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Paris, la marque jaune

par Mathieu Faure
Paris, la marque jaune

Nantes-Paris, 383 kilomètres sur un GPS et 4 heures de route avec péages et pause pipi. Autant dire la porte à côté. Rien d'étonnant à voir qu'entre les deux villes, les échanges ont été nombreux. Très nombreux. Parfois trop même. Malheureusement pour le beau jeu nantais, de nombreux anciens Canaris sont venus s'abîmer sur les bords de la seine.

Ceux qui n’ont pas tenu le coup

Quand on pense aux Nantais qui n’ont pas aimé les bars de la capitale, on pense en premier à Mickaël Landreau. Débarqué de Nantes avec une grosse réputation et un statut d’international A, le portier a oscillé entre le très bon (sa première saison, notamment) et le n’importe quoi (le reste du temps). On se souvient de son match à Kiev, en quart de finale de Coupe de l’UEFA, où le gardien est complètement passé à côté de sa rencontre. Jamais dans le tempo, il part de Paris en ayant perdu sa place chez les Bleus. Tout est dit. William Ayache est un peu dans le même moule. Formé à Nantes où il a tout connu (champion de France, la Coupe de France et l’or olympique avec les Bleus), le défenseur central se perd dans le onze parisien alors champion de France malgré des débuts prometteurs. Souvent blessé, il passe sa saison à l’infirmerie avant de rejoindre Marseille fin 1987, sans avoir pu faire étale de ses capacités, notamment de vitesse (recordman de Bigorre sur 80 et 150 mètres dans sa jeunesse).

La génération championne de France 95 s’est également cassé les dents au PSG. On pense particulièrement à Nicolas Ouédec. Le pauvre. Le meilleur buteur du championnat de France 1994 passe deux saisons à l’Espanyol entre son envol nantais et son crash parisien. Débarqué en pleine folie Charles Biétry, l’avant-centre se plante en beauté et peut se vanter d’être un beau chat noir : fracture du pouce lors de premier match, aucun but en championnat et fiasco du Maccabi sur les épaules (où il plante son seul but parisien). Sans surprise, il repart au bout de six mois. Pas suffisant pour reformer entièrement son duo nantais avec Patrice Loko, au PSG depuis 1995. Fan du club de la capitale depuis sa plus tendre enfance, l’attaquant réalise donc un rêve quand il est transféré au PSG lors de l’été 1995. Un été brûlant. Souffrant de bouffées délirantes, l’homme se fait interpeller par la police et sort son sexe sur la voie publique peu de temps après son arrivée. Une des journaux et malaise immédiat. Touché par un drame familial quelques mois avant mois, il va mettre énormément de temps avant de trouver sa place. Quasiment un an. Ensuite, Loko va être énorme sur une saison (1996-1997), plantant un triplé dans la gueule des Athéniens de l’AEK et un quadruplé dans la face de l’OGC Nice au Parc des Princes. Au final, son passage au PSG restera un gâchis tant le garçon avait de la folie en lui. Un peu trop, même.

Enfin, comment ne pas évoquer le triste passage de Bruno Carotti, touché par un drame familial en plein bordel du PSG de 1998. Une époque où le club allait n’importe où, n’importe comment. Son aventure parisienne, pourtant débutée avec le brassard au bras, se terminera dans la tristesse et les larmes. Moche.

Ceux pour qui ça allait trop vite

« Alioune Touré, c’est la merveille du PSG, sous les dix secondes il va passer et les J.O il va gagner héhéhé. » Voilà ce que le Parc pensait de la mobylette nantaise. Arrivé par hasard au PSG (dans le cadre du transfert d’Anelka à City), l’ancien porteur de la liquette des Canaris (1994-2001) ne marquera qu’un seul pion à Paname. Contre Nantes, justement. Trop léger pour le PSG, Touré n’aura pas laissé une grande impression dans les travées du Parc des Princes, hormis celle d’un mec qui courait très vite. La vitesse, c’est justement ce qui a manqué à Jean-Hugues Ateba. Le Camerounais arrive dans la capitale avec deux autres Canaris (Yepès et Armand) et a bien envie de s’imposer dans le onze de Vahid Halilhodžić. Sauf que non. Ni Vahid, ni Fournier, ni même Lacombe ne lui feront confiance. Jamais. Plutôt crever. Onze matchs en deux ans et au revoir Jean-Hugues. Un peu comme Dominique Casagrande qui aura dû avaler les promesses de nombreux entraîneurs successifs au PSG, puisqu’aucun ne lui filera la cage parisienne en dépit de promesses de titularisation récurrentes. Le champion de France 1995 avec le FC Nantes restera le gardien parisien qui encaissa deux buts de Gueugnon en finale de Coupe de la Ligue. Dommage. Surtout pour Cécile Siméone, la plus belle Wag que le Parc ait connu. Au final, comment ne pas évoquer le cas Vahid Halilhodžić ? Superstar à Nantes (champion, deux titres de meilleur buteur), c’est Safet Sušić qui fait le VRP pour vendre son pote au club francilien. Avec Rocheteau et Bocandé, l’embouteillage offensif est évident. Une saison de merde plus tard (neuf buts, pas de jus, rien, nada) et le Yougoslave met fin à sa carrière.

Ceux pour qui ça a plutôt bien marché, du genre « ouais, on s’est gavé »

Il y a eu trois vagues. La première, la plus belle, comprend Paul Le Guen et Antoine Kombouaré. C’est l’époque Canal Plus, Michel Denisot et compagnie. Les deux défenseurs, déjà bien en forme avec le maillot du FC Nantes, viennent copieusement garnir leur palmarès dans la capitale : champions de France, toutes les Coupes, des demi-finales de Coupe d’Europe et des éloges. Bref, les deux hommes deviennent des patrons. Ils reviendront même entraîner le club (comme Vahid et Guy Lacombe, deux anciens Nantais aussi). Mieux, ils gagneront au PSG des surnoms : Casque d’or pour le Kanak et la patate de Pencran pour le gaucher. C’est mignon.

La seconde vague ne concerne que Benoît Cauet. Le Nantais ne va s’installer qu’une seule saison au PSG, mais quelle saison ! Une finale de C2, le scalp de Liverpool et de Parme, des ballons ratissés et des tacles partout. Suffisant pour se faire remarquer par l’Inter Milan à la fin de l’été 1997. Bonhomme. Enfin, la dernière vague a ramené Mario Yepes, Sylvain Armand et, plus récemment, Claude Makelele. Trois destins différents, mais trois jolis palmarès lorsqu’il vont quitter la capitale, notamment pour Armand qui laisse le PSG dans la peau d’un champion de France. Ce qui n’est pas anodin. Un bémol sur Mario Yepes qui aurait pu être le Thiago Silva des années 2000 si le corps arbitral ne l’avait pas si sévèrement pourri sous l’ère Guy Lacombe (jurisprudence tirage de maillot). Quand Mario taclait, le Parc vibrait. Et à l’époque, ça faisait du bruit.

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