- Ligue 1
- J23
- Lille-PSG (1-5)
Paris, le lac du cynisme
À Lille, Paris a fait ce qu’il sait faire de mieux : punir. Une démonstration d’efficacité dans les deux surfaces qui est la marque de fabrique de l’actuel leader de Ligue 1 et des équipes du haut niveau européen. Cette peau fixée au corps de ce PSG-là pose une question : finalement, pourquoi s’acharner à vouloir un PSG différent ?
C’est depuis le parking du stade Pierre-Mauroy que les ultras du Collectif Ultras Paris ont suivi la première période de ce Lille-PSG. « Notre patience a des limites », affichait même la banderole des fans parisiens. Il faut croire que le message adressé au leader de Ligue 1 a été reçu cinq sur cinq. Paris est venu à Lille et a balayé le champion de France en titre en ne lui laissant rien passer d’abord, puis en déroulant ensuite. Une bonne copie qui a forcément ravi Presnel Kimpembe, qui a débloqué son compteur en Ligue 1, au micro de Prime Video après la rencontre : « Nous savons que nous enchaînions un petit peu les contre-performances et que c’était une grosse affiche aujourd’hui. C’était important pour nous de faire un gros match, avec la manière et beaucoup de buts, donc nous sommes tous très contents. » Que dire d’autre après ça.
Full Létal Jacket
Une réaction d’ego ? Le début de quelque chose ? Il ne faut pas se tromper : face à Lille, Paris n’a eu qu’à punir les errances grossières de la formation de Jocelyn Gourvennec pour s’installer dans un fauteuil et se rendre la partie facile. Les deux premiers pions parisiens sont directement liés aux gants en peau de pêche d’Ivo Grbić, le troisième à une relance suicidaire de Sven Botman plein axe qui a profité ensuite à Léo Messi. Résumer la performance parisienne à seulement bien manier le fouet est néanmoins une erreur : en seconde période, on a vu Paris gérer, ne pas s’affoler, continuer à planter, mettre Messi dans de bonnes dispositions et surtout montrer une sérénité et une pléiade de qualités qu’il tardait de revoir. Mais le fait est que les carottes étaient déjà cuites.
Finalement, Paris s’est montré sous un visage un poil plus abouti que les dernières semaines. Toujours dans ce style de ne rien laisser passer et d’être efficace dans les deux surfaces. Jocelyn Gourvennec constatait les dégâts en conférence de presse d’après-match : « On fait des erreurs grossières qui mettent Paris dans un scénario très favorable. On est battus sur le talent des Parisiens et de leurs joueurs offensifs. (…) Contre Paris, il ne faut rien donner. Il ne faut pas faire d’erreurs et ne pas leur offrir d’espaces quand on attaque. Ils ont des joueurs qui restent haut, on leur a offert des espaces… » Tout ça, Gourvennec, les observateurs, les fans parisiens le savaient. Pourtant, au bout du compte, le tarif est tombé.
Le money time arrive
Après plus d’un an à la tête du Paris Saint-Germain, après six mois de compétition cette saison, il va falloir s’y faire : Paris ne sera sûrement jamais beau à voir. Mais son cynisme et son efficacité dans les deux surfaces suffisent, pour le moment, à laisser ses stars toujours en course en championnat et en C1. Interrogé à ce sujet, Pochettino ne niait pas : « Les critiques sont là et sont acceptées, même si parfois, celles-ci ne correspondent pas toujours à la réalité. (…) Je crois qu’on a fait de bons matchs, des performances correctes(par le passé). Mais je suis d’accord que par rapport à ces expectatives, on aurait pu faire mieux. Aujourd’hui, je suis satisfait de la prestation, on a été compacts, on a eu des lignes resserrées, on a pu développer notre jeu… C’est un point de départ. »
Un point de départ, les échéances à venir le diront : les réceptions de Rennes et du Real les 11 et 15 février prochains permettront d’en savoir un peu plus sur cet étrange objet qu’est le PSG version Pochettino. Chaque année depuis l’arrivée des investisseurs Qatari, le traditionnel refrain « on jugera au printemps » est de mise. Et pour ce Paris-là, la donne est claire : tant pis si le cynisme prend le dessus sur le reste.
Par Andrea Chazy, à Lille