- C1
- J5
- Arsenal-PSG (2-2)
Paris, le trompe-l’œil permanent
Le PSG d’Unai Emery a son destin entre les mains pour terminer premier de sa poule après son match nul(2-2) ramené de l’Emirates contre un Arsenal archi-prenable. Premier de poule, c’est bien, mais la performance collective des Parisiens laisse, malgré tout, planer un doute : que vaut vraiment cette équipe ? Personne ne le sait.
S’il y a bien une chose que l’argent du Qatar et les titres n’ont pas changé dans la capitale, c’est l’absence de logique autour du PSG. Comme à l’aller au Parc des Princes, les Parisiens ont pris un point contre Arsenal au cours d’un match qu’ils auraient, encore, dû gagner. À l’aller, la maladresse d’Edinson Cavani dans le dernier geste avait condamné les Franciliens au partage des points. Hier, dans l’enceinte anglaise, c’est la folie défensive de Krychowiak – combo relance immonde et tacle affreux dans la surface – qui a eu raison des quarante-quatre premières minutes maîtrisées du PSG, sans doute les meilleures de la saison. Prendre un but juste avant la pause quand on a autant maîtrisé les débats, c’est un peu comme passer sa soirée à emballer une fille par textos pour finalement se laisser saloper le dernier SMS par un T9 récalcitrant où un « vol » se transforme en « viol » et foutre une heure d’approche en l’air. Le tacle de l’ancien joueur de Séville ressemble à ça : une sortie de route qui change tout. Tout, car Paris avait tout bon jusque-là. Ensuite, les Parisiens ont toussé, même s’ils ont fini par ramener ce qu’ils étaient venus chercher : la première place provisoire.
On vante la charnière Marquinhos-Thiago Silva, mais, hier, le PSG encaisse encore deux buts sans concéder de véritable occasion à son adversaire. Marco Verratti est présenté comme l’avenir, mais il a sans doute sorti son match de Ligue des champions le moins abouti. Cavani a doublé George Weah dans l’histoire des buteurs parisiens sur la scène européenne, mais le Matador avait, encore, l’occasion de faire grimper ses statistiques personnelles sans sa maladresse chronique dans le dernier geste. Des temps forts mal exploités, des temps faibles souvent dévastateurs au tableau d’affichage et voilà le PSG incapable de battre un Arsenal moyen, mais présenté comme « vainqueur aux points » , en somme. Ok, pourquoi pas. Cela dit, on ne sait toujours pas où peut aller cette équipe ? Tactiquement, Emery apporte quelque chose de plus, c’est un fait. Les quarante-quatre premières minutes de l’Emirates ont validé tous les choix de l’ancien de Séville.
Plus fort collectivement avec des individualités moins fortes ?
Sauf qu’à chaque fois que l’Espagnol s’emploie en amont pour bosser comme jamais, le sort (Aurier, Rabiot) et les défaillances individuelles (Cavani, Krychowiak) lui pourrissent un peu le boulot. Moralité, le PSG fait peur sans faire peur. Surtout, la différence d’impression avec l’AS Monaco ne plaide pas en faveur des Parisiens. Là où le club de la Principauté donne l’impression d’aller plus vite, plus haut, plus fort, le PSG donne la sensation de se chercher, encore et encore. Or, un Monaco qui marche sur l’eau affiche le même nombre de points qu’un PSG poussif en Ligue 1. Sur la scène européenne, les deux équipes comptent également le même nombre de points alors que les impressions d’ensemble n’ont rien à voir. La différence se situe peut-être dans les objectifs fixés par les deux directions respectives et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. On le sait, QSI a fait de la C1 son Graal. Quand vous recrutez Ibrahimović et compagnie, l’histoire a un sens. Cet été, en pariant sur un tacticien aux trois coupes d’Europe de rang, Paris semblait faire un saut qualitatif et avancer dans sa (con)quête. Sauf que dans le même temps, Ibra et ses cinquante buts sont partis, et le mercato peine encore à trouver une logique sportive et financière. Krychowiak a ruiné la seule mi-temps qu’il a commencée depuis un mois sur une relance hasardeuse, Jesé compte les minutes comme les vaches les trains, Ben Arfa tente de comprendre ce qui arrive à son football et Meunier joue, car Aurier s’est retrouvé IDS à l’Emirates. Ce quatuor a coûté près de 70 millions au club de la capitale pour prendre, souvent, place sur le banc. Ce qui donne l’étrange sensation que les Parisiens ont un banc de touche plus compétitif que l’an dernier. Un trompe-l’œil fantastique, puisque dans le même temps, le onze de départ s’est appauvri. Un collectif plus fort malgré des individualités moins dominantes ? C’est un peu ça. Finalement, cette équipe est-elle taillée pour faire mieux que les précédentes ? Sur le papier, non. Jamais de la vie. Maintenant, la chance au tirage au sort et le temps vont œuvrer d’ici février et peuvent permettre à cette équipe insondable de réaliser quelque chose de grand. Après tout, à force de ne plus rien attendre du PSG, on va finir par vraiment être surpris. Hier, ce fut le cas. Jusqu’à la 44e minute…
Par Mathieu Faure