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Paris, le moment de vraiment rêver plus grand
Habitué à claquer des guibolles lors des matchs décisifs, le PSG a une occasion unique, presque inespérée, de se qualifier ce mardi pour la première finale de Ligue des champions de son histoire. Entre Paris et la gloire se dresse le RB Leipzig de Julian Nagelsmann qui a tout d’un adversaire piège : inférieur sur le papier, ambitieux dans les idées. Le faux pas est évidemment interdit.
« On ne parle pas de choses historiques. C’est une demi-finale, on est là pour gagner. Pas pour un moment historique. » Thomas Tuchel avait beau dédramatiser lundi en conférence de presse, on sait, autour du Paris Saint-Germain, que ce mardi d’août restera quoi qu’il arrive dans l’histoire du club.
L’histoire, il y a celle qui est déjà écrite : les Rouge et Bleu s’apprêtent à disputer, contre Leipzig, leur deuxième demi-finale de C1 en un demi-siècle d’existence, vingt-cinq ans déjà après la dernière (un aller-retour expédié par l’AC Milan : 0-1, 0-2). Mais il y a surtout celle qu’il reste à gratter : en cas de victoire, ce fameux mardi d’août peut devenir le jour où le PSG s’est, enfin, qualifié pour la première fois pour une finale de Ligue des champions. Dans une Ligue des champions au format expédié et covidé certes, mais en finale quand même.
Et, à tous les avertissements au sujet de la pétillante équipe de Leipzig, on ne peut s’empêcher d’opposer que Paris n’a jamais eu route aussi dégagée dans sa conquête de la coupe aux grandes oreilles. Entre le PSG qatari et son ambition originelle ne se dressent « que » des Saxons 3es de Bundesliga, équipe inférieure sur le papier. Autant dire que Paris a beau avoir brisé le plafond de verre qui l’empêchait d’accéder aux demies depuis huit ans, une sortie de route à ce stade, contre cet adversaire, les renverrait illico à leur image de losers de l’Europe.
Tout à perdre
Évidemment, Paris sait, depuis le temps, que prendre un rendez-vous de C1 à la légère peut être dévastateur. Il n’en est évidemment pas question. Dans les têtes des supporters, et sans doute aussi des joueurs, bourdonnent encore les retentissants échecs de Manchester (les deux), de Madrid, de Barcelone, de Chelsea. L’enjeu de ce match pour le Paris Saint-Germain est immense : briser le cycle infernal de malédictions européennes dans lequel il est empêtré, prouver qu’il a les armes et le mental pour accrocher cette finale, montrer enfin que, quand il est supérieur sur le papier, Paris sait aussi gagner. Dans cette optique, il y a fort à croire que les deux qualifications arrachées contre Dortmund et l’Atalanta portent autant de signes positifs que négatifs : d’un côté, Paris est allé chercher ces triomphes à l’arrachée, dans des positions inconfortables ; de l’autre, il a failli trébucher à chaque fois, et eu toutes les peines du monde à se défaire d’adversaires à sa portée.
Contre Leipzig, le même schéma se reproduira sans doute : Paris est supérieur, Paris est attendu, donc Paris a tout à craindre. Les Allemands, eux, avec leur effectif bâti autour de jeunes talents (Upamecano, Laimer, Nkunku, Olmo) menés à la baguette par un chef d’orchestre surdoué, Julian Nagelsmann, arrivent dans une position qui colle à ce qu’ils montrent sur le terrain : celle d’une équipe insouciante, jeune, qui a le droit d’être ambitieuse sans craindre, en ce qu’elle a déjà surpassé toutes ses espérances (avant cette saison, Leipzig n’était jamais sorti des poules en C1, pour une seule participation). En gros : Leipzig a tout à gagner, Paris tout à perdre.
Alors, comme toujours avec ce PSG, on cherche à s’accrocher à des espoirs qu’on pense solides, pour finalement être toujours rattrapé par l’imprévisibilité de cette équipe. On peut se dire que les retours de Mbappé et Di María feront un Paris trop dur à battre pour Leipzig, et ce, malgré les absences de Navas, Gueye et Verratti. On peut constater que jamais, depuis le rachat du club par les Qataris, le groupe parisien n’a semblé aussi bien vivre, comme le veut le dicton. Que les grands sourires sur les visages, l’union apparente autour de Thomas Tuchel et l’épanouissement encore jamais vu de Neymar sauront être ces ingrédients qui ont manqué toutes ces années. On peut estimer, avec un brin d’arrogance, que Tuchel ne laissera pas un gamin de 33 ans à qui il a filé son premier boulot dans le football l’éjecter de la C1 par la petite porte. On en viendra toujours à la même conclusion : Paris est capable du meilleur comme du pire. On peut aussi être sûr d’une chose : face à une équipe de Leipzig brillante, terriblement séduisante, métamorphe tactiquement et qui joue au football pour séduire les foules, l’on devrait assister à un sacré match de football. Un match qui sera forcément marqué par une petite maxime : Red Bull donne des ailes. Reste à espérer que celles-là seront pour le PSG.
Par Alexandre Aflalo