte, mais je suis focalisé sur Saint-Étienne car ma première partie de saison était compliquée. Je devais tout donner, me concentrer avec Saint-Étienne pour cette seconde partie de saison.
Mais si Samuel Eto’o te demande personnellement de venir jouer pour les Lions, tu es obligé de dire oui ?(Rires) Je ne sais pas s’il peut aller chercher des joueurs de son propre chef, d’ailleurs il n’est pas dans le staff. J’ai déjà discuté avec Roger Milla aussi, mais ma réflexion reste la même. Concentré sur mon club.
En dehors du foot, tu es un gros fan de NBA. Tu fais comment pour suivre sans vivre la nuit ?Je regarde surtout l’émission NBA Extra à 13h sur beIN avec tous les résultats et extraits de la nuit précédente. J’ai une application NBA sur mon téléphone. Comme pour le football, je suis tout ce qu’il se passe, les transferts et tout le reste. Les seuls matchs que je regarde, ce sont ceux du dimanche à 21h. Cela m’est arrivé de regarder des matchs la nuit si je n’avais pas entraînement le lendemain, mais c’est absolument impossible si tu as entraînement ou match le lendemain. Tu risques d’être complètement K.O.
Propos recueillis par Nicolas Jucha