- C1
- 8es
- PSG-Barcelone (1-1)
Paris l’ennui ? Paris la vie !
Pour ce retour contre le FC Barcelone, Paris avait les mains dans les poches. Mais c’était suffisant pour y mettre aussi la qualif’. Pour les sensations fortes, que ce soit une seconde gifle pour le Barça ou au contraire une remontada, il faudra repasser. Mais ce ne sont pas les Parisiens qui font les lois dans ce pays où toutes les réjouissances sont actuellement confinées.
Qui sommes-nous pour prétendre savoir ce qu’il s’est passé dans les têtes parisiennes ? Quelles preuves avons-nous pour avancer que le spectre de la remontada a surgi dans leurs esprits lorsque Lionel Messi s’est présenté au point de penalty juste avant la mi-temps ? Oui, de l’extérieur, « sérénité » n’est pas le premier mot qui nous est venu au moment de voir les Parisiens tamponner leur billet. Les chafouins assureront que la nervosité de Marco Verratti ou la soufflante de Mauricio Pochettino pendant la pause sont l’aveu de la faiblesse mentale des Rouge et Bleu. Les plus raisonnables peuvent rétorquer que l’Italien a cette attitude depuis son arrivée dans la capitale et que le métier d’un entraîneur est justement de hausser le ton quand il en ressent le besoin. Certes : « Le coach nous a montré avec des petites vidéos nos moments difficiles. On a vu qu’on manquait beaucoup d’engagement dans les phases défensives », confessait Marquinhos au micro de RMC après le nul (1-1) synonyme qualification. Mais rien de tout ça n’infirme la théorie que les Parisiens avaient pour unique plan de jouer cette partie avec les mains dans les poches après s’être goinfrés au Camp Nou. Et le résultat final comme le contexte ne peuvent que leur donner raison.
Depuis le 17 mars 2020, soit bientôt un an jour pour jour, la France est appelée à se serrer la ceinture, à travailler à temps partiel et terminer ses apéros à 18 heures. Tant d’efforts à faire pour se restreindre, se contraindre pour éteindre une épidémie. Le Paris Saint-Germain, lui, a juste profité de sa dérogation pour aller faire la bamboche de l’autre côté des Pyrénées, comme pas mal de jeunes que les caméras de BFM-TV ne manquent pas de capter, avant de rentrer sagement à la maison, baisser progressivement le son du Barça voulant prolonger la folie et poser le couvre-feu sur ses espoirs de remontada. Le PSG maudit, destiné à être le paillasson de clubs historiques en quête de rédemption : voilà un concept qui doit rester celui d’un monde révolu. Et c’est une résolution que les potes de Keylor Navas ont soigneusement appliquée.
Tristesse FC
Aujourd’hui, il n’y a plus personne en tribune pour jouer le douzième homme et donc aucune raison de monter dans un ascenseur émotionnel puisque, de toute façon, les émotions telles qu’on les a connues ont déjà été oubliées. Ce soir, au Parc des Princes, il fallait s’émerveiller d’une accélération de Mbappé comme devant un épisode de Koh-Lanta, il fallait frissonner sur une intervention désespérée de Marquinhos comme au moment d’aller faire son footing dans un rayon d’un kilomètre, il fallait s’énerver sur Layvin Kurzawa comme sur une connexion défectueuse lors d’un conf-call. La vie, c’est ça maintenant, et les Parisiens l’ont très bien compris.
L’affaire était dans le sac après l’aller ? Très bien. Il n’y avait donc rien de choquant à expédier cette rencontre comme n’importe quelle rencontre de Ligue 1, surtout que notre Fred Sammaritano national n’a rien à envier à ce Lionel Messi. D’ailleurs, si ce match était si important, pourquoi Pochettino aurait aligné Julian Draxler, lui qui se cantonne aux seconds rôles depuis le dernier voyage en Catalogne ? Pourquoi le staff a choisi d’octroyer quelques jours de récupération en plus à Neymar, si ce n’est pour lui donner une chance de participer à la rencontre de dimanche contre Nantes ? Pourquoi Paredes s’est caché tout le match pour ne pas avoir de carton susceptible de le priver d’un quart de finale aller (mission ratée, pour le coup) ? Les Parisiens ont tout fait pour ne pas faire de ce match une montagne et ils l’ont passé avec la même impassibilité que Primoz Roglić dans un col du Paris-Nice. Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, dites-vous que le gouvernement croit toujours à un retour à la vie normale pour la mi-avril. Ça tombe bien : Paris jouera alors son quart de finale retour.
Par Mathieu Rollinger