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Paris, le nouveau modèle économique ?
Quand le Paris-SG, nouvelle force de frappe financière depuis l'arrivée de QSI, rencontre l'OL, ancienne place forte économique du championnat de France, on a bien peur d'assister à un basculement du système. Et la prochaine arrivée à maturité de l'AS Monaco n'aide pas les choses. Aujourd'hui, le pognon reste le nerf de la guerre. En Ligue 1 plus qu'ailleurs.
« L’argent n’a pas d’odeur mais la femme a du flair » aimait balancer en rythme le meilleur duo d’attaquants des années 90 : Calbo et Lino. Y’a pas à dire, Arsenik avait vu juste. Le pognon, ça aide vachement dans la vie. Ce n’est pas le Paris-SG qui dira le contraire, lui qui, depuis l’arrivée du Qatar dans sa vie fait la pluie et le beau temps sur le marché des transferts. Hasard ou pas, c’est à Lyon que ce nouveau PSG peut aller chercher son premier titre de champion de France depuis 19 ans. L’OL, le modèle économique par excellence des années 2000. Un club qui a tutoyé la France pendant un septennat. Une institution saine et prospère. Même une machine à cash avant de partir dans le n’importe quoi. On se souvient encore d’un mercato 2009 où l’arrivée de Claude Puel engendre un mercato d’été facturant 72 millions d’euros (Lisandro, Bastos, Gomis, Cissokho, etc.). L’OL, c’était ça lors de sa chute. Un club qui a fini par faire comme tout le monde : acheter cher. Pourtant, avant, les Lyonnais s’étaient spécialisés dans la « plus-value ». A Lyon, on savait surtout bien revendre (Essien, Diarra, Tiago, Lloris, Abidal, Malouda). Il n’y a pas si longtemps, c’était Jean-Michel Aulas qui donnait le tempo du marché français. Un temps où les pépites du centre de formation de l’OL se vendaient à un très bon prix (Benzema, Ben Arfa, Rémy, Clément, Mounier).
Ça, le PSG, ne sait pas le faire. Pas encore. Pour le moment, le club de la capitale s’amuse surtout à braquer les championnats en délicatesse financière. L’heureux élu s’appelle la Serie A. Un championnat dans lequel toute la colonne vertébrale de l’équipe s’est forgée : Sirigu, Silva, Motta, Menez, Lavezzi, Pastore, Ibra et Verratti. Peu importe le prix ou le salaire, le PSG s’aligne. Le club paie cash et souvent avec des bonus. De l’extérieur, on avance que les Parisiens surpayent tout. C’est le lot des nouveaux riches. Sauf qu’aujourd’hui, le club galère pour donner une place à ses joueurs du cru. Chantôme et Sakho sont toujours là mais la relève se fait attendre. Concrètement, c’est quoi la nouvelle stratégie du PSG ? Un budget transfert sans limite. Des salaires astronomiques. Une marque que l’on veut développer sur les cinq continents, un marketing agressif et un lissage à l’extrême de l’image du club. Quitte à la rendre universelle et sans relief. Pas de personnalisation possible. Il faut que le petit Chinois, Arabe ou Sud-Américain se reconnaisse dans le club et ce qu’il dégage. Terminé l’image du titi parisien fan de son métro et de ses Buttes-Chaumont. Le PSG, c’est uniquement des symboles : la tour Eiffel, Zlatan, Germain le Lynx et les sponsors. Le reste, appartient au passé. Là où l’OL s’était donné toutes les peines du monde à d’abord devenir crédible sur la scène nationale avant de s’émanciper en Europe, le PSG a vraisemblablement fait l’inverse. Un choix osé. Surtout lorsque l’on n’est pas encore champion de France à trois journées de la fin, et alors qu’on a dépensé 150 millions d’euros sur le marché des transferts.
Monaco pour calmer le jeu
Alors oui, le PSG s’ennuie. Financièrement, il n’a pas de concurrence sur le territoire et ça sent. L’OM compte ses sous, l’OL se cherche un nouveau modèle économique, Lille et Saint-Etienne apprennent trop doucement. Bref, le club de QSI est seul. Trop seul. C’est pourquoi la remontée de l’AS Monaco peut amener une nouvelle émulation. Un stimulant. Les deux nouveaux riches pourront ainsi jouer des coudes et se tirer la bourre, financièrement parlant. L’ASM avec ses avantages fiscaux et la fortune de son patron russe. Le PSG avec ses armes actuelles. Tu achètes Falcao ? Ok, je note. Je relance avec un Cavani. A force d’être le seul à sortir sa carte bleue, le PSG s’est mis une sacrée pression. L’arrivée de Monaco devrait au moins permettre de partager les emmerdes et les reproches.
Cette fièvre acheteuse doit surtout s’accompagner d’un fil rouge local. Une assise sur laquelle poser son cul doré. Consolider les bases, c’est le minimum. L’OL avait compris ce fonctionnement avant tout le monde. Dans les années 2000, le modèle lyonnais n’avait pas d’équivalent. Une tête exécutive forte. Un conseiller du Président visible. Une hiérarchie évidente et, surtout, un seul patron : Jean-Michel Aulas. C’est son club, son pognon. Aujourd’hui, qui gère le PSG ? Le Qatar, Nasser, Leonardo ou Carlo Ancelotti ? Personne ne le sait. A moins que le big boss ne soit la monnaie… Un patron qui serait capable de ramener un Cristiano Ronaldo dans la capitale moyennant 94 millions d’euros. Une légère flatulence pour le Qatar. En tout cas, avant de (re)sortir la planche à billets, les Parisiens ont de nombreux dossiers sur le feu : le titre de champion, déjà. Le devenir d’Ancelotti, ensuite. L’OL n’a plus ce genre de problèmes. Après tout, avec ses conneries annuelles, Leonardo a bien réussi à faire passer Jean-Michel Aulas pour un dirigeant presque normal. Le con.
Par Mathieu Faure